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LA COLOC

« Non mais allô !! T’as des cheveux et t’as pas de shampooing ?!! »

Effarée je suis, comme Nabila, par le minimalisme des cosmétiques de Shushu. Un savon et c’est tout.

Dimanche 9 octobre 2022

 

Ça fait un mois pile que Shushu a élu domicile chez moi. Encombrante. Nonobstant son unique savon. Pas tant par sa présence, on se croise à peine, mais par son irrépressible besoin de cuisiner à toute heure du jour et de la nuit. Comme je dors dans le salon avec la cuisine attenante, les odeurs de choucroute et de tofu fumé à minuit, je commence à en avoir ras le pompon.

Un peu sans-gêne aussi, à envahir sans vergogne et mon espace et mes placards, en enfouissant mes affaires sous les siennes. Elle a même débranché ma cave réfrigérée pour éventuellement y stocker quelques cartons…
Je lui avais pourtant bien dit que cela allait être un peu exigu mais elle m’a assuré qu’elle allait s’adapter à mon espace, quitte à laisser quelques cartons chez des amis. J’ai bien vu, le jour où je suis venue la déménager avec ma voiture, que c’était du pipeau.

C’est une artiste, elle a besoin, je cite, d’un maximum d’espace pour être en phase avec son Moi créatif, pour « respirer » et trouver l’inspiration devant son piano. Ou sa trompette. Ainsi, je me suis très vite retrouvée avec une colonne de cartons grignotant chaque jour mon espace, jusqu’à ce que je me vautre dessus, un matin où je n’étais pas bien réveillée.
Là, j’ai pris le taureau par les cornes, je lui ai fait une démonstration de Tetris, c’était rangé dans SON espace en moins d’une heure. Et j’ai rebranché ma cave à vins et mis un post-it dessus « Ceci n’est pas un box Shurgard ». Non mais.

Comment suis-je arrivée à cette brillante idée de prendre une coloc ? Bah par hasard. Disons que l’opportunité s’est présentée et en considérant d’une, la récurrence de mon découvert bancaire, et de deux, le récent fiasco de mon dernier « ménage » avec un autre être humain, je me suis dit pourquoi pas. Mais sans conviction aucune.
Bon, ça porte un nom, de faire quelque chose à contrecœur pour de l’argent hahaha mais j’ai préféré le voir comme une sorte de thérapie, pour me forcer à sortir de mon grottisme autistique, à la limite de l’asociabilité. D’une pierre, deux coups, quoi.

Bref, ça remonte à fin mai, lorsque, pour permettre d’énièmes travaux sur les évacuations par lasalle de bains de mon appartement, j’ai dû filer mes clefs à quelqu’un car je n’étais pas là ce jour là. Ce quelqu’un, c’était Shushu, ma voisine, que je connaissais vaguement au sortir de mails échangés justement sur le sujet des canalisations bouchées et des horreurs de débordements de toilettes qu’elle subissait également.

Et sur le palier, on en est venues à papoter. C’est là qu’elle m’a dit que son propriétaire reprenait l’appart et qu’elle devait avoir vidé les lieux début juillet, qu’elle allait galérer à trouver autre chose dans son budget riquiqui et qu’elle aurait souhaité ne pas changer d’adresse pour le renouvellement de son titre de séjour qu’elle attendait avec ferveur…

Et oui, Shushu n’est pas une sans-papier mais presque. Ça fait bien douze ans qu’elle est en France, au début en tant qu’étudiante au Conservatoire de Paris et depuis trois ans, en tant que salariée mais à temps partiel et en vacations longues…

Ce changement de statut Etudiant/Salarié est déjà, en soi, une tannée à gérer, bien souvent en se voyant octroyer récépissé sur récépissé, obligeant à vivre dans la précarité par tranche successive de trois mois. Alors, en plus, si l’on n’est pas travailleur essentiel à temps plein et en CDI…

Ah ça claque, comme intitulé de job « Professeur de piano & Chef d’orchestre » mais c’est nul pour les papelards !

Ajouté à cela, la pandémie qui a littéralement gelé tous les rouages de l’administration et voilà une Shushu au récépissé plus qu’expiré qui n’a pas pu rentrer dans sa famille à Taïwan depuis quatre ans ! Dans les faits, elle peut sortir de France mais elle n’est pas sûre de pouvoir y rentrer…

Est-ce cela qui m’a touchée ? Pourtant, elle n’a pas été particulièrement larmoyante et mon empathie rasant les pâquerettes ces temps-ci… Je ne sais pas trop, en fait, toujours est-il que j’y ai réfléchi et quelques jours plus tard, je lui ai envoyé un mail. J’aurais mieux fait de me casser trois jambes.

Bref, elle est venue visiter début juin, cet été elle était logée, c’était donc à prévoir pour septembre. Elle m’a dit vouloir se donner le temps de la réflexion, de voir autre chose et qu’elle reviendrait vers moi fin août.

Je me suis dit « Si tu me préviens le 29 août pour le 1er septembre, ça va être tendu », aussi, je l’ai relancée le 1er août tout en priant à m’en faire saigner les paumes qu’elle ait trouvé entretemps à se loger. J’ai même tenté de me désister :

« … pour être tout-à-fait franche, je ne suis pas sûre finalement d’être prête pour la coloc, je ne sais pas… As-tu quand même une piste pour un appart? Maintenant, je me suis proposée donc si tu n’as rien d’autre, on pourra voir… »

C’était tout vu. Ainsi, le dimanche 11 septembre 2022, après 4 allers-retours à sa résidence d’été chez des compatriotes compatissants – mais famille nombreuse donc logement impossible sur le long terme – ma Clio bourrée jusqu’au plafond de ses affaires, Shushu s’est installée dans ma chambre et j’ai migré mon lit dans le salon.

La première chose qu’elle a faite, c’est de fabriquer sa propre lessive avec des paillettes de savon sans savon qu’elle a trimballées dans un sac en papier percé dans tout l’appart… « Tu vois, c’est facile, je laisse reposer le mélange 24h, ensuite je délaye, je laisse encore 24h et après je remplis mon bidon. Ça va me faire longtemps, au moins 10 lavages, c’est très économique et écologique ! »

Mouais. 48h pour faire de la lessive… Et la prochaine fois, c’est toi qui passe la balayette.

Le plus beau dans tout ça, c’est qu’au final, ça donne un liquide caca d’oie qui schlingue, un comble pour un détergent censé sentir le propre ! Je m’en suis rendue compte le jour de sa première lessive. Comme elle devait sortir et moi pas, je lui ai proposé d’étendre son linge une fois la machine terminée. Lorsque j’ai ouvert le hublot, j’ai cru à une mauvaise blague : ça puait la punaise écrasée ! Sérieux, j’ai même regardé dans le tambour si justement il n’y avait pas une punaise qui avait mal fini…

Non, non, c’était normal. Shushu n’aime pas les odeurs artificielles ni chimiques, elle préfère les trucs naturels roulés sous les aisselles… Elle va même jusqu’à débrancher mes diffuseurs de parfum car cela l’incommode… On n’a décidément pas la même définition des odeurs dégueu.

Autant dire qu’elle m’a fait un sketch à propos du Calgon, moi :
– Oui, une tablette d’anti-calcaire à chaque lavage.
– Euh ça laisse un parfum sur le linge ? Si oui, je n’en veux pas.
– Bah t’as pas le choix, pas envie de flinguer mon lave-linge.

Devant ma mine déterminée, elle a tenté de m’attendrir « En fait, je crois que je suis allergique aux produits industriels, ça me fait de l’eczéma. »… Bien. Moi je suis allergique à l’huile essentielle de punaise écrasée. Donc, chacune sa lessive et les vaches seront bien gardées. Mais avec Calgon.

Bon, passons sa facette bobo-bohème qui porte des sarouels et qui sent le purin bio. Elle a aussi un petit côté je-sais-tout et je-veux-avoir-le-dernier mot assez désagréable. Surtout qu’elle a souvent tort.

Le coup des plantes en plastique dans la douche, impayable :
– Je croyais que c’était de vraies plantes, je me suis dit que c’était malin comme ça elles étaient
arrosées à chaque douche…
– Non, c’est pour la déco, je ne peux pas mettre de vraies plantes, y a pas de lumière.
– Je suis sûre qu’il existe des plantes qui n’ont pas besoin de lumière.
– Bah non, ça s’appelle la photosynthèse. L’unique but de toute plante sur terre.
– Quand même, je vais me renseigner.

C’est ça. Et renseigne-toi aussi sur les plantes qui aiment être arrosées au gel douche.

Et ses contradictions nombrilistes ! Elle a deux lampadaires halogènes, qu’elle préfère à mes
lampes aux ampoules basse énergie, moi :
– Tu sais que ça consomme sa race en électricité, ces trucs-là ?
– Ah bon ? Mais j’aime avoir beaucoup de lumière quand je joue.
– J’ai vu, t’as déjà viré les rideaux transparents ! Bref, j’dis ça, comme tu me parais écolo… Et pis, faudrait pas que la facture d’électricité s’emballe de trop, si tu vois ce que je veux dire.

C’est comme son vélo électrique pliable, qui en soi, est une invention du tonnerre, si ce n’est que l’électricité nécessaire à son rechargement pourrait faire clignoter la Tour Eiffel non-stop pendant trois bonnes nuits.
Et je n’ai même pas entamé le débat sur les « minerais de sang » de son smartphone et de sa tablette ! Ou de la vaisselle qu’elle fait à la main alors qu’il y a un lave-vaisselle bien plus économe en eau, ou des bains qu’elle aime bien prendre pour se détendre – le volume d’eau pour remplir la baignoire pourrait suffire à un village entier au Sahel – est-ce que j’ai fait un coucou suisse, hein ?!

C’est sûr, on a tous des contradictions à ce sujet, moi la première certainement, mais au moins j’assume et surtout, je ne fais pas mon Ayatollah du zéro plastique et du bio à tout crin ! Quand les instructions de recyclage ne sont pas claires sur un emballage, je ne vais pas faire mouliner un web server pendant une heure pour savoir dans quelle poubelle je dois jeter : je jette dans la poubelle principale, point-barre.

Et elle est aussi un chouilla j’me-la-pète avec son art contemporain, ses citations de compositeurs allemands obscurs, ses voyages à dos de yak en Mongolie, son ignorance absolue de la pop culture – connait pas Michael Jackson, non mais WTF !!! – et sa fameuse Nuit Blanche…

Tu veux voir les vidéos que j’ai faites ? (euh non mais si tu insistes) et donc : des mecs assis en rond qui tapent sur une cymbale et qui attendent dix minutes, l’air constipé, que le son s’égrène, une heure de Allumé/Eteint/Allumé/Eteint à l’Hôtel de Ville (j’faisais la même quand j’avais 7 ans avec le plafonnier de la deuche de mon père et personne ne s’extasiait pour autant), le reste j’ai zappé en prétextant une irrépressible envie d’uriner… Ça me soûle d’une force, ces branlages de
cerveau, un désintérêt total, à la limite de l’aversion, je dois dire.

Egalement très prompte au jugement à l’emporte-pièce, avec des réflexions à la con, comme :
1. T’as prévu quoi aujourd’hui ? Il fait beau, tu devrais sortir… Ah, tu vas encore glander…
2. Les boîtes plastiques, c’est pas bon pour la santé, tu ingères des particules de plastique…
3. Pourquoi tu mets les fruits et légumes dans le frigo ?
4. Le petit-déjeuner est le repas le plus important, c’est pas bien de ne pas manger.
5. Pourquoi tu ne prends pas le train lorsque tu vas en Normandie ? Le train, c’est moins polluant
que la voiture. Elle était bien contente de la trouver, Titine, pour son déménagement.
6. Pourquoi tu ne fais pas de vélo ? Il faut te motiver, c’est tout !
7. Le soir, tu es fatiguée, mais à quoi faire ? A rester assise devant l’ordi toute la journée ?…
Ce à quoi j’ai très souvent envie de répondre fibromyalgie. Et surtout j’t’emmerdite aigüe.

Lui ai pourtant bien expliqué mais elle ne comprend rien, à ma maladie, à mes allergies, et non, les lentilles qui ont cuit avec la saucisse, je ne peux pas en manger !!! Et pis merde alors, si je suis adepte du grottisme, en quoi c’est son problème ?!!

Bref, pour résumer, Shushu est une bobo-bio au verbe haut et à la conscience à deux vitesses. Dans sa bulle à œillères, bornée parfois jusqu’à l’arrogance. Mais passé ce constat, j’aime en fait assez le personnage qui est fantasque et atypique, et quel parcours ! Quelle passion chevillée à l’âme ! Chapeau. Et puis, ça me fait du bien de me confronter à la différence, c’est somme toute rafraîchissant. Et drôle.

Bon, ce que me fait moins rire en revanche, c’est quand elle cuisine en grandes pompes en rentrant le soir. Pas à 19-20 heures comme tout le monde, mais vers 23 heures, quand je suis sur le point de me coucher…

Eh oui, elle travaille l’aprem et le soir, souvent à Pétaouchnok S/Eure donc le temps de rentrer en combi train-vélo électrique… Un rythme qui semble lui aller. Elle reconnaît elle-même être un oiseau de nuit qui peut se coucher à 3-4 heures du mat pour se lever à 11 heures. Bien, j’ai envie de dire, chacun est comme il est et fait bien comme il veut.

Mais quand on vit en coloc, on se doit de respecter le rythme de l’autre, surtout s’il est à l’opposé du sien. Donc, si tu rentres à 23h30 et que ta coloc est déjà au lit, tu ne lances pas une potée au chou qui va embaumer tout l’appart et ta coloc, végétarienne de surcroît, tu te fais un truc rapide et inodore, comme une salade de tomates ou un jambon-beurre. En tout cas, tu y vas mollo avec l’ail et le Nuoc Mam fermenté dans l’autocuiseur.

« Je vais faire des oignons frits ce soir, c’est super bon, tu en voudras ? »
J’en ai pleuré. Intérieurement. Je venais en plus d’étendre mon linge qui sentait bon le propre, le vrai… Deux heures les fenêtres grandes ouvertes pour évacuer l’odeur. Et encore. Même le Fébrèze n’a rien pu y faire. Cette fois-là, je me suis endormie et réveillée la tête dans l’oignon, au sens propre du terme.

Gentille elle est, elle tient absolument à me faire à manger, peut-être qu’elle se dit que je serais moins regardante sur les odeurs de bouffe si j’en mange ? Mais moi à 23 heures, je suis en mode sommeil donc ses trucs qui sentent l’aïoli de renard, ça me lève le cœur à cette heure-là.

Elle ne parvient pas à comprendre que lorsque je rentre le soir, je n’ai la plupart du temps pas envie de cuisiner. Pour moi toute seule, je ne vois pas l’intérêt. J’ai de plus souvent bien mangé le midi, donc j’ai tendance à grignoter vite fait. Pour elle, c’est une hérésie : « Tu n’as pas envie de bien manger ? » – si, mais pas au milieu de la nuit. Surtout du chou rouge fermenté au hareng séché.

No cooking in the room ! Je comprends désormais pourquoi certains hôtels aux US refusent les clients chinois, à moins de leur interdire de cuisiner comme au bled. Faudrait que ces derniers apprennent les vertus pacificatrices du bon vieux club-sandwich, mais j’ai l’impression qu’ils s’en battent la race.

Ouais, chinois, taïwanais, c’est kif-kif. Je deviens raciste, moi. Au niveau bouffe, en tout cas. Les kiffeurs d’oignons, allez les frire chez vous bouhouhou !!!

Enfin bon, tout ça pour dire que j’ai relativisé, j’ai été patiente, compréhensive, d’une philosophie à toute épreuve. Je ne me jette pas de fleurs, vraiment, je me suis dit que c’était à moi de faire des compromis, que c’était un excellent exercice pour développer mes « social skills » et que c’était à n’en pas douter, de l’or massif pour mon blog.

Jusqu’à lundi dernier.

Je rentre du boulot, limite le nuage de fumée et cette odeur de graillon !!! Elle avait bien sûr débranché mon diffuseur désodorisant, j’étais furax. J’ai passé la soirée en doudoune les fenêtres grandes ouvertes et elle rentre au moment où je les referme pour aller me coucher. La voilà qui sort toute la batterie de cuisine et qui se met à cuisiner à grands renforts d’ail et de je-ne-veuxpas-savoir quoi qui pue plus fort que le poireau…

J’ai pris un double cacheton pour m’assommer sinon c’était elle que j’assommais.

Le lendemain soir, je rentre, rebelote. Pire : ça puait l’oignon dans la cuisine d’une force, c’était dans la poubelle dans laquelle j’avais mis un sac tout neuf le matin en partant. Là, je me suis dit : faut qu’on cause ! Pour une fois, c’est bien tombé, elle n’est pas rentrée tard. Moi :
– Te serait-il possible de bien aérer quand tu cuisines le midi parce que quand je rentre, c’est encore très fort, tes odeurs de bouffe…
– Ah mais c’est le cas ! C’est la première chose que je fais quand je me lève, à cause de l’odeur de cigarette.
– C’est surtout après, pas avant que tu cuisines, style une bonne heure, tu vois…
– Ça alors ! Les odeurs de nourriture te gênent et pas le tabac ?!!

Sautage à la gorge, je ne l’avais pas vue venir, celle-là. C’est vrai qu’elle s’en plaint depuis le premier jour. Me proposant même de lessiver les murs… Je l’avais envoyée paître gentiment et depuis, je me contorsionne pour fumer non plus en bord de fenêtre mais le torse dans le vide pour éviter que la fumée ne rentre.

Il doit y en avoir quand même un peu… Pourtant, on ne m’a jamais dit que ça sentait le tabac chez moi, dieu sait si j’aère, que je Fébrèze tout ce que je peux, bref, elle doit avoir le nez ultra-sensible. Et donc since day 1, elle dispose des ramequins de marc de café un peu partout dans l’appart pour désodoriser. Ce qui n’est pas très efficace, à mon sens, mais bon. Ah oui, Shushu mout son café (bio et éthique, of course) chaque soir, clamant que c’est bien meilleur que le café tout fait. Mais fous la paix à mes dosettes Senseo, bon sang !!! Toujours un truc à redire.

Bref. Lui ayant lâché un « Bah ouais » après sa pique sur les odeurs de tabac, j’ai contre-attaqué :
– Autre chose : les trucs qui puent comme les oignons, peux-tu les envelopper dans des petits sacs en plastique et ensuite tu mets dans la grande poubelle ? Parce que ça empeste et comme je ne sors pas la poubelle tous les jours…
– Je ne suis pas trop pour multiplier les petits sacs plastiques, ça finit dans la mer et moi je mange plein de fruits de mer donc je mange du plastique !
– Euh… ça part au brûlage…
– C’est du plastique quand même. Franchement, à quoi ça sert d’avoir une poubelle si on ne peut rien jeter dedans ?!!

Ah okay, tu la joues comme ça. Elle a dù capter que j’allais lui tomber sur le poil, elle a rétropédalé :
On pourrait acheter une plus petite poubelle ?
– Et donc plein de petits sacs…
– C’est vrai. Et si on faisait du compost ?
– WHAT ?!?!!
– Je vais me renseigner sur les composts de ville.
– Tu le mettras dans ta chambre, ton compost.
– Sinon, on peut utiliser le ventilateur pour repousser les odeurs ?
– Jusqu’où, jusqu’à mon lit ?!! Merci bien.
– Ou alors, on peut mettre un rideau pour séparer la cuisine du salon ?
– Bah non, ce serait comme de pisser dans un violon.
– Pisser dans quoi ?
– Laisse tomber.
Du compost dans un appart parisien SANS balcon. J’hallucine. Pourquoi pas chier dans une litière à chat, pendant qu’on y est, et se laver au gros sel pour économiser l’eau ?!!…

Et elle est revenue à la charge :
– Mon père m’a suggéré d’acheter un purificateur d’air, ça marcherait pour les odeurs de nourriture comme pour la cigarette, qu’en penses-tu ?
– Ça plus l’humidificateur car l’air est trop sec ici selon toi, ça fait beaucoup de machines et d’électricité pour des trucs non-essentiels, je trouve.

J’ai tenté le compromis.
– Comme tu as le temps le midi, peut-être que tu peux te préparer un plat pour le soir que tu n’auras plus qu’à réchauffer au micro-ondes ? Ça fera déjà moins d’odeurs.
– Les ondes, c’est pas bon pour la santé…
– Et la pollution de Paris, c’est bon ?!?
– Bah je choisis de ne pas en rajouter.

J’ai alors contenu au maximum la moutarde qui m’était montée au nez et coupé court.
« Bon, on ne va pas s’en sortir, on va faire comme ça : tu aères un max le midi après que tu aies cuisiné, tu laisses mon désodorisant branché et le soir quand tu rentres tard, tu évites de faire des trucs qui sentent fort, d’accord ? »

Elle a alors grommelé un semblant de « okay » et est partie dans sa chambre.

J’en ai pas dormi de la nuit. J’avais mauvaise conscience, c’est moi qui lui ai proposé cette coloc voire je l’ai relancée, je me suis trouvée intolérante, mégère, minable de ne pas être capable de cohabiter avec un autre être humain…

Dans le même temps, j’ai repensé au bonheur suprême de rentrer chez soi et de retrouver tout exactement comme on l’a laissé, bonheur de prendre une douche la porte grande ouverte, bonheur de ne pas me vautrer sur un vélo stocké dans l’entrée, bonheur de recevoir mes amis comme je l’entends, bonheur de faire ou pas ce que je veux quand je le veux sans réflexion désagréable dans les dents, bonheur SURTOUT de vivre dans un appartement exempt d’odeurs d’oignon et de
punaise écrasée.

J’ai soupesé ça toute la nuit. Et au petit matin, j’ai pris ma décision : fini, la coloc. En tout cas, avec Shushu. Bref, j’en ai parlé à mes potes de boulot, hilares comme à leur habitude, mais à l’avis tranché. Batman et Günther, notamment : « Mais fous-la dehors ! Ouste, du balai les romanos !! »

Et Jordan : « C’est une psychopathe ! Moi, je n’aurais même pas accepté le quart de ce qu’elle t’a fait ! Si tu as besoin d’aide pour la dégager, tu nous fais signe. » Nan, je ne vais pas la virer du jour au lendemain, je ne suis pas comme ça. Peut-être attendre qu’elle ait ses papiers…

J’en ai parlé à Yang bien entendu, lequel a peut-être été plus nuancé – comme Yang aime bien Shushu qu’il a aidée à déménager, v’là l’impartialité hahaha ! – mais la finalité est restée la même.

Bon, je me suis demandée Quand est-ce que je lui dis ? puis Comment je lui dis ?… Et là, j’ai trouvé la meilleure excuse du monde : le week-end qui arrivait était justement la fin du mois d’essai que j’avais fort judicieusement fixé au préalable. Ça me laissait donc un peu de temps pour trouver les bons mots et ne pas y aller en mode déballage tout en étant claire et ferme… Pas facile, comme exercice.

Bref. Hier midi, Shushu était en train de prendre son sacro-saint petit-déj, moi j’étais debout depuis des lustres à ruminer, j’ai ouvert la bouche mais aucun son n’en est sorti. Les mots que j’avais répétés dans ma tête une centaine de fois, étaient : « Bon, toi et moi, je pense que ça va pas le faire. Je te laisse le temps de te retourner mais il faut que tu cherches une autre coloc dès à présent. »
J’ai alors tourné dans l’appart comme un poulet sans tête, me traitant d’idiote, puis n’y tenant
plus, je me suis affalée à table devant elle, l’air faussement dégagé :
– Ah tu sais, ça fait un mois pile aujourd’hui que tu es ici…
– C’est vrai.
– Qu’en penses-tu ? (mouarf, quelle couarde je fais !)
– Bah je crois que ça va pas le faire. Le tabac me gêne beaucoup. Et je te dérange quand je rentre le soir avec ma cuisine, le bruit, les lumières…

Autant dire que j’ai exulté. Intérieurement. Mais VIVE LA CLOPE, bordel de merde hahaha !!! J’ai enchaîné :
– Et quand prévois-tu de partir ?
– Bah si tu peux encore supporter la situation, je pensais attendre déjà d’avoir mon récépissé car changer d’adresse en cours de procédure risque de tout remettre en question, je dirais d’ici le tout début de l’année prochaine si ça te va.
– Bien sûr. Oui, on fait ça, on attend déjà le récépissé et après on voit.

Mais ce ouf de soulagement en moi ! Oui, je vais supporter, je sais que l’échéance est proche donc ça va aller.
Et là, on s’est mises à papoter, on est tombées d’accord que ce n’était la faute de personne (voui voui voui) car mon appartement n’est vraiment pas adapté à la coloc, en tout cas à long terme. Surtout avec des habitudes de vie aussi différentes.

Et aussi le fait que, comme on ne s’est pas mises en coloc dès le début – c’est elle qui est venue dans mon appart dans lequel je lui ai fait un espace – comme j’y ai les affaires de 11 ans de vie et que je ne peux pas tout virer pour elle, bah c’est dur pour elle de se sentir chez elle car ce n’est pas vraiment le cas.

Bon, je me suis quand même demandé ce que cela aurait été si elle avait vraiment fait comme chez elle, parce que déjà…

Bref. On a ensuite évoqué les nouveaux secteurs de recherche envisageables pour elle… Ça s’est corsé. Car il lui faut les transports à côté, des espaces verts – voire une forêt (donc pas Paris intramuros), des pistes cyclables, des magasins bio, des musées et bien sûr, pour pas cher.

Le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière. Ce qu’elle a chez moi (à part mes fesses, hein). Stéphane Plaza serait là qu’il dirait qu’il faut savoir faire des concessions dans la vie, qu’on ne peut pas tout avoir.

Se rapprocher de Pétaouchnok S/Eure, quitte à aller en grande banlieue ? Impossible car c’est trop paumé pour elle, il n’y a rien, pas de culture, d’art, etc. J’ai commencé à pâlir en réalisant qu’elle n’allait peut-être pas décoller de chez moi de sitôt, avec des critères de recherche aussi difficiles à rassembler pour un si petit budget…

Et la voilà en train de sortir des cartons sa porcelaine et ses trucs déco qu’elle n’avait pas sortis jusque-là… Euh je ne comprends pas, t’es censée repartir dans pas longtemps, ça sert à rien de déballer tout ça, non ?

Allez, je vais aller mettre une tonne de cierges devant la préfecture pour qu’ils lui délivrent son récépissé fissa.

La morale de mon histoire ? S’ouvrir aux autres, leur faire une place sur ma planète, dans mon appart, dans ma vie, quelle thérapie à la con !

LE BOUT DU CHEMIN

Vendredi 24 septembre 2021 # 557 jours après

J’ai hurlé tout ce que j’avais à hurler. J’ai pleuré des hectolitres. Bu tout autant.

J’ai plongé la tête la première en enfer. Arpenté ce dernier en long, en large, pour m’en imprégner jusqu’à la moëlle dans un désespoir sans fond. Et j’en suis ressortie.

557 jours après mes premiers pas sur ce chemin de croix, je regarde en arrière et je constate la distance parcourue, si grande que je ne vois même plus mon point de départ. Je regarde devant et je me dis qu’il reste encore tellement à marcher.

Mais il est temps de faire une pause.

Infuser tout ce qu’il m’est arrivé, tout ce que j’ai découvert. Repartir neuve et forte. Forte de qui je suis, ombres et lumières mêlées, de ce que j’assume aujourd’hui sans coup de poignard dans le cœur, de ce dont mes rêves se remplissent nuit après nuit, de ce qui gonfle mon âme comme un ballon d’hélium en la faisant s’élever vers des cieux resplendissants sans que ce dieu sans nom y ait quelque chose à redire.

Quoiqu’il arrive, je suis fière d’avoir tenu la promesse que j’ai faite à ma mère de lui survivre, de vivre, d’être moi.

Envie de me concentrer sur mon bouquin. De faire abstraction de la réalité et de m’ébrouer avec délice dans la fiction. Je reviendrai certainement pour le récit de nouvelles aventures – et maintenant je ressemble à Bilbo The Hobbit – mais pour l’heure, j’éteins la radio.

Je vais peut-être en attendant passer la plume à quelques guests, comme une sorte de spin-off, ce qui, ma foi, m’enchante. Les mots sont faits pour être dits. Peu importe par qui.

Bichette signing off.

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THE END

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PUNK A CHIEN ou CHIEN A PUNK ?

« Les garçons, je vous présente la nouvelle femme de notre vie : elle s’appelle Jude, 4 mois, et elle est super gentille ! »

Bradley au téléphone avec ses enfants jeudi soir. Et moi qui me suis dit, sarcastique, que je n’avais pas eu les mêmes honneurs de présentation. Puis moi qui très vite ai flippé pour mon parquet, mes chaussons, ma banquette, ma voiture…

Lundi 6 septembre 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+47

« Je suis désolé de t’imposer ça, je sais que cela ne doit pas être facile pour toi… Mais j’en avais trop envie ! »

Un peu tard pour les excuses, non ? Bref, t’as de la chance que j’aime tout ce qui a des papattes, une truffe et une queue. Même le Monk en moi l’a mise en sourdine ! Je déplore tout de même un coin de banc rogné, une tong chiquée, de la bave sur la porte-miroir du four, deux gros pipis sur le tapis de l’entrée, un Raymond sauvé in extremis, trois vomis dans la Clio, des poils auburn jusque dans le frigo et une pointe de jalousie de ma part lorsque Bradley s’adresse à elle mieux qu’à moi !

Bref, il est gaga et moi aussi. Je me suis faite avoir de plein gré. Comme avec son maître finalement. Sauf qu’elle est plus mimi que ce dernier. Bon, adieu la propreté clinique de l’appart-témoin mais tant pis, cette boule d’amour me fait fondre. Pas au point d’en prendre une à moi, ou peut-être parce que si justement, je ne vais pas faire subir à une bête le calvaire de rester seule toute la journée dans un appart exigu sans balcon.

Au début, Bradley disait Papa et Bichette pour nous désigner à Jude, aujourd’hui il dit Papa et Maman… C’est mortellement cucul mais le connaissant, cela a une véritable signification pour lui. On a même fait samedi une journée dixit Bradley ‘en famille’ : on est allés à Fécamp pour faire découvrir la mer à Jude… Un vrai petit couple à chienchien sur la croisette !

Qui l’eut cru ?!

Mardi 7 septembre 2021 # 1 AN APRES

J’aurais pu passer la nuit entière à pleurer toutes les larmes de mon corps si ma double dose de somnifère n’avait pas fait le job scrupuleusement et si la douceur inattendue de Bradley face à mes larmes ne m’avait quelque peu apaisée.

1 an date à date.

J’ai l’impression qu’elle est toujours là, je l’entends me dire « Ma Bichette », m’attendant à la voir dans l’encadrure de la porte. Elle me manque terriblement. Peut-être même plus aujourd’hui où je revis cette journée du 7 septembre 2020 lorsque Toto m’a appelée pour me donner, des sanglots plein la voix, la terrible nouvelle.

A vrai dire, ça fait presqu’une semaine que je redoute la journée d’aujourd’hui, avec comme un compte à rebours dans les entrailles de mon âme. Là, je suis au bureau, blindée jusqu’au museau de taf, ce qui me permet de ne pas trop penser. Mais dès que l’on me demande si je vais bien, je me mords les lèvres pour ne pas fondre en larmes.

Bref. Le week-end prochain, je vais au cimetière avec Toto. J’ai l’impression que les vannes de pleurs sont loin d’être fermées. Je suis contente de ne pas m’être sevrée de la paroxétine trop vite.

MAYDAY ! MAYDAY !

« Laisse-toi un peu de temps, un sevrage n’est jamais immédiat… »

L’excellent conseil de Yang hier midi au sortir de notre entrevue ‘BFF emergency’ faisant suite à ma requête désespérée du matin. Je n’étais vraiment pas encline, sur le moment, à suivre ce dernier tellement j’étais dans le mal. Mais Bradley hier soir m’ayant, à sa façon c’est-à-dire en mode instructeur-commando, fait la même recommandation (ou injonction ?), cela a fini par faire son chemin dans ma tête.

 

Mercredi 1er septembre 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+42

Depuis samedi dernier, je ne prends plus que 10 mg de paroxétine, soit la moitié de ce que je prends depuis novembre dernier. En effet, ma doctoresse m’a vivement incitée vendredi à commencer mon sevrage de ce qui ne saurait être une béquille à vie.

Pourquoi j’ai commencé, au fait ? Ah oui, mon TPB qui m’a explosé en plein museau, clôturant ainsi de façon magistrale si je puis dire, la période jonchée d’enfers dans laquelle je me suis noyée. Mes quatre ans de prison, le chômage, la maladie de ma mère puis son décès, je suis arrivée en bout de course avec seulement deux options : le flingue ou la bouée.

J’ai choisi la bouée. Sous forme de cachets. Je savais parfaitement que cela ne traiterait pas le fond mais cela m’aura au moins permise d’éviter l’autre option. La thérapie, bah j’ai botté en touche car pas de budget-psy avec mon maigre RSA de l’époque. Donc, pour imager, j’ai couardement caché ma poussière sous le tapis. Mais…

La paroxétine a eu un effet-miracle sur moi alors que demander de plus ? La douleur qui me grignotait de l’intérieur a disparu et je suis parvenue à me retrouver après toutes ces épreuves qui, sans victimisation de ma part, en auraient laissé plus d’un sur le carreau.

Cette molécule a parfaitement fait le job en calmant le loup en moi. Je ne suis pas devenue pour autant détachée, indifférente en mode zombie, au contraire, je trouve que j’ai retrouvé une belle patate à ce moment-là, non c’est simplement que les choses – négatives – n’ont plus eu prise sur moi, ancrant solidement et durablement mon for intérieur dans une douce quiétude.

Qu’est-ce que j’étais bien ! Plus de vacarme dans ma tête, plus d’ouragans, plus d’angoisses insondables ni de nœuds inextricables, plus de gangrène des mots et des pensées, plus d’envies d’annihilation… Au contraire, je me suis sentie vivre et revivre, en conscience pleine et claire de tout mon être, j’étais enfin bien, enfin moi.

Jusqu’à il y a deux jours.

Ça s’est abattu sur moi comme une nuée de sauterelles affamées, me bouffant littéralement sur pied en l’espace de quelques heures. Je n’ai pas compris tout de suite, j’ai mis ça sur le dos de Bradley et de notre troisième prise de gueule depuis son retour, et je me suis dit que cela passerait comme toutes les fois précédentes.

Mais non, c’est monté en puissance. Quand je suis arrivée au boulot, Cameron et Bedelia se sont tout de suite inquiétées de ma mine de traviole. Là, ça a commencé à me mettre la puce à l’oreille. Et c’est en en parlant avec Yang hier midi que j’ai tilté. Et hier soir en l’expliquant à Bradley.

–  Tu comprends pourquoi c’est compliqué pour moi de me projeter avec toi ? J’aimerais savoir dans quoi je m’embarque car je n’ai pas le temps de perdre mon temps.

–  Je ne sais pas moi-même. Le TPB est une maladie incurable, dont je peux éventuellement atténuer les symptômes avec un combi médocs-thérapie mais sois sûr que j’en souffrirai toute ma vie. Ainsi, je peux comprendre tes réticences à t’engager avec une malade mentale, y a tes enfants, tout ça, donc je ne te jetterai pas la pierre si tu renonces.

–  Tu sais que j’étais à deux doigts ce matin de te rendre tes clefs et de me barrer ?

–  Qu’est-ce qui t’a retenu ?

–  CONNASSE, PARCE QUE JE T’AIME, BORDEL DE MERDE !!!!!

Et de conclure quelques instants plus tard sur un ton suave depuis bien longtemps oublié : « On va s’en sortir. Tous les deux. »

Alors ce matin, devant mon pilulier, j’ai coupé la poire en deux : 13mg de paroxétine. Ce qui veut dire une pente de sevrage moins abrupte. Et une accalmie, toute relative mais néanmoins bienfaisante, en moi.

LE RETOUR DE DARTH B.

« Je peux faire une lessive ? »

Texto de Bradley hier à 17.26, soit sitôt rentré de ses vacances dans le Sud. Petit rire désabusé de ma part. Le même lorsqu’avant-hier il m’a demandé si je pouvais garder ses enfants ce soir parce qu’il a une soirée… On est dans l’absurde ou bien ?!!

 

Jeudi 26 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+36

Je me suis bien reposée le week-end dernier. Je me suis ‘réparée’ en quelque sorte. J’ai fait un grand ménage à la Monk dimanche, un peu de home-staging pour le renouveau et hop j’étais flambante neuve pour ma reprise lundi matin.

J’ai retrouvé Cameron et Bedelia, mon ordi et ses quinze milliards de mails à traiter si Cameron n’avait pas déjà fait un pré-tri. J’ai bien mis trois jours pour m’en sortir et là, je goûte de nouveau aux joies, relatives, de la dilettante.

Bon, Shannon est aux abonnés absents même si elle ‘télétravaille’ de mauvais gré si j’en juge par la tonalité revêche de ses mails. Et toujours autant à côté de la plaque. Je crois qu’elle n’habite pas la même planète. J’imagine qu’elle revient au bureau lundi prochain, l’ambiance est déjà délétère, je crains le pire.

Bon, j’attends la fiche de paie d’août. Si elle ne fait mention d’aucune prime, j’irai voir Boss n°1 car j’ai compris la leçon : mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints. Alors, ce n’est pas tant de l’argent que je souhaite mais quelques jours de compensation à poser quand je veux. Et là, en l’occurrence, je sais quand les poser : le vendredi 17 septembre déjà.

Pour faire un grand week-end : je pars avec Bedelia au Normandy Beach. Bedelia que je n’ai même pas eu besoin de convertir aux délices de la pêche aux coques car déjà adepte ! On a décidé ça autour d’un Sex On The Beach en terrasse avant-hier. Faut que j’appelle Joan, qu’on se fasse un vrai week-end de meufs !

Et ça aussi, j’ai décidé de le garder dans mon jardin secret. Ce qui a mis le feu aux poudres hier soir avec Bradley. J’ai coupé court aux ergotages habituels qui commençaient à monter en graine en lui sortant pratiquement mot pour mot le petit speech que j’avais prévu et d’enchaîner sur « Non, ça aussi, je le garde pour moi. » en réponse à son « Tu pars en week-end ? Où et avec qui ? »

Que n’avais-je pas fait là !

–  Tu me mitonnes, tu ne dis pas la vérité, rien n’est simple avec toi !

–  Est-ce que ça t’intéresse vraiment de savoir ?

–  Ça fait sept fois que je te dis oui ! Tu cherches constamment à être rassurée, toujours en demande et…

–  Arrête de me faire passer pour la midinette que je ne suis pas ! J’ai juste décidé de faire ma life sans compte à te rendre. Maintenant, si cela te blesse et te fait te sentir délaissé, je veux bien reconsidérer l’affaire. Mais si c’est juste de l’orgueil de mâle, bah va te faire voir !

–  Bon, écoute, ça ne fonctionne pas nous deux, on ne se comprend pas, on n’est plus dans le partage… 

Je ne pourrais dire si cela m’a fait un pincement au cœur ou si j’étais soulagée. Les deux, je crois. Bref, je n’ai pas renchéri, je me suis resservi du rosé, j’ai fumé une cigarette, pensive… Puis, j’ai foncé dans le tas : « Parfois, je te déteste tellement que ça me donne des envies de meurtre ! Bon, en même temps je t’aime… MAIS TU ME SOÛLES GRAVE !!! »

J’ai vu alors son regard s’illuminer, comme un gosse le matin de Noël. J’avoue, cela m’a déstabilisée. Du coup, je ne savais pas trop à quoi m’attendre… Et soudain, il s’est mis à hurler : « MOI AUSSI TU M’EMMERDES !!! MAIS JE T’AIME AUSSI !!! TU VOIS, C’EST ÇA, L’AMOUR !!! »

Là-dessus, il m’a attrapé le visage et m’a embrassée fougueusement ! Bah merde alors… L’art de cacher la poussière sous le tapis. Ça me va.

 

15.38 Changement (est-ce surprenant ?) dans le planning de Bradley : son Dodge n’est toujours pas réparé donc il ne peut pas retourner dans sa maison dans la prairie comme prévu dimanche soir après avoir déposé ses enfants chez son ex-femme. Et comme il n’a pas envie de, je cite, remettre des kilomètres en plus dans la tronche de ma Clio, bah il est ‘bloqué’ à Paris jusqu’à mi-septembre…

Autant dire qu’il est furax. Et moi, j’ai le cul entre deux, contente et ennuyée à la fois. Ses changements de plan intempestifs bouleversent les miens, encore une fois, mais chat échaudé craint l’eau : je vais maintenir le cap. Le mien.

Bon, tiens, je vais aller voir Malcolm pour qu’il me refasse une sérologie, histoire de voir si je recrache bien des IgM…

LA CROISIERE M’AMUSE

« Bon je crois que ce sera mon dernier message car j’en ai marre de te courir après deux fois par jour. Je ne sais pas combien de temps tu vas bouder, je ne comprends pas pourquoi tu boudes déjà, mais j’en ai marre de parler à ton répondeur. Moi, je te donne de mes nouvelles : on va probablement rentrer plus tôt que prévu, soit le 23, le 24 ou le 25 août, je voulais te prévenir. Donc, tu as mon numéro, prends soin de toi, ciao ! »

Bah si tu sais pas… nous voilà dans une autre impasse.

 

Vendredi 20 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+30

Je suis rentrée hier dans la journée. Pas allée chez Toto finalement, ce qui arrangeait ce dernier en plein dans ses travaux de terrassement. Je voulais rester au Normandy Beach. Et si je n’avais eu la voiture à rendre aujourd’hui, j’y serais restée jusqu’à dimanche.

J’ai passé une semaine, même si trop courte, FANTASTIQUE ! J’ai fait tout ce que j’aime, heureuse de toute mon âme. J’ai totalement déconnecté. De Paris, du taf, de Bradley.

La journée sur la plage, les pieds dans l’eau à ramasser des coques en chantant à tue-tête, à parler avec plein de gens qui venaient me demander ce que je pêchais et comment je comptais le cuisiner, à jouer avec Hiko, un loup ! qui s’est avéré être un excellent dénicheur de coques à creuser comme un fou dans le sable, à regarder la mer changer de couleur sous les nuages, prenant cette teinte de jade qui m’émerveille tant…

   

Et le soir avec Miles, Joan et Sarah-Jane que j’ai co-voiturée en venant ici, apéro à la Leffe Rituel et au Pimm’s en décortiquant les vingt kilos de coques que j’avais ramenées pour en faire des pickles, en riant et en bavassant jusqu’à point d’heure en full english please ! Pas un soir je ne me suis couchée droite mais peu importe, personne n’était là pour me faire la morale.

Mercredi, Miles and Sarah-Jane sont partis pour les 24H du Mans. C’est là que j’ai décidé de rester un peu plus longtemps, notamment pour aider Joan restée à s’occuper de quelques guests aventureux. Le soir venu, elle a toqué à ma porte :

–  Would you care to have a little walk with me and see where it shall lead us?

–  Hell yeah I’m in!

Je n’aurais jamais imaginé que cette petite balade improvisée m’aurait menée à cette soirée extraordinaire qui fût l’illustration parfaite de ce que je suis, de ce qui me fait vibrer au plus profond… L’épiphanie de ma vie. Un moment sacré, hors du temps, de la magie à l’état pur.

Voici l’histoire.

Ainsi, nous voilà parties, Joan et moi, downtown Arromanches. Rien à signaler, si ce n’est les quelques brindezingues qui avancent dans l’eau en grelotant. On a beau être au mois d’août, la température extérieure n’excède pas les 15°, alors dans l’eau… Trust me, I know.

Non, décidément pas tentées par une baignade crépusculaire, nous préférons nous diriger vers le pub. Oui, le même pub où je suis allée avec Bradley il y a presque un an. Là où j’ai eu de mauvaises vibrations. Bon, comme quoi, je ne suis pas rancunière.

–  Hey Joan, let’s have a pint!

–  But we still have some Pimm’s to drink up back home!

–  Sure, after dinner. Now it’s apero-time!

On s’installe en terrasse et on commence à papoter comme deux vieilles pies de pub. J’adore vraiment Joan. On s’entend très bien, on parle de tout, elle picole autant que moi, bref, une chouette ladies’ night se profile.

A la table d’à-côté s’installent alors trois grands gaillards. Des motards, à en juger par leur équipement. Des Français, à les entendre s’adresser au tôlier : « Connaissez-vous un endroit pas cher pour passer la nuit ? On a apporté nos duvets pour dormir sur la plage au cas où mais bon… »

Je prête l’oreille… Pratiquement tous les établissements d’Arromanches y passent sauf le Normandy Beach ! Remontée comme un coucou, je me penche vers Joan :

–  These three guys are looking for a place to sleep tonight and this dimwit of a bartender said nothing about you! Do you want to take them in? How much for the big room?

–  Yes! Make it 115 euros.

Je m’exécute. Je suis accueillie comme le messie. Ils ont l’air ravis et acceptent bien volontiers. On se met alors à discuter avec eux en finissant nos bières avant de check-in au Normandy Beach.

Il s’agit de Jerry, Rudy et Keith de Pont-Audemer dans l’Eure. Trois amis musiciens à leurs heures qui sont partis ce matin en moto pour rallier d’ici le week-end le Mont Saint-Michel en passant par les petites routes car l’un est en Vespa… Une sorte de road-trip de potes. Leur brin de folie m’enchante. Si je m’écoutais, je partirais bien avec eux…

Ensuite, une fois les gars installés au Normandy Beach, on prend tous une bière dans la cour. Jerry, le plus extraverti des trois, mène grande conversation avec Joan : « Tu vois, on s’est dit on part comme ça, on mangera et on dormira comme on peut, l’important c’est le voyage en lui-même et les rencontres que l’on fait. Et paf, on s’est rencontrés ! C’est fou ! »

Je vois que tout en parlant avec Joan, il signe à l’intention de Rudy lequel effectivement est malentendant bien qu’appareillé. Chouette, je vais peut-être pouvoir améliorer mon signe qui se limite aujourd’hui à l’alphabet, et encore.

Mais indéniablement, je me sens plus attirée par Keith, le plus réservé des trois. Très grand, les cheveux châtains en bataille, tatoué, percé, les yeux clairs d’une immense douceur un peu mélancolique… Tout ce que j’aime.

Il est aussi guitariste et lead-vocal dans son groupe, alors on se met naturellement lui et moi à parler musique. Une jolie connexion s’instaure, c’est fluide, énergétique, je vibre, quoi. Mais j’ai faim. J’attrape Joan et l’on va toutes les deux manger un burger veggie à côté en promettant de rejoindre les garçons plus tard au pub.

On pouffe toutes les deux à table. On se dit que la vie est pleine de surprises. Et que c’est chouette. Puis nous voilà de retour au pub d’où s’échappent des sons d’accordéon. Les garçons sont bien là, attablés devant des restes de planches mixtes sur lesquels louche Hrolf, le chien errant du coin.

La bière qui coule dans les gosiers sans discontinuer depuis deux heures maintenant a fait son boulot de désinhibitrice et tout le monde parle avec tout le monde sur cette minuscule terrasse. Moi la première, je m’en vais dire, goguenarde, au chanteur-accordéoniste sorti tirer sur sa e-clope que celle-ci sent la framboise et que cela doit être réservé aux filles. Au lieu de m’envoyer paître, il part dans un grand éclat de rire et rejoint notre petite troupe. Il s’appelle Gibson et vient de Belgique écumer les pubs de France avec son accordéon.

Et Jerry qui me sort tout-de-go que je suis belle en langage des signes. Je lui réponds ce que je crois être ‘merci’ mais il s’avère que je lui dis ‘je t’aime’, ce qui fait se tordre de rire Rudy, puis toute la tablée.

L’ambiance est excellente. Tout est parfait. Simple, bon enfant, joyeux. Les conversations sont endiablées, même si elles commencent à souffrir quelque peu de l’alcool. Vers 23.00, le tôlier nous fait rentrer à cause des voisins et l’on s’entasse comme on peut à une table dans cette petite salle déjà bien remplie.

Et tout s’enchaîne. Très vite et très intensément. Gibson se met au piano et fait office de juke-box-karaoké pendant une petite heure. Après que tout le monde ait chanté les Beatles à tue-tête, Jerry prend la relève en nous faisant un blues à sa sauce. Et enfin, Keith attrape une guitare qui traînait là et se met à jouer et à chanter d’une voix légèrement rocailleuse et douce à la fois.

Je fonds.

L’alcool coule désormais à flots, en pintes, en shots de je-ne-sais-pas-quoi-liqueur de pistache, de tequila, de vodka… Je suis soûle. Mais pas trop. Juste bien. Je flotte doucement sur mon ivresse en profitant de chaque instant de cette fabuleuse soirée.

Je sais qu’il en faudrait peu pour me faire basculer, l’avantage de bien se connaître avec les années, mais le veuille-je vraiment ? Ai-je envie de me donner en spectacle complètement bourrée devant des inconnus ? Si je me pose la question, c’est que c’est non. Comme une laisse autour de mon cou que je raccourcis quelque peu par moi-même. Je vais rester digne.

Je sais aussi qu’il en faudrait peu pour que Keith et moi nous nous rapprochions… J’en ai très envie mais quelque chose me retient. Je ne pourrais dire ce que c’est. Il est majeur, je suis majeure et tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, non ?

Je me force à penser à autre chose. J’aurais bien besoin d’une cigarette dehors au calme. Mais je suis tombée à court. Je me concentre alors sur ma pinte que je finis d’un trait et j’écoute la musique que crachent les enceintes du bar.

Oui, décidément, les rires et les chants qui ont empli ce soir ce pub aussi grand que mon salon, ont redonné à ce dernier toutes ses lettres de noblesse et le souvenir que j’en avais un an plus tôt a disparu. Un an presque… avec Bradley… on venait tout juste de se revoir après 20 ans et il m’a rejointe dans ce pub…

Bon sang mais c’est ça, c’est Bradley, c’est de penser à lui qui est venu me parasiter ! Ça alors, je ne m’y attendais pas. Oups… Alors, je l’appelle. Mais plutôt que de lui parler, je pointe mon téléphone vers les enceintes puis je raccroche. Ça ne loupe pas, je reçois un texto qui dit qu’il me rappelle dans trois minutes.

Je sors du pub. Je me dis que je peux aller en attendant chercher des clopes dans ma chambre et faire pipi par la même occasion. Je m’apprête à repartir lorsque Bradley m’appelle.

–  Alors, aucune news depuis une semaine, tu ne me réponds pas, je peux savoir pourquoi ?

–  Bah je suis partie en croisière…

–  Comment ça ? Je croyais que tu étais au Normandy Beach…

–  Ça m’a prise sur un coup de tête. J’ai vomi au moins quinze fois depuis que je suis sur ce bateau mais c’est pas grave, c’est chouette quand même. J’ai même pêché un marlin !

–  C’est dans les eaux chaudes, ça…

–  Parce que tu crois qu’on est restés à quai ?!!

–  Bref, tu rentres quand ?

–  D’ailleurs, je ne vais pas rester très longtemps au téléphone car je retourne à la fiesta sur le pont supérieur. Y a un groupe de musique, c’est super cool ! Et je vais faire un crochet par le bar.

–  On se rappelle demain lorsque tu auras dessoulé. Bonne fin de croisière, prends soin de toi, à demain.

Sur ce, je fais effectivement un crochet par le bar, mais celui de Joan qui elle est rentrée depuis une heure déjà. J’attrape la bouteille de Pimm’s et me dis que la dilution à la limonade est superflue. Je m’enfile le verre en trois grandes rasades et dans le noir dans la cour, mes jambes se dérobent et la tête me tourne enfin.

Je décide alors de prendre la direction de mon lit sur lequel je m’effondre tel quel, non sans avoir eu juste avant une dernière pensée « Mais pourquoi diable lui ai-je dit que j’étais en croisière ?!? »

Le lendemain au petit-déjeuner, Jerry, Rudy et Keith étaient presque frais comme des gardons, prêts à enfourcher leurs motos pour reprendre la route. Moi, moins. Une punaise de gueule-de-bois. Mais je l’ai bien cherché.

Bref, on s’est échangé quelques banalités mais même pas nos numéros de téléphone. J’ai fait la photo-défi de Jerry, à savoir une fille différente à califourchon sur sa Vespa chaque jour, puis ils s’en sont allés.

Quelle soirée ! De l’imprévu, de l’improviste, des rencontres, de la musique, des rires, de la bière… Tout ce qui me rend heureuse ! Et que ça fait du bien de rencontrer des gens assez fous pour faire un road-trip en Vespa sous le crachin normand ! Que ça fait du bien d’être heureuse, tout court. Cela ne pouvait pas mieux clore mes vacances. Le bouquet final.

 

Quant au fait d’avoir dit à Bradley que j’étais partie en croisière, aujourd’hui, je ne sais toujours pas pourquoi. En fait, je me dis que c’était tout comme. J’ai embarqué et suis partie voguer loin de la terre pour quelques jours. J’ai pêché, j’ai bu, j’ai rencontré plein de gens, j’ai chanté, j’ai ri…

Une parenthèse incroyablement bénéfique. Comme une croisière. Le mal de mer en moins.

C’est sûr qu’il va falloir qu’on en reparle. Mais à la réflexion, je n’en ai pas envie. On s’est eus au téléphone hier donc et ce midi, j’ai botté en touche en lui demandant ce que lui avait fait pendant ses vacances et bien entendu, il ne s’est pas fait prier pour me raconter par le menu.

Il rentre bien mardi ou mercredi. Je sais qu’il va remettre le couvert alors je lui prépare le speech suivant : « Je n’avais pas envie de te parler car on se serait écharpés et ça m’aurait gâché mes vacances. La raison, si tu ne la connais pas, c’est dommage mais ce n’est pas à moi de te la dire. Ainsi, j’ai décidé de partir une semaine loin de tout, loin de toi, de déconnecter complètement et de voir au retour. Je tiens à garder cette semaine comme mon jardin secret, je n’ai pas envie de t’en parler. Et puis voilà, je suis revenue. »

Tout ce que je sais, c’est que j’ai passé des vacances fabuleuses. Lundi, je reprends le boulot, et je vais avoir grand besoin de ces beaux souvenirs pour survivre à ça.

Manipulateur-narcissique

–  Avoue, elle est cool ta meuf, hein ? Elle cuisine, elle repasse, elle te prête sa voiture, elle aime bien tes gosses et se marrent bien avec eux…

–  C’est vrai. Surtout ça.

–  Bah je n’ai pas la vocation d’une baby-sitter anémique, faut que ce soit ludique avec moi. Mais bon, ce n’est pas parce que ce sont les tiens, je suis comme ça avec tous les mômes.

–  Peu importe, j’apprécie beaucoup que tu t’investisses autant auprès d’eux.

 

Le Bradley qui commence, lui, à s’investir de plus en plus avec moi en me disant que je n’ai pas besoin d’un double des clefs de sa maison dans la prairie puisqu’on sera ensemble… Euh…

 

Jeudi 12 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+22

Comment peut-il passer d’une roucoulade pareille à ce qu’il m’a fait hier sans penser que je tiquerais ?!! Je commence à comprendre que tout ce qui vient de lui me concernant n’est que velléités nappées de poudre aux yeux. C’est un manipulateur. Mais je ne peux pas lui en vouloir vraiment car je le savais déjà. Mais bon.

Il a eu ce qu’il voulait et il fait ce qui lui chante, comme ça lui chante. En trouvant toutes les excuses de la terre pour se défausser d’un truc dont il n’est pas l’instigateur ou qui ne le tente pas. En l’occurrence, cette idée de passer quelques jours en Normandie venait de moi…

Hier matin, juste avant d’aller bosser, je lui file le numéro du Normandy Beach en lui demandant de les appeler quand il part pour qu’ils sachent à peu près vers quelle heure il arrive. Et éviter le pied de grue toute la journée. Je lui demande aussi de m’envoyer un texto au départ et à l’arrivée.

Vers 13.00, n’ayant rien reçu, je l’appelle, en vain. J’envoie un texto, pas de retour. Et à 14.30 :

« Je suis sur la route. Figure-toi que l’alarme dans ma maison déconne et qu’il faut que je me rende sur place. Et je t’avouerais que de remonter ensuite te rejoindre en Normandie pour une journée pour ensuite redescendre dans le Sud, ça me dit moyen. Donc, je pense qu’on va descendre chez Connor direct. »

J’ai bien compris en rentrant hier soir qu’il avait fait ses valises pour trois semaines. Bref. J’appelle alors le Normandy Beach :

–  Have you heard from Bradley today ?

–  Not at all.

–  WTF ?!! I told him to call you, what a jerk !!! I’m so sorry!

19.30 Miles et Joan l’ont probablement attendu toute la journée, je trouve cela d’une incorrection ! Qu’il le fasse avec moi, j’ai l’habitude, on va dire, mais avec mes amis qui lui offraient l’hospitalité à lui et à ses enfants en échange d’un coup de main pour réparer le portail, cela me fout en boule.

Lui justement qui prône la ponctualité et la correction et qui tombe sur le poil des impudents qui ne respectent pas ces règles, quelle connerie. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Et le « Je ne fais pas aux autres ce que je n’aimerais pas qu’on me fasse » combien de fois l’ai-je entendu de sa bouche en me demandant s’il se rendait vraiment compte qu’il ne faisait que ça justement…

Manipulateur. Il a eu ma voiture – il m’a louée celle avec laquelle je pars ce week-end parce que c’était moins cher que s’il en louait une pour partir deux euh trois semaines avec – il a passé le temps qu’il voulait dans sa maison avec ses enfants, un peu de temps avec moi sur Paris le temps de faire les lessives et le voilà reparti dans le Sud chez son pote comme il l’avait prévu initialement. Tout ça en faisant semblant d’adhérer à mon micro-projet avec lui.

Et dimanche dernier, j’ai émis l’envie de profiter de notre ‘dernière’ terrasse ensemble en allant bruncher à côté, il m’a rétorqué que son budget n’était pas extensible et énuméré toutes ses dépenses du moment. Je me suis dit « En quoi c’est mon problème ? » pour finir par objecter « Je ne gagne même pas la moitié de ce tu gagnes et je ne me plains pas. » et j’ai eu droit à « On ne joue pas dans la même cour ! »

Mais quand j’ai proposé de partager l’addition, là bizarrement il était d’accord. Au final, j’en ai payé les deux tiers car il n’avait « que ça » en espèces à mettre au bout… SA maison, SES travaux, SON 4X4, SON rythme de vie, SA façon de faire les choses : les autres, moi qui plus est, n’ont aucune incidence sur lui, sur sa vie.

Je l’attends le 28, quand il rentrera avec son linge sale et ses mômes qui pissent systématiquement à côté de la cuvette. Le frigo sera vide et peut-être que moi aussi. Voire j’attends qu’il me rende la voiture pour me rebarrer seule en week-end.

Bref, on verra. Pour l’instant, je n’ai pas envie de lui répondre au téléphone, de toute façon, il me laisse un message sous forme de topo militaire, donc je m’en fous. Je pars ce week-end voir mes amis en Normandie, peut-être aussi Bedelia qui est en vacances à Deauville, je vais en profiter pour prendre du temps à moi, marcher sur la plage et me remettre sur mon bouquin qui, j’avoue, n’a pas avancé d’un iota depuis belle lurette.

FOIE (trop) GRAS & CHAMBOULE-TOUT

« Dites-moi, pouvez-vous venir travailler la semaine prochaine ? »

Boss n°1 mardi dernier. Et Boss n°2 de renchérir : « On compte sur toi, c’est une mission très importante ! »

Le ‘Prévenez-moi à l’avance’ n’a pas fait son chemin dans leur tête, on dirait. Sans compter que mes oreilles bourdonnent encore de leur sonnage de cloches la veille de mon départ en vacances, justement à ce sujet-là.

 

Lundi 9 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+19

Me serais attendue à minima qu’ils me présentent tous les deux des airs de chien battu mais nada, que chi. Mais j’ai dit oui, surtout parce que mes plans de vacances à moi commençaient à prendre l’eau sérieusement. Donc, autant bosser.

Lundi dernier, j’avoue être revenue au bureau complètement déphasée après ma semaine en Vallée de Dordogne avec Bradley. Parce que c’était chouette. Globalement. Y a bien eu une ou deux fois où j’ai failli partir en le laissant en plan mais la perspective de faire du stop en rase campagne pour rallier la gare la plus proche a eu raison de mon courroux.

Non, c’est vrai, c’était vraiment bien. A tel point que l’on y retourne début octobre pour fêter nos ‘1 an’… Cucu la praline mais on assume. J’ai même laissé un avis sur Google :

Dans cette période si tensiogène, trouver une oasis où se ressourcer est une merveille de bonheur ! Tout était formidable : la cuisine, le vin, la piscine, les poules et les chats… mais le trésor de cet établissement au charme délicieusement suranné est sans nul doute ses hôtes : nous avons été accueillis comme à la maison, sans chichis ni manières mais avec une convivialité simple et authentique. Alors oui, tout n’est pas parfait mais qu’importe quand on vous sourit et qu’on est bichonnés comme nous l’avons été : on est chez des amis, on est heureux, tout simplement. Nous revenons bientôt. Signé : Bichette & Bradley

∞ Hôtel restaurant avec piscine en Corrèze à Meyssac en Périgord , bas Limousin (relaisduquercy.fr)

 

Bon. Je suis revenue gavée comme une oie dont pourtant je n’ai pas touché le foie (gras). L’omelette aux cèpes ou à la truffe, la Feuille du Limousin, le Carré Corrézien, le Rocamadour, les bières brassées localement et les excellents Triadoux et Pécharmant que j’ai découverts sans oublier la gnôle de noix, mon foie est prêt pour Noël avec cinq mois d’avance. Et ça se voit. Allez hop, à la diète la Bichette. Mais à la rentrée.

 

Dépaysée, bluesy, absolument pas la tête au boulot, je peux dire que j’ai bien morflé lundi dernier. Surtout quand j’ai vu la tonne de taf qui m’attendait. Et qu’il a fallu que je me fasse à travailler depuis le poste et le compte de Cameron qui est partie en vacances avec mon ordi et mon compte pour sa permanence back-office la semaine prochaine.

C’est décidément du grand n’importe quoi, cette boîte. Déjà pour quelque chose de prévu, c’est le bordel, alors que dire pour quelque chose d’imprévu comme une fermeture qui n’en est pas une ?… Alors oui, c’est compréhensible, les commandes flambent de partout mais si on ne peut pas les traiter, je ne vois pas trop l’intérêt.

Bref. Y a une nana qui est venue faire une pige à la logistique/export, comme elle connaît la maison depuis très longtemps, on ne se gêne pas pour la cuisiner et ce qu’elle nous dévoile au cours des pauses-déj est à figer d’effarement. Limite c’est trop gros pour y croire.

Bon, sans rentrer dans les détails, il est temps pour moi d’aller explorer d’autres prairies. D’aucuns diraient que je finaude après presque cinq mois en poste et un an auparavant au RSA. Mais si l’on ne donne pas les moyens de faire son boulot correctement, si les ordres de la Direction se croisent et se décroisent sans jamais se rencontrer, si les économies de bouts de chandelle ne se justifient plus et relèvent d’une compulsion maladive et si en plus les boss piquent des gâteaux dans le tiroir des employés, bah je dis stop.

J’attends déjà de voir s’ils reconnaissent les efforts et la bonne volonté dont je ne suis pas la seule à faire montre, soit par le versement d’une prime comme ils l’ont ‘promis’ à la voix et non par écrit, soit en ce qui me concerne par une récupération en temps. Cinq jours off à poser quand je veux, ça me va bien.

Et cette semaine que j’ai naïvement anticipé comme frisou-bidou, commence fortement à ressembler à l’infernal bordel de la semaine dernière. « Une seule mission pour Bichette… » mes fesses, oui !!! Et les bruits de couloir ne me rassurent pas le moins du monde, d’ici à ce qu’ils annulent aussi mes vacances semaine prochaine… Ah non ! Là j’ai des plans que je n’ai nullement envie d’annuler !

En effet, je pars vendredi après-midi juste après le boulot rejoindre Bradley et ses enfants au Normandy Beach. Eux y vont mercredi pour traverser toute la France samedi et rejoindre Connor et Cie dans le sud. Moi je reste quatre jours chez Miles et Joan pour ensuite redescendre chez Toto deux jours, retour au bercail le vendredi 20 pour un gros week-end que je vais certainement employer à faire du ménage et à… roupiller.

Quant à Bradley, il remonte le samedi 28 et restitue les enfants à son ex-femme le lendemain juste après leur 2ème injection du vaccin à tous les trois… Hé oui, il jurait ses grands dieux qu’il n’y céderait pas mais bon. Moi, ça m’arrange, comme ça je peux d’ores et déjà réserver le Relais du Quercy début octobre.

En parlant de 2ème injection… Autant la première ne m’a rien fait, autant la seconde vendredi dernier m’a littéralement tuée ! Le lendemain, j’étais un cadavre ambulant, j’ai même failli tourner de l’œil, je voyais des étoiles, la tête dans un étau, ne supportant ni son de plus d’une décibel ni lumière plus vive que celle qui filtrait par mes persiennes… J’avais surtout l’impression que mon corps allait se désagréger, j’avais mal absolument partout, une crise de fibro multipliée par 100 !

Et le soir venu, après quand même une boîte entière de paracétamol dans le sifflet, je pétais la forme. Trop bizarre. Bon, allez, ça c’est fait et dans quelques jours, je pourrai de nouveau aller boire une pinte en terrasse. C’est tout ce qui m’importe.

 

L’IM’ PASSE SANITAIRE

« Tu veux miner le moral de tout le monde ?! Je sais que c’est dur, que c’est dense, que tu as des soucis d’ordi et que tu veux bien faire mais tu ne dois pas à signer ton mail ‘Bichette – en mode dépité’ car c’est démotivant au possible ! Tu as un travail de représentation et tu te dois d’insuffler, comme je le fais au quotidien, le positivisme et la motivation. Donc, cela ne me plaît pas du tout, il va falloir travailler sur ta communication. »

Soufflante par Boss n°2 vendredi matin.

« Mais pourquoi tu as appelé Shannon ?!! Je n’ai jamais dit que je voulais que tu viennes travailler pendant la fermeture, je t’ai demandé si en cas d’urgence tu étais disponible ! Shannon vient de me faire tout un pataquès et j’ai perdu une demi-heure sur mon boulot ! Bref, tu n’avais pas à l’appeler ! Merde, alors ! »

Soufflante par Boss n°1 vendredi après-midi.

Il est bien loin le temps des compliments dithyrambiques du vendredi. L’orage qui couvait alors aurait-il mis tout le monde sur les nerfs ?…

 

Dimanche 25 juillet 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+4

En début de semaine dernière, par pure conscience professionnelle, je suis allée m’enquérir de la passation de mes tâches lors de ma semaine de vacances qui commence demain. Que n’ai-je pas fait là ! C’était comme un coup de tatane dans une fourmilière !

Pour la faire bref, absolument rien n’était prévu. Alors Shannon, tendue comme un string, s’est agitée dans tous les sens pour finalement pondre une pseudo-procédure à la n’importe nawak. Cameron et moi avons trouvé cela atterrant d’amateurisme, du jamais vu pour une boîte qui engrange des millions par mois.

Il va peut-être falloir qu’ils investissent un peu pour passer de la petite entreprise familiale à une PME qui tient la route parce que là, on commence à passer pour des guignols. Et à mettre les bonnes volontés à trop rude épreuve pour un salaire si maigre. Bref.

Revenons-en aux deux soufflantes qui résonnent encore dans mes oreilles. La première : mon ‘en mode dépité’ se voulait plus malicieux que caustique, j’étais d’ailleurs toute à ma joie d’avoir repéré cet appel d’offres issu de mon laborieux mailing du début de semaine jusqu’à ce que mon ordi me lâche encore une fois. D’où ma frustration. Mais Boss n°2 l’a mal comprise.

Quant à la deuxième, j’ai appelé Shannon – désolée si c’est elle ma RH – pour lui dire que j’étais partante pour travailler les deux semaines de fermeture, moyennant finances of course, mais qu’il fallait me le dire assez tôt pour que je puisse prendre mes dispositions. Elle aussi, elle a compris de traviole.

Bon, c’est peut-être moi qui ne m’exprime pas correctement, par mail et à l’oral donc. Je vais effectivement travailler sur ma communication, c’est-à-dire revenir à l’état de gargouille derrière mon standard.

Maintenant que j’y pense, même s’ils mettaient les moyens, je ne veux pas de leurs responsabilités qui signifient être astreintable et corvéable 24/7. Je ne veux qu’un boulot de stagiaire empotée à classer des factures et à pointer les Bic et les trombones qui manquent, 35 heures par semaine, point-barre.

Cette semaine de vacances va me faire le plus grand bien.

Enfin, j’espère… Bradley est bien rentré vendredi soir, moi j’étais un peu down après ma journée d’étrillage au taf et lui, de façon très inattendue, était détendu. Crevé, certainement. Le fait est que l’on a passé une soirée douce et tranquille. On a abordé vite fait nos vacances et le mois d’août dans la foulée, il n’a pas tiqué mais m’a quand même dit qu’il « s’excusait d’avance s’il était encore en mode connard pendant quelques jours, le temps de revenir à l’esprit civil »

« T’inquiète, j’ai vu pire venant de toi ! » lui ai-je rétorqué. Mais la perspective de ne pouvoir obtenir de passe-sanitaire dans les temps pour ses vacances avec ses fils pour lesquels il doit aussi anticiper la première phase du vaccin pour leur rentrée début septembre, a fait naître une ride de mécontentement sur son front. Ça plus tout ce qu’il a à prévoir et à faire dans sa maison, j’ai bien senti que notre semaine de vacances en amoureux allait certainement pâtir de ce surbooking mental. Et moi aussi par extension.

Du coup, tout ce que je vois se profiler à l’horizon, tous domaines confondus, prend la couleur grisâtre de l’amertume. Quand je sais qu’en plus de cela début septembre, l’anniversaire du décès de Maman va me tomber dessus et avec la quatrième vague du Covid annoncée à la rentrée, je n’ai que nuages dans ma tête. Et cela ne me convient pas du tout.

J’ai assez ramé pour trouver ma paix intérieure, il est hors de question que je m’en départisse. Je vais donc faire mon max pour tirer le meilleur de chaque chose en préservant l’unique chose qui compte, c’est-à-dire moi.

Me faire des vacances en mode désinhibé sans contraintes était un bon moyen. J’ai d’ailleurs trouvé la cops avec qui j’aurais pu partir, si ce n’est que ce n’est pas encore sûr de son côté. Bedelia, 46 ans sans enfants, sans trop de mec non plus, je me suis bien entendue avec elle quasiment depuis le début de nos pauses-clopes au boulot. Elle bosse dans une autre boîte à l’étage en-dessous du mien, on partage donc le même hall extérieur qui sert de fumoir.

Ainsi, il se peut que je passe mes deux semaines off toute seule. Je me tâte à booker un truc de dernière minute, genre Club Med pour célibs. Mais quand je regarde la tronche de mon compte bancaire, bah je me dis que non. Donc, chépa.

Sans compter que mon passe sanitaire à moi ne sera valide qu’à partir du 13 août, ma deuxième injection étant prévue le 6 août. Je pense que très vraisemblablement, je retournerai au Normandy Beach du 9 au… je verrai. Car qu’on se le dise, le passe sanitaire sera obligé dans les hôtels et les campings mais pas pour les chambres d’hôtes ! C’est débile mais c’est comme ça.

C’est pour cela que le week-end dernier en rentrant justement de ma visite-éclair en Normandie où j’ai eu un temps radieux pour une fois, j’ai fait de la pub sur Facebook pour le Normandy Beach. Déjà parce que leur clientèle britannique qu’ils avaient ramé à faire revenir, annule en masse leurs réservations dues aux nouvelles restrictions du UK – quel dommage ! – et aussi pour inciter les Français à venir dans cette oasis où la convivialité ne tue pas la liberté…

Ah le vaccin ! Ah le passe sanitaire ! Nénette est vent-debout depuis une semaine, certainement suivie par Tonton Harry rentré péniblement de la Réunion en métropole pour l’été… Je comprends sa révolte mais ce n’est pas la mienne.

Si pour faire ce que j’ai envie de faire, on me dit qu’il faut que je fasse ça, que les paramètres sont ceux-là, bah j’obéis. Je suis con, je suis un mouton mais j’assume. En fait, je m’en fous. J’ai toujours été un bon petit soldat, par passivité et désintérêt total du moindre débat que par conviction pure et dure.

Je respecte tous les points de vue, toutes les vindictes, autant que les prises de position, les adhésions aveugles, si fondés ou pas l’un comme l’autre puissent être. D’où « l’im’passe sanitaire » qui à mon sens résume bien à elle seule la situation en France actuellement.

Moi, je me suis faite vacciner parce que c’était fortement recommandé par ma boîte, bien avant cette histoire de passe sanitaire. Donc on va dire que ça tombe bien. J’ai même demandé à Malcolm au taf de me faire le test sérologique pour voir où en était mon immunité après ma première injection. Il a failli tomber de sa chaise en voyant ma réactivité si immédiate : mes anticorps sont au taquet, j’en aurais presque trop, un comble !

Donc, il se peut que j’aie rencontré le Covid de façon asymptomatique et que je n’aie pas besoin d’une seconde injection, tellement mon corps a déployé une batterie de défenses immunitaires à faire baver de jalousie tout l’Institut Pasteur. Il se peut même que si je refais une sérologie après ma 2ème injection, je vais – je cite – ‘recracher’ des anticorps ! J’ai déjà recraché plein de trucs dans ma vie mais jamais d’anticorps, hmm…

J’en ai profité pour poser quelques questions à Malcolm. En tant que Directeur Scientifique, il est le mieux placé pour me répondre.

–  Tu sais que je me demande si l’on ne m’a pas injecté un placebo ?… Je n’ai eu aucun effet secondaire, à part une douleur au point d’injection, je me dis qu’avec mon background d’allergies à tout ou presque, ce n’est pas normal, d’où mon interrogation. Qu’en penses-tu ?

–  C’est peu probable. Dans quel but ?

–  Bah de sauver des doses ?

–  Mouais, nan, il n’y aurait aucun enjeu mercantile à faire ça. Et vu ton immunité, ça m’étonnerait. Dis-toi qu’il n’y a rien d’allergisant dans ce vaccin, il n’y a que la molécule, le reste c’est du gras !

–  Ah bah c’est pour ça que j’ai grossi ?!

Moment léger dans ce petit bureau transformé en salle de tests. Et Malcolm de conclure : « Quand bien même, tu as encore de la marge parce que tu n’es pas bien épaisse. »  Je l’adore, ce mec !

Même si je n’arrive plus à rentrer dans mes fringues. L’arrêt total de mes séances de gym-danse quasi-quotidiennes, les apéros à tire-larigot et l’effet indésirable à retardement de la Paroxétine doivent y être pour quelque chose, plus que le vaccin au beurre.

Bah ma pesée annuelle étant au 1er janvier 2022, j’ai encore le temps de rectifier le tir. D’ici là on sera re-re-confinés et les bars seront fermés donc plus d’apéros.

Sur ce, je m’en vais préparer mes affaires, départ demain midi pour Collonges-La-Rouge.

VACANCES AVEC MOI-MÊME ?

–  Vas-y, fais-moi rêver ma chérie, que vas-tu faire ce 14 juillet ?

–  Buller en pyj toute la journée.

Tu en as de la chance ! Bon allez, encore neuf jours et je reviens.

–  Déjà ?!

–  Ça fait plaisir… J’en déduis que je ne te manque pas…

Le cri du coeur. Oups.

Jeudi 15 juillet 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD ! (mais plus pour longtemps) J+26

C’est vrai qu’il ne me manque pas. Je pense à lui mais voilà, quoi. Et quand j’anticipe le mois d’août avec ses enfants qui ne sont pas vaccinés comme leur père qui s’égosille à dire qu’il préfère être un exclus plutôt qu’un mouton, bah je me dis qu’il va falloir que je me trouve un plan B pour mes deux semaines de vacances que je n’ai nullement l’intention de passer en huis-clos piscine-barbecue – les deux trucs que j’abhorre par-dessus tout – dans la propriété dans le Sud-Ouest de Connor le dictateur, lui aussi avec ses enfants.

J’ai pas fait de mômes, ce n’est pas pour supporter ceux des autres pendant mes premières vacances depuis 6 ans. J’ai envie de fun, entre meufs tiens, faut donc que je me trouve une pinco dispo. Vu que toutes mes cops sont avec mari et enfants, bah je crois que je vais me faire des vacances avec moi-même.

Bon, en attendant, j’ai du taf à ras la truffe. J’ai mis en rouge dans tous mes mails que je suis off dans 8 jours et rebelote dans 3 semaines, mauvaise idée, ils me tombent tous sur le poil à qui mieux mieux pff…

Ce week-end, je vais voir Miles et Joan au Normandy Beach. Le grand beau est annoncé, je vais enfin pouvoir faire ma longue balade sur la plage. Tiens, j’ajoute ça aussi à la liste ‘Essentiels de ma vie’. Pis les feux d’artifice. Comme celui qui s’est déroulé pile devant mes fenêtres hier soir.