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METRO-BOULOT-APERO

« C’est bientôt Noël ! Et on a pensé à vous et à vos proches. Sosh vous offre jusqu’à 350€ de remise immédiate sur une sélection de smartphones… »

Plus la peine, j’ai un iPhone13 maintenant. Révolution.

 

Vendredi 9 décembre 2022

Je me suis vite empressée de le dire lundi soir à mes copains de l’avant-taf, eux qui voulaient ouvrir une cagnotte en ligne pour me dé-dinosauriser, cagnotte à laquelle auraient participé sans l’ombre d’un doute Yang, Zane, Bradley, voire même Toto…

« Comment ça va te changer la life !!! »  « Mais il va te falloir une formation ?!? » «  Whatsapp !!! Whatsapp !!! Whatsapp !!! » « Balance une photo, on n’y croit pas !!! »

On se calme. Faut déjà que je sache comment allumer le bordel.

Oui, lundi matin, lorsque j’ai vu arriver la boîte blanche à la pomme, j’ai explosé de rire. En moi. Parce que j’étais en Teams avec Big Boss. Première réunion virtuelle, et pas la dernière dans cette semaine où je ne me serais jamais autant vue en webcam. J’ai horreur de ça, je suis d’un moche !!! Moche, mais high-tech désormais.

Je n’ai rien vu passer de la semaine. Je n’ai rien pu faire de bien concret non plus. A part des Teams, des réunions diverses et variées auxquelles je ne comprenais rien la plupart du temps, des tickets IT parce que je n’avais pas le feed de l’imprimante, de la pêche aux infos, des What-The-Fuck devant la Nespresso car je ne parvenais pas à l’allumer, des sourires amusés devant les cheveux bleu-fluo de certains, l’achat de deux sapins pour la société et… les after-works.

Dès lundi, on m’a mise au parfum : « Demain, c’est happy hour au bar The Office puis raclette au bureau, mercredi soir c’est happy hour au bar Le Colibri puis quiche-karaoké au bureau, vendredi soir on se fait un resto-bar pour le dernier jour des Américains et samedi soir on se fait des burgers devant France-Angleterre ! Tu viens avec nous, Bichette ? »

Franchement, je croyais que ma petite bande et moi étions au taquet question pots mais là, on est battus à plate couture. Ce sont de grands malades hahaha !!! Ainsi, je n’ai pas tardé à voir la boule à facettes tourner, le subwoofer que j’avais pris pour une clim portative faire des oumf-oumf-oumf, les jeux de lumières danser sur les murs, le micro passer de mains en mains et les chorégraphies s’endiabler en grignotant des quiches faites-maison, le tout dans la fameuse cuisine… au boulot.

Paraît que c’est exceptionnel, ces pots frénétiques, car c’est la fin de l’année et qu’ils reçoivent des Américains qu’il faut sortir. Mouais. J’ai quand même l’impression qu’ils font ça souvent, Noël ou pas. « En temps normal, une fois ou deux par semaine… Mais là, on est tellement contents de t’avoir, tu n’imagines pas à quel point on t’attendait ! Donc, on a envie d’apprendre à te connaître ! »

Voui, d’accord, je suis le messie, mais mon foie va lâcher, à ce rythme ! Sans compter que j’ai une heure derrière pour rentrer, le temps de faire mon tintouin il est 1.00 du mat, réveil à 6.00, ça pique. Une fois, ça passe mais je ne peux pas enchaîner plusieurs soirs d’affilée.

J’ai donc décliné ce soir et demain. Histoire de faire un break dans cette succession de métro-boulot-apéro où je n’ai rien capté en dehors de ça.

Ah le métro ! C’est long. 40 minutes aller, 40 retour. Surtout les fesses tannés sur les caissons latéraux inconfortables au possible, à me prendre des coups de Vuitton dans le nez par de grandes perches rivées sur leur Instagram, à me faire écraser les pieds par des lourdauds qui s’excusent à peine, à respirer – ô bonheur – la pestilence de ceux qui croient que savon et dentifrice sont des gros mots…

Bon, faut que je m’y fasse, dans quelques temps, je serai complètement imperméable à toutes ces infamies. En attendant, j’essaye de me changer les idées et comme je ne peux ni lire ni écrire sous peine de vomir, bah je pense. Principalement au boulot.

Et je regarde les pieds, les chaussures. Y a de tout, des plateformes aux mocassins à glands, des après-skis aux Stiletto, du psychédélique à l’usé jusqu’à la semelle… Hahaha faut-il se faire chier, vraiment, pour s’attarder sur les pompes des gens !

Bref. Je pense aussi à Bradley. Enfin, je pense… je repense plutôt, à l’odieux personnage qu’il a de nouveau été avec moi lundi matin, juste avant que je ne prenne mon poste. J’ai d’ailleurs eu un peu de mal à me plonger dedans tellement cela m’a perturbée.

La « mise au point » de samedi dernier n’aura rien donné. Je dirais même que cela n’a fait qu’empirer les choses. Dimanche dernier, il a dit vouloir rentrer direct chez lui après sa deuxième journée au régiment sans passer par chez moi. OK. Mais pas un seul texto de la journée, ni même un appel pendant ses 3 heures de route de retour. Et rien non plus lorsqu’il est arrivé.

Donc lundi matin, je l’ai appelé. Pour voir s’il était vivant. Il a eu l’air surpris, mais pas en bien, style je le fliquais… Bref, après quelques propos doux-amers échangés et un semblant d’excuse de sa part, j’ai conclu en lui disant « On s’appelle ce soir ? »

Que n’avais-je pas dit là ! Il m’est tombé dessus à bras raccourcis :

  • Tu ne vas pas me faire un coucou suisse ?!! C’est quoi de quémander comme ça ?!!
  • Euh c’est juste toi qui m’a dit vouloir avoir la primeur de ma première journée, plutôt que Yang…
  • Oui, bon, chépa, on verra !!! On ne va pas commencer à se prendre la tête parce que toi et moi ça ne va pas aller loin ! On se remet tout doucement sur le même chemin, faut y aller mollo !  

J’ai bien failli lui raccrocher au nez. Quémander quoi, au juste ?! Tous mes copains m’ont envoyé un petit texto en me souhaitant un bon premier jour et lui n’en a rien à carrer ?!? J’imagine que cela lui est complètement sorti de l’esprit, c’est dire s’il s’intéresse à moi. Comme il y a 2 ans. Ah merde ! C’est tout ce que je ne voulais plus, revivre le passé…

Ça n’aura pas duré longtemps les roucoulages, qu’est-ce qui lui a pris d’ailleurs ?!? Et moi, pauvre débile, qui y ai crù ! Chassez le naturel… Bref, quel con ! Ou alors, il n’était pas caféiné et dieu sait à quel point il peut être hargneux dans ces moments-là… Peu importe, ça m’a fortement déplu et s’il ne m’appelle pas ce soir, eh bien qu’il aille se faire cuire un œuf pour de bon.

Mais il m’a rappelée. Son ton était loin d’être badin, presque gêné aux entournures. Je pense qu’il s’en voulait pour le matin mais ne savait pas comment faire pour s’excuser. Bref, lorsque j’ai débriefé avec moi-même (dans le métro, donc) ainsi qu’avec Yang, toujours soucieux que je retourne dans la spirale infernale d’amour-haine que j’ai vécue il y a 2 ans, je me suis trouvée étrangement sereine.

Chafouine, certes, parce que je trouve dommage de torpiller une chance comme celle-là, mais la conscience clean car moi je l’ai saisie et j’ai fait ce qu’il fallait. Tant pis, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.

Je sais qu’il ne ressent pas les choses comme moi. Attendre que l’autre change est voué à l’échec et je n’attends pas cela de lui, je le connais. Ainsi, faire un minimum d’efforts et se soucier de moi, si cela ne lui vient pas naturellement, il ne va pas le pondre. D’où mon interrogation lorsqu’il y a quelques temps il était tout miel et fleur bleue.

C’est peut-être par cycles, chez lui ? La question est : suis-je capable de m’adapter à son programme jour/nuit ? Est-ce acceptable pour moi ? Il faut que les choses aillent selon lui car il est proprement incapable de faire le moindre effort. Cela équivaut à ses yeux à se dévoyer.  L’avantage du chat échaudé, c’est que je sais désormais comment dealer avec lui, mais, en ai-je l’envie et la force ?

Je sais que je peux revenir en mode remote avec lui, il est là ou pas, c’est pareil. Mais d’une, je ne veux plus de ce genre de relation en pointillés dans ma vie, je préfère ne pas en avoir du tout, et de deux, même si, loin des yeux signifie pour moi loin du cœur…

Bref, tout ça est bien dommage.

Et comme on a eu zéro contact durant cette semaine, de lui comme de moi – là c’est bon, j’ai compris la leçon – ça s’est effiloché dans mon cœur. Rien qui ne m’ait handicapée cependant, en même temps, je n’ai pas trop eu le temps de m’appesantir car plus qu’occupée.

Sauf tout-à-l’heure dans le métro où il m’a appelée. Pas trop pu discuter donc, mais il avait l’air d’être dans de bonnes dispositions d’esprit. Comme si de rien n’était. Et je crois foncièrement que c’est le cas pour lui : il n’y a pas de problème entre nous.

Il a peut-être raison. C’est moi qui fais un foin de pas grand-chose. A voir.

Mais là, je crois que je vais devoir me concentrer sur un autre sujet : je suis malade comme un chien. Je l’ai senti ce matin et la toux qui a pris de l’ampleur dans la journée ne me dit rien qui vaille. Et encore moins la fièvre et le mal de tête qui me grillent les neurones.

Bah oui, même si je porte le masque dans le métro et que je dégaine mon gel hydro-alcoolique au monoï dès que je le peux, ce n’est certainement pas assez. Faut dire que j’en ai serré des louches au boulot cette semaine ! Y en a même une qui m’a claqué la bise pour me souhaiter la bienvenue !

Bref, allez hop, un autotest Covid… Manquerait plus que ça : ma supra-immunité se serait-elle faite la malle ? Et non, ce n’est pas le Covid. Probablement la grippe. Chouette, alors ! Bon, allez, je vais passer le week-end sous la couette, en espérant que Shushu ne soit pas trop là…

Manque de bol : elle m’annonce en rentrant que demain elle a une élève qui vient prendre un cours de piano à l’appart… Extatique, je suis. J’espère surtout qu’elle va fermer sa fenêtre car il fait un peu moins quinze dehors et ça tire sur le chauffage qu’elle n’aura pas à payer vu qu’elle sera partie…

Pfff… Il est temps que cela se termine. En prévision, je garde précieusement le carton Amazon dans lequel est arrivée ma nouvelle cafetière – l’autre ayant rendu l’âme après 10 ans de loyaux services – ainsi que les papiers de rembourrage… Va-t-elle comprendre le message ?

Allez zou, roulage en boule.

UNE PAGE SE TOURNE

« Ça veut dire que potentiellement je vais revoir tes loulous bientôt ? »

Moi à Bradley hier soir.

Ça fait quelques temps déjà que l’on parle, lui et moi, des fêtes de fin d’année. Plus précisément, c’est lui qui a abordé le sujet en premier. Pour quelqu’un qui ne veut pas faire de projets J

 

Dimanche 4 décembre 2022

Alors, ce fameux battle plan qui prend forme : il monte le 23 passer un pré-réveillon avec moi, le 24 il monte chez son père, le 25 au soir il redescend chez moi, le 26 tôt le matin il retourne dans sa cambrousse car il bosse, le 26 au soir il revient chez moi, le 27 il récupère ses loulous pour remonter chez son père, le 29-30 il revient chez moi avec ses loulous jusqu’au 1er.

Ça donne le tournis.

Moi, ça me va. Je n’aurai pas de vacances entre Noël et le Jour de l’An, au mieux je serai en télétravail si personne au bureau, donc je n’ai rien prévu, sauf un aller-retour en Normandie le 24-25 pour passer Noël avec Miles, Joan, Adrienne et nos amis communs la petite famille ukrainienne qu’ils ont accueillie au courant de l’été.

L’an dernier, j’ai passé mon réveillon et le jour de Noël à envoyer la tonne de factures en retard aux clients, merry christmas to me, je ne referai pas la même cette année.

Oui, Bradley est venu me voir hier soir au milieu de son désormais unique week-end militaire mensuel. L’armée ne lui correspond plus. Il dit ne plus y trouver du plaisir, qu’il se sent trop vieux pour crapahuter dans la boue. Une confirmation de ce qu’il pressentait il y a 2 ans. Moi, ça me va car je le trouve moins parano, moins sergent-instructeur. Même si j’avoue, j’adore le voir dans son uniforme…

Il dit aussi « Je ne suis pas sûr de vouloir continuer l’armée, même une fois par mois. Car le calcul est vite fait : 2 week-ends avec mes enfants + 1 week-end militaire, ça n’en laisse qu’un seul pour nous… Si toi ça peut t’aller, moi ça risque de me soûler assez vite. Qu’en penses-tu ? »

J’en suis restée comme deux ronds de flan. A nouveau, il me bluffe. Je lui ai répondu que cela me faisait très plaisir car pas téléguidé par un quelconque espoir de ma part et que c’était très mignon de sa part.

Mignon, il l’a beaucoup moins été cependant cette semaine passée. Pas de textos, ni d’appels, c’est moi qui ai pris chaque jour l’initiative. Car oui, j’ai changé sur ce plan-là. En tout cas, je souhaitais lui montrer que je ne voulais pas reproduire les erreurs du passé, à lui qui me reprochait il y a 2 ans de ne pas être très communicative.

J’ai même voulu partager la grande joie de recevoir le texto de mon nouveau Big Boss jeudi, je l’ai appelé à 10.00 pendant ses heures de boulot, intense en ce moment… Que n’ai-je pas fait là ! Honnêtement, je ne pensais pas qu’il décrocherait, mon plan était de lui laisser simplement un message en mode jouasse.

Bref, j’ai été reçue on ne peut dire plus vertement. Il était débordé, focus sur une problématique, il m’a envoyée sur les roses d’une force en disant qu’il me rappellerait. Ce qu’il n’a pas fait. C’est comme si j’avais mis la main dans un aquarium rempli de piranhas affamés, ou dans la cage d’un pitbull enragé… Ma faute, fallait m’y attendre, mais je n’ai pas à m’en excuser pour autant.

Donc, hier soir, on a eu une petite conversation. Moi :

  • Tu m’as bien dit qu’il fallait qu’on se dise sans attendre si quelque chose n’allait pas ? Eh bien, ayé, j’ai une main-courante à déposer.
  • Hein ?
  • Je t’ai trouvé très distant voire absent cette semaine. Sans parler de ta « rudesse » jeudi matin au téléphone. T’es-tu demandé si ton attitude ne me ferait pas penser que tu en train de redevenir le jerk que tu as été avec moi il y a 2 ans ?
  • Désolé, j’étais focus boulot, j’ai eu une semaine infernale. Pas le temps de manger, de pisser, j’ai couru tout le temps !
  • Un texto, avec ton super smartphone, ça prend 10 secondes. Et le soir, on n’est pas obligés de rester 3 heures au téléphone, mais 10 minutes syndicales, au moins, non ?
  • C’est vrai. Je n’ai pas pris ce temps. Mais d’une, je me suis dit que tu étais là et que ça me suffisait, et de deux, je ne suis pas très badin en règle générale.
  • Si, tu sais l’être, parfois.
  • Tu as raison, c’est moi qui avais la tête dans le guidon, je suis désolé. Je sais que toi tu es dans le badinage, que tu aimes cette légèreté, ces papillons, mais moi, je ne ressens pas ça. J’ai dépassé ce stade, je ne suis pas amoureux de toi, je t’aime tout simplement.

Ça cloue le bec. Le mien, en tout cas. Lui :

  • Tant qu’on est dans les doléances, j’apprécie moyen que lorsque je t’appelle et que tu es en soirée, tu me passes tes potes au téléphone. Je t’appelle toi, pas Yang ou Cameron ou DeLaVega. J’ai l’impression que tu ne veux pas me parler, que je te soûle.
  • Mé non ! Pour moi, c’est une façon d’officialiser…
  • Je préfère que tu fasses une soirée un de ces quatre où tu me présenteras directement à tes amis. Bon, Yang, je le connais déjà et je l’aime bien, mais passer une demi-heure au tél avec lui alors que je voulais te parler à toi…
  • Je rêve où je décèle une pointe de jalousie au sujet de Yang ?
  • Je le reconnais. C’est juste que tu partages beaucoup plus de choses avec lui qu’avec moi.
  • Ah j’ai bien essayé de te yanguiser jeudi matin, ce n’était pas une réussite !

Là, c’est moi qui lui cloue le bec.

Franchement, c’est bien ces discussions en mode mises-au-point. On s’est dit ce que l’on avait à se dire, du coup on est plus légers et l’on avance. C’est chouette.

 

10.00 Shushu pointe son nez prudemment, constate que Bradley est déjà parti, et s’en va préparer son petit-déj. Du coup, j’en profite pour lui parler.

  • Ton vol est à quelle heure le 21 décembre ?
  • Je ne sais pas, en matinée, je crois.
  • Parce qu’il faudra que tu me laisses les clefs et comme moi je pars le matin très tôt désormais…
  • Je les mettrai dans une enveloppe et dans la boîte aux lettres, d’accord ?
  • OK, on fait comme ça.
  • Sinon, je voulais te demander combien je te paye de loyer pour décembre comme je pars le 21, trois semaines ?
  • Bah non, le mois entier…
  • Et pour janvier ? Comme tu as ton amie qui va venir et te payer le loyer…
  • Non, je t’ai dit qu’elle venait début février.
  • Ça m’embête car je ne suis pas payée en janvier… Combien tu veux ?
  • La moitié.
  • D’accord.

J’en étais sûre ! Je me suis trouvée minable de penser lui réclamer la totalité du mois et qu’elle n’a pas de paie, d’aucuns diraient que ce n’est pas mon problème, mais bon. Du coup, j’en remets une couche au sujet du garde-meubles, du style je l’aide à empaqueter et j’emmène ses affaires le week-end du 17-18 décembre, comme ça elle n’aura effectivement que 3 semaines à régler sur décembre et rien en janvier, à part le garde-meubles.

Mais elle ne veut pas en entendre parler. Elle est focus sur ces concerts et n’aura absolument pas le temps de faire ses cartons avant de partir à Taïwan. Donc, je lui remets la pression pour fin janvier, juste après son retour. Mais je compte bien, pendant son absence, commencer à empaqueter certaines de ses affaires.

Soûlant, cette affaire.

 

Bref, allez, une grosse journée m’attend demain, la première d’une nouvelle vie. Une page se tourne, une autre va s’écrire. Et je kiffe !!!

LA QUILLE

« Bonjour Bichette, Nous avons tous hâte que tu nous rejoignes! Tu trouveras ci-dessous tes codes d’accès. Ton téléphone est au coffre (tu auras une ligne pro) et ton ordi devrait arriver cette semaine. Je serai à Paris le 13 décembre. Entretemps nous échangerons par Teams (je vais booker lundi de 10-12h). Bonne fin de semaine et bon week-end. Signé New Big Boss »

Yes, moi aussi j’ai hâte !!!

 

Vendredi 2 décembre 2022

Bon, je sais, la quille, c’est quand on part en retraite. Mais j’aime bien, ce mot.

Lundi, je me suis fendue d’un petit mail très corporate, adressé à toute la société, direction y comprise, histoire de voir la réaction de cette dernière :

« Bonjour,

Comme vous le savez, je quitte la société ce vendredi 2 décembre 2022, date à laquelle vous êtes tous cordialement invités à mon pot de départ à 12.00 en salle de convivialité.

L’occasion pour moi de vous remercier de vive voix pour ces 20 mois passés en votre compagnie, 20 mois pendant lesquels j’ai vraiment pris du plaisir à travailler avec chacun d’entre vous et ai grandement appris de nos échanges, tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. 

J’en garderai un excellent souvenir, je suis fière d’avoir contribué à construire une partie de l’histoire de la société.

Je souhaite à tous une belle continuation,

Bien à vous. Bichette. »

Mais nada, la semaine a passé comme si de rien n’était. Absolument rien n’a laissé présager de mon départ imminent, j’ai eu mon train-train de taf à faire comme d’hab, aucune news d’un(e) quelconque remplaçant(e), aucune consigne pour la passation de mes tâches…

A part Bob hier matin qui m’a demandé de condenser 2 ans de taf pour transmettre à Cameron et DeLaVega en 1 heure l’après-midi… Du grand n’importe quoi, comme ils savent si bien le faire. C’est sûr, je ne vais rien regretter.

Et hier soir, mon pot de départ officieux avec ma bande, dans un bar à République. Donc, ce matin :

« Quelle fête hier soir, les copains, MERCI!!!! 

Mal aux cheveux ce matin mais ça le valait bien! 

Je vous envoie ASAP les photos et vidéos dans un lien One Drive, n’hésitez pas à rajouter les vôtres! 

Alors, prenons date dès aujourd’hui pour notre soirée remise de cadeaux Secret Santa : MERCREDI 18 JANVIER 2023 (PS @Jordan : pas de dentiste, ni de grand-mère, ni de cousin ce soir-là, ok? )

Normalement, ma coloc ne sera pas là donc on pourra le faire chez moi, sinon, on improvisera!!!

Sur ce, des bizzz à tous, Joyeux Noël et Bonne Année!

Hasta la vista!!!!!!!!!!!!

Bichette signing off (temporairement) »

Je ne peux que le répéter, eux, oui, vont me manquer. Grave. Même si on va se revoir. On a d’ailleurs déjà bloqué le 13 décembre pour un happy hour proche de mon nouveau boulot.

Qu’est-ce qu’on a pu rire ensemble ! A en avoir des crampes au ventre. Notre première soirée Secret Santa en janvier dernier où l’on m’a offert un superbe calendrier Soldats du Feu nus et … gays hahaha, nos soirées dégustation de vins où Tic et Tac sont repartis en biais, pleins comme des outres, les anniversaires (Cameron a bien eu son canard-vibrant pour ces 50 ans), le mien d’anniv sur les quais aux Invalides où Cameron a posé et une galette sur ses pieds, et un RTT le lendemain pour cause de hangover carabiné, le pot de départ de la belle Angela cet été où l’on a dansé, chanté en perruque rose jusqu’au bout de la nuit chez Béa, les soirées-karaoké chez moi qui ont rendu Shushu furieuse, et tous les pots improvisés jusque comme ça, pour le plaisir, où l’on joue à Marry-Fuck-Kill (Kill presque à l’unanimité : Shannon, on se demande bien pourquoi) ou à Truth Or Dare du style « Pas chiche d’envoyer un sexto à Céline »…

Merci. J’en rigole encore.

12.00 pétantes, j’installe mon punch en SDR. Les copains m’y rejoignent sans rechigner malgré les stigmates de la veille sur le visage de certains, ainsi que la direction, sauf Shannon qui préfère se cacher dans son bureau. Quand on dit qu’elle a zéro people skills…

Bref, chacun y va de son petit mot à mon encontre, même Germaine qui, surprenamment, en a les yeux humides d’émotion, Bob aussi et il a l’air sincère… Et Big Boss me fout sur le cul avec son discours :

« Comme dit le poète, partir, c’est mourir un peu… Pour nous, votre départ est une déchirure. J’ai appris à vous apprécier grandement. Votre professionnalisme, votre bienveillance, votre disponibilité, vous êtes une perle rare. On s’est cherchés au début, on s’est trouvés mais je n’ai pas fait ce qu’il fallait, quand il le fallait, pour vous garder. C’est de ma faute et je m’en mords les doigts. A d’autres maintenant de profiter de toutes vos qualités, je vous souhaite le meilleur et si jamais cela ne fonctionne pas ou si vous changez d’avis, sachez que vous pouvez revenir quand vous voulez : vous avez votre place dans notre famille. »

OH LA VACHE !!!

 

15.40 Shannon m’appelle dans son bureau pour me remettre mon STC. Et elle aussi y va de son petit mot qui d’une certaine façon ne sonne pas aussi creux que j’aurais pu le supposer… J’avoue, c’est un peu touchant. Bon, j’ai préféré la jouer hypocrite avec « une belle aventure parmi vous blablabla… » plutôt qu’en mode redressage de torts. La vérité est que je m’en tape le coquillard. Je ne rentre pas dans une bataille qui ne me concerne plus. N’ai même plus envie de poster la collection de ses mails absurdes, c’est dire.

16.15 J’ai fait mon baluchon, repris toutes mes affaires, mes feutres, mes bannettes, ma lampe de bureau, ma rallonge électrique, j’ai bien rendu mes clefs à Shannon, effacé soigneusement mon historique web et laissé des post-it sur mon ordi pour les codes d’accès. C’est l’heure. Les derniers au-revoir. Avec les hugs et les bisous qui vont avec.

« Va-t-en, Bichette, sinon je vais me mettre à chialer ! »

Mamie Cameron. J’avoue, ça me fait tout bizarre. L’émotion monte en moi, alors je prends la tangente. Je ne pensais pas que cela me toucherait autant.

 

Mes chers ex-collègues, ma petite famille d’happy-houriens, mes amis tout simplement, Mamie Cameron et son SIF, Brian Is In The Kitchen, Jordan qui Josiane, Maggie, Tic et Tac, DeLaVega, Petula, Barnabé, Béa, Sidonie, Tweety, Brice de Nice, Malcolm, Céline et Angela : MERCI ET A TRES TRES BIENTÔT.

SYNOPSIS

« Lewis et moi sommes séparés. »

Les larmes de Zane au téléphone en septembre dernier. Mon effroi, ma compassion, mon urgence d’aller la voir au plus vite. D’où ce Thanksgiving en Espagne.

 

Samedi 26 novembre 2022

17.00 De retour à l’aéroport d’Alicante. Zane vient de sauter dans l’avion direction Manila pour son boulot. C’est fou de quadriller la planète à ce rythme, je ne sais pas comment elle fait pour ne pas être jet-laggée H24…

Bref, une grosse heure à tuer avant mon vol de retour à la casa. Si tout va bien. Car je suis malade comme un chien ! Depuis ce matin, je me liquéfie de partout, avec des spasmes et tout et tout. Certainement une gastro. Ça va être chouette dans l’avion !

Retour sur ces quelques jours passés dans la montagne sur les hauteurs d’Elda, à quelques 40 km d’Alicante. Zane et moi pouvons n’avoir aucun contact pendant des mois, lorsque l’on se retrouve, c’est comme si l’on s’était quittées la veille. Une merveille de complicité qui dure depuis 16 ans maintenant.

On a beaucoup parlé. Ri aussi. On s’est souvenu de notre rencontre sur l’île de Jeju, toutes les deux en honeymoon avec nos respectifs de l’époque, puis de toutes les fois où je les ai rejoints, elle et Lewis, à Nawlins, à Boston, Winston-Salem, Londres, Leipzig… Des souvenirs chérissables à jamais.

Et j’ai enfin rencontré Kayleen, leur petite de 4 ans. Quel regard, d’une luminescence ! Le courant est passé instantanément entre elle et moi, comme si on se connaissait depuis des temps immémoriaux…

Enfin, bien sûr, Zane et moi avons longuement parlé, avec beaucoup d’émotion, de leur séparation. Je ne rentrerai pas dans les détails qui n’appartiennent qu’à eux mais une chose est sûre : si j’avais eu ma semaine de vacances entre Noël et le Jour de l’An, je serais partie en Arizona voir Lewis. Pour lui parler, pour qu’il me parle. Lewis, mon chamane, what happened to you two ?…

Je suis triste pour eux. Je suis triste pour moi également car mon deuxième mythe, après Yang et Mimine, en termes de relation durable, s’écroule. Mais bon, être un mythe pour les autres n’est pas ce qui doit forger le destin d’un couple.

Et cela me rappelle ces quelques lignes écrites en début d’année, probablement pour Walter. Le fait que ce dernier ne soit toujours pas dans ma vie aujourd’hui est la preuve indéniable qu’aucune relation n’est parfaite, que le temps n’est absolument pas une mesure qualitative, qu’il faut vivre sans fantôme dans les placards et que l’on doit prendre ce qu’il y a à prendre au moment où c’est là.

SYNOPSIS #1

30 ans de couple. 1 petite fille. 1 prise de conscience tardive. 30 ans d’erreur dont 8 ans d’enfer. 1 séparation qui ne dit pas son nom. 1 quotidien dans le déni. 200 nuits sur le canapé. 1 puis 2 infidélités dont 1 coup de foudre. 1 demi-aveu. 1 purgatoire. 1 maîtresse qui ne veut pas de ce titre. 1 gifle cinglante. 1 autre maîtresse qui se satisfait de la situation mais qui aime trop le risque. 1 fait exprès/pas exprès. 1 psy qui ne sert à rien.

Conclusion : le cœur est grand, on peut aimer plusieurs fois dans une vie mais on ne fait qu’une seule rencontre qui compte.

SYNOPSIS #2

1 manipulateur narcissique vs 1 dépendante affective. 6 mois de bonheur béat. 1 ghosting incompréhensible. 2 tentatives de suicide. 2 ans de benching. 1 fois par semaine d’entrevue purement sexuelle. 15.000 « Je te bloque-Je te débloque 30 secondes plus tard ». 1 histoire qui ne rime à rien.

Conclusion : euthanasie fortement recommandée pour les 2. Mais avoir quelqu’un dans la peau et pas dans sa vie, c’est dur.

SYNOPSIS #3

25 ans de couple. Comptes bancaires à 6 chiffres. Peut-être même 7. 2 grands enfants. 1 vie bourgeoise sans autre souci que celui de savoir sur quelle île paradisiaque réserver leurs prochaines vacances. 1 reprise de contact avec un ancien flirt d’école. 1 coup de poker « Je plaque tout du jour au lendemain ». 1 future ex-épouse en furie. 1 divorce à torts. 1 homme à poil, ruiné, mais qui n’a jamais été plus heureux que lorsqu’il avait tout. 2 amoureux, 1 nouvelle vie.

Conclusion : « tout perdre » ne veut rien dire, car « tout » ne vaut rien, si l’on aime et est aimé.

SYNOPSIS #4

2 mariages, 2 divorces. 1 coup de foudre. 1 date qui sert encore aujourd’hui de password, de SIM code, de code cadenas sur les valises, de code confidentiel pour la boîte vocale du boulot. 1 petite boîte de 7cm x 7cm x 7cm avec les seuls souvenirs tangibles existants. 1 répertoire photos dans un dossier marqué X-Files. 21 ans d’absence. 21 ans de présence. 2 résolutions de tirer un trait, vaines. 10 milliards de pensées qui ramènent à 1 seul instant. 1 refus en bloc de l’insignifiance de cet instant.

Conclusion : « La vie est faite de chaos, d’espoir, d’amour. » Notre histoire a connu le chaos et l’espoir. Il ne reste que l’amour.

 

Et tandis que je couche ces lignes sur mon cahier en attendant le début de l’embarquement, je ne peux m’empêcher de verser une larme d’émotion lorsqu’un petit bonhomme d’à peine 2 ans vient vers moi spontanément pour poser sa tête sur mes genoux… A-t-il senti que j’étais en bad ? Où est-ce le proxy réincarné de Kayleen venue me faire un dernier câlin d’au-revoir ?…

 

21.30 Retour à la maison. Shushu est là. Et elle s’est bien lâchée sur les oignons et le tamarin roulé sous les aisselles pendant mon absence, vite, ouvrir en grand les fenêtres avant que je ne lui gerbe dessus.

Aller-retour Paris/Alicante en avion : 1 554 km – 96 €

Aller-retour Roissy en taxi : 66 km – 145 €

Y a pas un truc qui cloche ?!?!!

FORWARD

« Cuando me aqui ? » est à peu près toute l’étendue de mon espagnol. Il paraît que cela ne veut rien dire en plus, me voilà mal barrée. Ah si, j’ai aussi « Hasta la vista, baby »… Pas mieux.

 

Mercredi 23 novembre 2022

11.50 Je viens d’atterrir à Alicante. Ai quitté Paris ce matin sous un crachin polaire pour me retrouver au soleil et 25°. Yeepa.

2 petites heures à tuer en attendant Zane qui revient de Johannesburg. Je grignote alors tranquillement mon sandwich végétal sur une banquette dans le hall des arrivées en échangeant des textos avec Bradley.

C’est bien, ces « temps perdus », ça permet de réfléchir, de laisser l’esprit bagauder sans contraintes et peut-être de dégager l’essence de ce qui doit être retenu. Très peu donc de temps morts dans cette période particulièrement dense, je n’ai rien vu passer d’octobre ni de novembre.

Et pas eu le temps, de toute évidence, de distiller ce qui se passe avec Bradley. Pas seulement la fois où l’on s’est revus après plus d’un an, mais également tout ce qui s’est enchaîné ensuite jusqu’à aujourd’hui…

Une question me taraude : un ex qui revient, on appelle ça un « re » ?…

Je l’ai pressenti à la seconde même où j’ai décroché le 21 octobre dernier, il a bel et bien changé et c’est effectivement son « moment ». Sa prise de conscience. Et par une coïncidence inespérée, c’est la mienne aussi.

Il y a bien eu cet acte manqué de ma part… J’avais tellement à cœur de lui faire partager mon quotidien que je lui ai donné l’accès à mon blog, à la partie Bichette 2.0 [Reboot]. Sans penser qu’il puisse trouver le chemin jusqu’à l’ancienne version, celle dans laquelle je me suis épanchée à son propos plus que vertement. Mais il l’a trouvé.

Il a tout lu. J’étais horrifiée quand j’ai entendu ses larmes au téléphone. Il m’a demandé pardon encore une fois. M’a dit qu’il n’avait pas réalisé avoir été un tel abruti avec moi, qu’il s’en voulait terriblement de m’avoir conduite à ressentir ça de lui, et qu’il espérait de tout cœur que je ne lui en veuille pas.

Je ne suis pas d’une nature rancunière, et en ce qui le concerne, je dois bien reconnaître que j’ai la rancune d’un poisson rouge. J’ai cependant une mémoire traumatique qui, même si elle ne guide pas mes pas (de fuite !), me fait désormais affronter les choses potentiellement dangereuses pour mon équilibre émotionnel, en mode Walkyrie. Car c’est fini, je ne me laisserai plus faire.

Je n’ai pas oublié l’ignoble individu qu’il a pu être avec moi. A vrai dire, je reste un peu sur la réserve, je l’observe, mine de rien et je sais qu’à la première incartade, je lui volerai dans les plumes. Confiante et méfiante à la fois.

Mais jusqu’à maintenant, je dois dire que ça va. Il est même l’antithèse de lui-même d’il y a 2 ans. Il me surprend. Par sa bienveillance, non-feinte, par le réel intérêt qu’il semble me montrer, par ces mots que je ne connaissais pas dans sa bouche, par ce je-ne-sais-quoi d’apaisant et d’apaisé, par cette soudaine candeur dont j’ai longtemps souhaité qu’il se revête…

Bref, le voilà détendu du string, et ça lui va bien.

Alors, ce n’était pas mon intention de le blesser avec mon blog mais c’est finalement peut-être une bonne chose qu’il l’ait lu. De son propre aveu.

Joan m’a dit « You can love someone but you don’t like him » et ça a fait tilt : c’est exactement ça que je ressentais pour lui il y a 2 ans, d’où le “Toi et moi, on n’est pas amis”… Aujourd’hui, je me surprends à le « liker » et l’on partage une connivence que je n’aurais jamais pensée possible nous concernant.

Est-ce cela, le véritable amour ? Le Love et le Like en même temps ?…

Est-ce aussi une question de timing ? J’ai toujours été grande fan de cette histoire qui, dans notre cas, colle parfaitement à la réalité : deux personnes se rencontrent, vivent une histoire, l’un des deux pour x raison n’est pas prêt, ils se séparent. S’ils ont de la chance, ils se retrouvent des années après et là, c’est l’autre qui n’est pas prêt, ils se séparent à nouveau. S’ils ont énormément de chance, ils se retrouvent encore des années plus tard et miracle, les deux sont prêts.

Bradley et moi sommes donc extrêmement chanceux. Saurons-nous le reconnaître et en faire quelque chose ? Bref, les choses entre nous s’incrémentent petit-à-petit, sans crispations. C’en est même bluffant de naturel.

On parle beaucoup. Le classique « de tout, de rien » mais également et surtout, des choses importantes, de ce que l’on ressent, de ce que l’on veut et ne veut pas, des erreurs du passé et des leçons tirées. C’est d’ailleurs lui qui aborde ces sujets la plupart du temps.

Chez moi, il y a toujours les quinze couches de sédiments à traverser avant d’atteindre le noyau, un filtrage incontournable perfectionné au cours d’une vie de blessures, et rebelote dans l’autre sens lorsque je dois restituer, mais je fais réellement des efforts pour accélérer ces deux process.

Ainsi, lui et moi parvenons désormais à échanger sur un niveau de complicité et de respect jamais atteint.

Et l’on en est venu à la conclusion que cette histoire d’amour qui défie le temps, ce foyer patiemment construit et nourri au fil des ans, bah c’était notre histoire. 25 ans avec un gap de 20 ans pendant lequel, lui comme moi, avons emprunté d’autres chemins, nous nous sommes faits d’autres choses pour au final nous retrouver, changés, mais intacts dans ce qui nous lie.

C’est même une chance inouïe. Combien de ces « vieux » couples, de nos temps, perdure ? J’ai des exemples autour de moi à faire se contorsionner de douleur les pages du livret familial… Mais la longévité est-elle aussi importante, en fait ? Détermine-t-elle la qualité et l’intensité d’une histoire ? J’imagine que cela dépend de chacun en son for intérieur.

Les mœurs ont changé. Les possibilités presque infinies de se faire, de se défaire et de se refaire, les sollicitations de toutes parts à chaque instant du jour et de la nuit – et si l’herbe était réellement plus verte à côté ? – l’ultra consumérisme où l’on jette plutôt que l’on répare, l’institution du mariage qui n’a plus d’institutionnel que la recherche de la robe parfaite et d’un menu 5 plats qui convienne à tous les invités…

Au 21ème siècle, on a le choix, on est libres. On peut se tromper et ce n’est pas la fin du monde. On ne veut que le meilleur, quant au pire… mais comment peut-on signer pour ça ?!? Bref, on a réussi sa vie si l’on a eu trois enfants, deux mariages, un voire deux divorces, le tout ponctué d’une ou plusieurs périodes de libertinage, comme une récompense après des années de séquestration sentimentale.

Je ne juge pas, j’ai fait partie du club. A part les enfants. Tiens, aurais-je fait, été autrement si j’avais eu un enfant de Bradley à l’époque, ou de Sean, ou de tout autre homme, d’ailleurs ? Aurais-je accepté l’inacceptable et/ou le médiocre si j’avais eu un enfant ? Me serais-je battue pour faire que cela marche avec le père ?

Moi, la mère-louve qui ne voit que l’intérêt de l’enfant, j’avoue que je ne sais pas. Car un enfant sera toujours plus équilibré avec des parents séparés mais heureux, qu’au sein d’une famille qui se déchire. Mais bon, la question ne s’est jamais posée et ne se posera jamais, désormais.

Pour en revenir aux couples qui durent, c’est pour Bradley quelque chose d’important qu’il envie particulièrement. Il est même très amer au regard de ses relations, si belles et intenses fussent-elles, qui n’ont pas duré sur le long terme. S’apercevoir que notre histoire à lui et moi, même si à parenthèses, était en fait le fameux Graal qu’il recherchait, a certainement été un déclic pour lui. Tout comme cela l’a été pour moi.

Fidèle à moi-même, pourtant. Je vis dans l’instant. A fond. Pas par peur de me projeter mais par choix. On a beau faire des plans sur la comète au doigt mouillé, la vie, pour moi en tout cas, est une succession de moments dont il faut savoir saisir et absorber toute la quintessence. En cela seulement, réside la difficulté. Vivre chaque chose quand elle survient, et pas avant ni après.

Pas que les bonnes, les mauvaises importent aussi. Il n’y a pas de ténèbres sans lumière et vice et versa. L’équilibre de l’univers. Bref, se dire que l’on est là, à ce moment précis, que l’on est en train de vivre quelque chose d’unique car éphémère, sans regretter l’avant ou espérer l’après. Plus qu’un art de vivre, plus qu’un mantra pour moi, c’est ce que je suis fondamentalement.

Alors, je frétille de trac et d’envie lorsque je vais le voir et je rayonne quand il est là. Les fameux papillons dans le ventre, j’aime ça. Je les revendique, même. Ils disparaîtront un jour peut-être, ou pas, pour laisser la place à leur upgrade, ou pas, peu importe, la sensation est délicieuse et encore une fois, parfaitement en symbiose avec celle que je suis.

Lui dit qu’il les a ressentis, ces fameux papillons, pour moi il y a 25 ans mais plus aujourd’hui. Car il est entré dans le dur, dans les fondations, le gros œuvre, quoi. Il « construit » son amour. Pour qu’il dure.

On diffère à ce sujet, sans être incompatibles. Les sentiments, qu’ils soient bleus, verts, rouges, à paillettes ou en imprimé léopard, s’ils sont là, mutuels, c’est tout ce qui compte.

Je vivrai donc les choses avec lui comme et quand elles se présenteront, quelles qu’elles soient.

Aussi, lorsqu’il m’a dit à la fin du dernier week-end passé ensemble (chez moi et Shushu avec ses boules Quiès :D) :

« OK, reprenons le chemin ensemble. Sans feuille de route, comme tu l’as dit. Je ne sais pas où cela nous mènera mais on verra bien. »

J’ai eu comme un cri du cœur : « Ah mais moi, je sais, c’est droit devant ! »

Zane m’a dit que ce mot « devant », en anglais « forward », me définissait entièrement. C’est tellement vrai !

A Walk In Heaven

JOURNAL

Samedi 7 mai 2022 – Jour J

Bien arrivée !!! Mais à quel prix…

De toute ma vie, j’ai fait des voyages assez pourris mais de l’envergure de celui-ci, c’est une première !

Cela a commencé dès l’enregistrement à Roissy. Soit-disant je n’avais pas de bagage en soute compris dans mon billet. Ma confirmation Opodo qui montrait 1 bagage soute + 1 bagage cabine agitée sous le nez de l’olibrius de DELTA n’y a rien changé, j’ai dû payer 60 € pour ma valise.

Puis, j’ai voulu acheter des dollars. Mauvaise idée à l’aéroport ! Je croyais que l’euro était plus fort que le dollar ?! Bref, dépitée et rackettée de 120 € en tout avant même que je ne parte.

Et le pire siège de l’avion : rangée du milieu, au milieu, entourée de gros lourdauds de Français qui parlent fort et picolent de la 1664 en rotant allègrement. Impossible de piquer un roupillon, heureusement que la sélection de films était bien, je me serais suicidée sinon.

Escale à Salt Lake City : panneaux d’affichage qui indiquent la Gate B2 pour mon connecting flight pour Bozeman, soit à l’autre bout de l’aéroport, une petite randonnée de 3 km. Et quand je vois « San José » à la Gate B2, j’ai envie de pleurer. Bozeman, c’est la Gate A9. Mais quelle bonne blague !!!

Et je ne peux même pas m’en griller une dans une Smoking area bah parce que y en a pas. Après 11 heures de vol, j’ai juste envie de tuer quelqu’un.

J’arrive enfin à Bozeman, il fait 2° hahaha mais pas de neige pour l’instant. Je vais pour récupérer ma voiture de loc, la nana d’AVIS me dit qu’elle est garée en G-3 au second lobby en haut de l’escalier… Je regarde ma valise qui pèse un homme mort, je me dis qu’il doit bien y avoir un ascenseur, mais non !

Donc là, je n’ai plus de pieds à cause de la rando à Salt Lake City et je viens de laisser mes épaules dans l’escalier du parking d’AVIS. Les temps sont durs pour les fibromyalgiques.

Et que dire des 45 minutes passées à essayer de démarrer la voiture ? Bon okay, c’est moi qui suis con. Mais « Start and go », mon c*** ouais !!! Il est où, le bon vieux temps où il fallait juste tourner une clé pour démarrer, hein ?! Bref. Heureusement que la nana d’AVIS s’est pointée sur ce parking désert, sinon, j’y serais encore.

Et me voilà partie. Au son du GPS qui me fait prendre un sens unique juste devant une voiture de police, heureusement vide à ce moment-là… Bon, j’ai une petite heure de route jusqu’à Ennis, je concentre toutes les neurones qu’il me reste malgré ce fichu mal de crâne qui ne me quitte pas depuis Salt Lake City.

20.47 heure locale, j’arrive au Sportsman’s Lodge à Ennis. Le staff est aussi sympa que leurs cabines sont pourries. Rigolotes dans leur déco mais pas du tout insonorisées. Le couple juste à côté m’en a fait la démonstration… toute la nuit ! No comment, à part vive les boules Quiès.

Sans compter l’autre voisin de cabine qui m’a crié « GO AWAY !!!! » quand je me suis trompée de porte, l’ambiance est comment dire, pas fun du tout. Sauf Sachel qui est venu me saluer tandis que j’en grillais une sur le pas de la porte. Un « hillbilly » des montagnes avoisinantes qui cultive du tabac, de la beu et qui fait ce qu’on appelle ici du « moonshine » cad un alcool de contrebande.

« Do you want to party ? I can sell you CBD or plain weed if you want… And we are now watching the MMA finals on TV, come on and join us, we have great local beers here!” Thanks, man, tout ce que je veux, ce sont des ibuprofènes pour éléphants pour passer ce p*** de mal de tête. Et dormir.

Dimanche 8 mai 2022 – J+1

Ce que j’ai fait (avec les boules Quiès). Mais j’ai toujours autant mal à la tête. Cela n’augure rien de bon pour aujourd’hui. Je vais essayer d’aller au Madison Foods à côté, histoire de faire quelques emplettes (parce que les pancakes pleins de gluten au petit-déj, bah…). Mais rien de transcendant au programme aujourd’hui.

Ce qui me fait me dire que peut-être, il s’agit là de mon dernier voyage aux USA. Je ne saurais dire si c’est parce que j’ai fait un voyage de m*** et que j’ai trop mal à la tête pour penser clairement ou si c’est parce que je sens au fond de moi que je n’ai plus l’émerveillement et l’enthousiasme qui me nourrissaient jusqu’à lors quand je venais sur ces terres.

Au point de me dire que j’ai été stupide de réserver 2 semaines, une seule aurait suffi. Bref, on verra bien.

Ah oui, j’oubliais : aucun de mes 2 téléphones ne fonctionne ici, mon vieux coucou comme mon burner phone HAHAHA !!!

Houston, on a un problème : je crois qu’en plus de tout ça, je fais une intoxication alimentaire ! A en juger par la galette que je viens de faire, façon L’Exorciste, et cette impression de malaise qui ne me quitte pas. Et je sais d’où ça vient.

Hier avant de partir, je me suis fait des petits sandwiches sans gluten pour dans l’avion. Que j’ai effectivement mangés quand on passait au-dessus de l’Atlantique Nord vers 17.00 heure de Paris. Ils sont donc restés dans mon sac une douzaine d’heures… Bah je n’aurais pas dû.

Bon, je ne m’en prends qu’à moi-même mais c’est moche, et ça va avec la malédiction que ce voyage semble trimbaler depuis le début. Bref, si je ne peux plus manger de tout le séjour, d’une je perdrais mes kilos en trop,  et de deux je ferais des économies. Ça c’est moi, philosophe. J

Je reviens d’un petit tour « downtown »… sous la neige. Quelques courses au Madison Foods, 3 cartouches de Marlboro Black, ce qui cela dit n’est plus une affaire comme ça l’était avant à 80 balles la cartouche, un hello au Tackle Shop pour ma journée de pêche mardi – ils ont bien essayé de m’appeler hier mais bon – et une Veggie Omelett & Hash Browns au Yesterday’s Café, qui est donc repartie dans les toilettes…

Me voilà donc en vrac sur mon lit avec la forme et l’âme d’un rat mort. Je me dis que c’est chouette de faire 10.000 km pour ça.  Et tiens, maintenant c’est une tempête de neige dehors. Décidément. Bon tant pis, roulage en boule.

Lundi 9 mai 2022 – J+2

20 cm de neige, -7° ambiants… Mais que vais-je bien pouvoir faire aujourd’hui ? La question me taraude depuis mon réveil à 6.00 du mat. J’aurais aimé dire « fraîche comme une rose » mais je ressemble plutôt à une vieille laitue au fond du frigo, après cette longue nuit pas réparatrice du tout. Mais j’ai arrêté de vomir, c’est déjà ça.

Du coup, je me tâte et me re-tâte. Les trails que j’avais repérés sont fermés en raison de la météo, pas un seul ciné, un shopping mall ou un quelconque bidule à visiter dans le coin, je me sens un peu désemparée. Bon, déjà, je vais aller manger un truc parce que j’ai faim.

Quelle mauvaise idée ! La Winter Salad Raspberry Dressing et les Mozzarella Sticks repartent comme ils sont venus. C’est vraiment la poisse, quand même ! A peine 2 jours que je suis ici et tout me pousse à rentrer chez moi, et quelque chose me dit que ce n’est pas fini, pffffff…

Bon, je ne vais tout de même pas refaire une journée en croix sur le lit, si ? Allez, je me motive sérieux et je décide de partir faire du « drive-shooting », cad rouler en voiture tout en prenant des photos. C’est nul comme activité mais bon.

Mais j’avoue que je ne me suis pas mal débrouillée. Même si les plus beaux points de vue étaient noyés dans le brouillard de neige. Pas sûre de gagner le Pullitzer avec ça mais ça m’a permis d’oublier pendant quelques heures la déconfiture de ces 2 jours. J’en ai pris plein les yeux. Magnifique.

Pis je me suis arrêtée acheter des fruits, vu qu’il n’y a que ça qui tienne dans mon estomac, j’ai voulu payer avec ma Visa et là : « Paiement refusé » !!! Bah tiens. Sitôt rentrée, je fais un mail à mon banquier, il a intérêt à régler ce problème et vite, sinon je vais être dans la deep shit dans pas longtemps !

Ça s’accumule. Pour un voyage censé être paradisiaque, c’est sûr que pour l’instant, je n’en ai vu que les coulisses ! C’est bizarre, je l’ai senti dès le début. Bon, allez, demain c’est pêche à la mouche avec James du Tackle Shop. Toute la journée en waders dans la Madison River, c’est 100% kiff assuré. Normalement.

Non, je ne vois pas quelle autre avarie je pourrais subir. Tomber à la baille avec l’appareil-photo, le passeport et tout et tout ? Me faire attaquer par une truite géante ? Ou me planter un hameçon dans le nez ?

Allez, faut pas que je psychote. J’en ai tellement rêvé, je l’ai tellement attendue cette journée de pêche, ça va être fantastique. Si seulement on pouvait avoir un brin de soleil…

Mais au vu des grêlons qui se sont mis à chanter sur les toits en tôle et de la neige qui s’est remise à tomber, je ne peux que soupirer de désillusion.

Mardi 10 mai 2022 – J+3

Gosh I had a great day ! Happy birthday to me and see you in 10 years !

Mercredi 11 mai 2022 – J+4

Je commence à me dire qu’il n’y a pas dû avoir que mes sandwiches avariés pour me rendre malade comme je le suis depuis que je suis arrivée. Peut-être que le veggie curry qu’ils m’ont servi dans l’avion y est pour quelque chose aussi. C’est vrai qu’il avait un drôle de goût…

Toujours est-il que j’ai décidé d’écourter mon séjour, je rentre en France ce dimanche. Je suis malade comme un chien, j’en suis même à me demander si je ne vais pas devoir aller au medical center… A défaut de beaux pompiers, y aura peut-être de beaux docteurs, hein les filles ? J

Je serais bien rentrée plus tôt encore mais j’ai une réservation à Kalispell que je perds si je n’y vais pas. Bref, je vais me gaver d’Advil et de Gaviscon et continuer de me sustenter avec des myrtilles. Comme les ours.

Allez, c’est parti pour 300 miles de route vers le nord.

Mercredi 11 mai 2022 – suite

Bah c’est long. Surtout qu’on n’avance pas sur ces routes américaines. Mais les paysages sont à couper le souffle. J’en ai fait des « WAOOOO !!! » et des « OMG !!! » la preuve en photos (je deviens une pro du drive-shooting, moi)…

Kalispell. Ville-champignon du temps de la ruée vers l’or. Ils en vendent d’ailleurs à tous les coins de rue. Ainsi que des diamants, des saphirs… Je sais, c’est local, mais je n’ai pas le budget.

Ça me fait bizarre de retrouver la civilisation. Des carrefours et des bouchons. Des boutiques, des Starbucks, des Walgreen et… un Asian Buffet ! Et le motel où j’ai réservé est pourrave comme je les aime. Bagdad Café pour ceux qui connaissent. Y a des traces suspectes sur le dessus de lit, la robinetterie est blanchie de calcaire, les bouches d’aération n’ont jamais vu un plumeau de leur vie… Faudrait pas que je sois femme de ménage ici, je pleurerais ma race !

Mais bon, dans l’ensemble, c’est correct. Pour le prix. Allez hop, je dépose mes affaires et je file voir le « Unique Addiction Tattoos » pour prendre rdv. C’est à 400 mètres à tout casser mais – et c’est là que l’on comprend que l’infrastructure aux USA n’est absolument pas faite pour les piétons – il faut traverser 2 carrefours au pas de course et se taper des trottoirs défoncés que personne ne foule, à part les touristes européens benêts comme moi.

Personne, donc, ne se vautre en butant contre une dalle explosée. Sauf moi. Une gamelle d’enfer. J’y ai laissé un genou. Hier aussi, je me suis vautrée mais c’était dans l’eau, ça fait moins mal.

Bref. Le mec du tattoo parlor, un grand costaud tatoué jusqu’aux oreilles aux anneaux incrustés dans le lobe, me fixe rdv demain après les business hours, cad à 19.00. Vu le projet, je vais y passer ma soirée mais bon, deal. C’est pas mal finalement, ça me laisse toute la journée pour faire un tour au Glacier National Park…

En ressortant, j’ai envie d’explorer un peu le « quartier ». Une bonne heure et demie de balade, le nez au vent, l’appareil-photo en mitraille, je rentre toute guillerette au motel.

Avec toutefois des ampoules aux deux pieds et un genou comme un steak. Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’hématome, car je commence à douiller sévère…

Décidément, un mal en chasse un autre. Moi qui me disais justement que mon estomac semblait aller un peu mieux aujourd’hui (pas vomi le veggie burrito du Taco Bell à midi)…

Allez hop, en pyj, grande journée demain. En espérant que je puisse marcher.

Jeudi 12 mai 2022 – J+5

Balade au Paradis. Pas d’autres mots pour décrire la journée d’aujourd’hui. Ça vaut bien toutes les mésaventures du monde.

Même mon genou qui a doublé de volume dans la nuit. Même mon épaule à moitié luxée. Ah oui, j’ai découvert ça ce matin au réveil : ma gamelle d’hier était bien plus violente que je ne le pensais…

Boaf. J’en ai marre de m’apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas morte (pas encore) et ça se termine dans deux jours, donc je préfère en rire. Et pis, de quoi je me plains : I AM IN HEAVEN !!! 🙂

Vendredi 13 mai 2022 – J+6

Il fait moche aujourd’hui. Et froid. J’ai une journée à tuer. Comme je n’ai pas envie de la passer en croix sur mon lit et que la perspective de faire 320 miles demain à 4.00 du mat me tente encore moins, je pars à midi pour me rapprocher de l’aéroport de Bozeman : ce soir je dors à Helena, la state capitol du Montana.

Et vendredi 13 ne me fait pas peur : déjà tout subi depuis une semaine !

Samedi 14 mai 2022 – J+7

Cela fait à peine une semaine que je suis là et j’ai l’impression que ça fait 6 mois ! Comme si le temps s’était délayé à l’infini. Comme les distances, qu’est-ce que c’était long la route hier, encore une fois !

Sous des averses de grêle dans les cols de montagne et un blizzard glacial tout du long. J’ai bien crû un moment que ma petite Nissan Kicks allait s’envoler et atterrir au milieu des vaches Angus, bien placides dans leur « meadow »…

Bref, bien arrivée à Helena, dans un motel encore plus pourri que les précédents. « America’s Best Value Inn », sacrées valeurs, dites donc : décrépi au possible, les serrures défoncées, le café-chaussette gris-clair (doivent repasser au moins 3 fois le même poach de café), et la propreté, comment dire, des traces suspectes de partout, du ketchup sur les murs jusqu’au plafond (j’espère d’ailleurs que c’est bien du ketchup)…

Et bien sûr, pas du tout insonorisé. Je crois que c’est le pire, en fait. On entend tout comme si l’on était dans la même pièce. La télé, la toux, les crachats, les toilettes, avec un bonus cette fois-ci, mon voisin cette nuit (et encore maintenant) : « Stop it !!! » « God damn it get away !!! » « Lay down !!! »… Je suppose qu’il braille sur son chien…

Bref, passons sur cette Palme d’Or de la catégorie « C’est pas cher et vous savez pourquoi ». En tout cas, je me félicite de mon initiative de partir hier, comment j’aurais pleuré à 4.00 ce matin à faire toute cette route !

Là, il ne me reste qu’une petite heure et demie jusqu’à l’aéroport, en petites foulées, donc. Je drope la voiture à 11.30, mon vol est à 14.14 avec une escale à Minneapolis et j’atterris à Roissy dimanche à 10.55. (et ils ne m’auront pas une deuxième fois, j’ai un gros paquet de Cheetos Puffs au cheddar pour dans l’avion, je les attends de pied ferme avec leur curry funky !)

 

J’ai hâte. Rarement j’ai eu ce mal du pays, c’est plutôt le contraire, surtout lorsque je reviens des US. Je ne comprends pas trop, en fait. Ce qui s’est passé, ce que j’ai ressenti. Il va falloir que je processe tout ça en rentrant. Et pour ça, j’aurais bien besoin de ma semaine OFF.

J’ai, quoiqu’il arrive, des images d’une beauté incroyable gravées dans ma mémoire, et même si je pense que les grands voyages ne sont plus pour moi désormais, je ne regrette en aucun cas mon « Walk In Heaven ».

SINGAPORE

« I got Singapore ! »

Texto de Sarah-Jane hier soir à 22.54. WAY TO GO GIRL !!!!

 

Mercredi 16 novembre 2022

Interview vendredi matin, juste avant que je vienne la chercher, pour une mission de 9 mois à l’autre bout de la planète… Elle aussi en avait ras-le-pompon de son job qui ne l’épanouissait pas le moins du monde, donc, je suis très heureuse pour elle.

En aurais-je fait de même ? Partir à l’aventure à 10.000 km dans un pays radicalement différent de tout ce que je connais ? Non. En tout cas, pas en Asie. Je suis définitivement une Western Gal. Alors, les US, pourquoi pas, c’est chez moi, et encore. Car mon dernier séjour en mai dernier m’a, je crois bien, vaccinée…

J’ai tenté la Normandie, déjà, c’est assez exotique comme ça pour moi.

Sarah-Jane est l’aventurière que j’aurais aimé être, la globe-trotteuse qui parcourt la terre entière en se sentant chez elle partout. Comme Zane. Se déraciner, s’émigrer, se disséminer de par le monde, c’est quelque chose qui m’a toujours fascinée. Avec force WOW et YEEHA en moi. Et une pointe de trouille, aussi.

 

10.19 Allez, j’arrête mes rêvasseries, j’ai un mail ultra important à envoyer, suite à la conversation que j’ai eue hier avec Kevin… Le passé ressurgit et malgré mon acharnement à le repousser aux oubliettes, ma droiture d’esprit prévaut, je ne peux plus faire l’autruche.

 Bonjour à tous,

 La vie ces 2,5 années passées n’a certainement été simple pour personne, entre le COVID, l’inflation et les drames personnels de chacun…

J’ai eu mon lot. Notamment avec la perte de ma mère qui m’a laissée sur le carreau pendant un long moment. Puis, après un an au RSA, j’ai retrouvé un boulot, pas de quoi fouetter un chat au niveau paie, à peine de quoi payer le loyer.

Mais dans 3 semaines, je commence un nouveau boulot avec cette fois-ci une vraie paie, ce qui va me permettre d’envisager l’avenir de façon un peu plus sereine.

Kevin aussi a bien galéré, impacté de plein fouet par la crise bien connue du domaine de la restauration. Mais il a réussi, comme moi, à s’en sortir en acceptant récemment un poste de Chef Exécutif dans une belle maison sur Paris.

Et comme nous ne vous avons pas oublié – malgré le manque de news pour lequel vous voudrez bien nous excuser – et que désormais toutes les conditions sont requises, il est temps pour nous de commencer à épargner chaque mois pour le remboursement de notre dette.

Nous avons conscience que ce n’est pas idéal mais c’est la seule possibilité, car ni moi ni Kevin ne pouvons contracter de prêt. Ainsi, nous proposons un échéancier annuel de 15 ans dont la quote-part de chacun sera envoyée par email à part, avec le versement de la 1ère annuité fin décembre 2023. 

Tout ceci, bien entendu, sous réserve de stabiliser nos emplois respectifs (Kevin vient de commencer et moi c’est une mission d’intérim long censée se convertir en CDI) et de ne pas rencontrer d’autres avaries financières majeures…

Ou, sait-on jamais dans le monde aléatoire des primes ^^, on pourra peut-être parfois rembourser 2 annuités d’un coup… Quoiqu’il arrive, soyez assurés que nous faisons notre possible, cela va prendre du temps mais nous ne nous défilerons pas. 

Un immense merci pour votre compréhension et votre patience.

Bichette & Kevin

 

J’aurais pensé que cela me minerait mais je me surprends moi-même par l’aplomb bonhomme avec lequel j’ai géré l’affaire. C’est juste que de replonger dans cette période si sombre de ma vie, c’est comme d’entrer dans un caveau mortuaire : ça caille, ça pue le moisi et c’est pas fun du tout.

Allez zou, ça, c’est fait.

 

Bon, je dis à Shushu que la coloc avec Sarah-Jane n’a plus lieu d’être ?… Eh bah non. 🙂

FÊTE DE LA ST JACQUES

« Je n’ai pas bien compris, tu peux répéter ta question ? »

Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans « Quand est-ce que tu te tailles ? »

 

Jeudi 10 novembre 2022

Je suis rentrée plus tôt car il n’y avait plus que Bob et moi au bureau, à cause des grèves « Vas-y Bichette, je ne vais pas te garder pour rien » merci, j’ai filé prestement. Pour trouver Shushu pas encore partie. Apparemment, certains de ses cours ont sauté, à cause des grèves là aussi.

Sitôt arrivée, elle me saute dessus, affolée :

  • Oh la la, il y a eu un accident avec le congélateur… J’ai débranché la prise où il y a ton diffuseur parce que ça me donnait mal à la tête mais je n’avais pas vu que le congél était branché dessus… Il est resté débranché 24h, je l’ai rebranché et…
  • C’est la piscine ?? (punaise mon parquet !!!)
  • Euh non mais ça a collé les tiroirs et en tirant sur l’un deux, bah j’ai cassé la poignée en plastique… Je me suis coupée, regarde ! (ça va, j’arrive même pas à la voir, ta coupure)
  • Ouais bon, tout ce qui était dedans est bon à jeter, quoi.
  • Non, j’en ai mangé à midi et ça va. (je ne t’emmène pas aux urgences, je te préviens) Mais bon, si tu veux remplacer le tiroir car c’est dangereux, c’est coupant, désolée…

Bah voilà, t’avais qu’à foutre la paix à mon diffuseur, dont je ne peux plus me passer à cause de ta bouffe qui pue.

Bon, faut qu’on parle toutes les deux. Comme elle n’a pas l’air de vouloir partir (elle a encore bourré mes placards avec ses trucs, genre je m’installe pour de bon) et que plus ça va, moins je la supporte, il est temps que je la recadre.

Cela dit, depuis un mois, elle a fait des efforts. A part le diffuseur. Plus de potée au chou à la taïwanaise à 23.00, plus de réflexions à deux balles dans les gencives. En même temps, on ne se voit pas. Bref, oui, y a du mieux, mais ça n’empêche qu’il faut qu’elle prenne la tangente.

Donc ce soir, c’est l’occase pour lui parler :

  • Tu as des nouvelles pour ton récépissé ?
  • Oui, j’ai pris la décision de prendre le risque de partir à Taïwan fin décembre. Mon avocate m’a dit que j’avais pratiquement zéro chance d’être embêtée à la douane en revenant. (c’est ce que je t’ai déjà dit mais bon)
  • Je parlais de tes papiers.
  • Ah euh non, pas de nouvelles.
  • Et tu partirais de quand à quand ?
  • C’est pas encore fait, il faut que je trouve un ou une remplaçante pour mes élèves et pis les billets d’avion sont horriblement chers… Mais idéalement du 20 décembre au 22 janvier.

Là, je respire un grand coup et je tente :

  • Sinon, tu as commencé à chercher un autre appart ou une coloc ?
  • Euh je ne comprends pas ta question…
  • Bon, j’ai une amie qui est à la rue fin décembre à qui j’ai proposé la coloc avec moi…
  • Ah ? Mais on va faire une coloc à 3 ?

C’est pas gagné. Je lui mets les points sur les i et elle me rétorque : « Alors, tu préfères vivre avec ton amie plutôt qu’avec moi ? » Comment te dire ? Même si l’amie en question, Sarah-Jane, ne m’a pas confirmé et donc que je m’en sers lâchement comme alibi, oui, y a pas photo.

  • Oui, je me suis engagée.
  • Oh mais elle peut venir quand je serai à Taïwan.
  • Oui, et ensuite ?
  • Elle va trouver autre chose ? C’est pour la dépanner, non ?
  • Bah non.

C’est bien ce qu’il me semblait, elle n’avait pas l’intention de bouger prochainement. Heureusement que j’ai secoué le cocotier. Bref, on parvient tant bien que mal à se mettre « d’accord » sur la date de fin janvier, début février.

  • C’est pour ça que je t’en parle dès maintenant, que tu commences à y penser.
  • Oui mais pour mon récépissé si je change d’adresse ?
  • Je te ferai une attestation d’hébergement jusqu’à ce que tu aies ton récépissé, pas de problème.
  • Oh la la, quand je pense au temps pour faire mes cartons…
  • Je t’aiderai, pas de souci. (avec grand plaisir, je te paye même le papier à bulles !)
  • C’est gentil. Bon, ça fait beaucoup de choses à penser à la fois.

Et j’en rajoute une couche :

  • Sinon, pourquoi tu ne prendrais pas un box de stockage car apparemment tu peux te faire loger par des amis ?
  • Je n’ai pas de voiture…
  • Mais je t’aide, ne t’inquiète pas ! J’ai même des amis qui pourront venir aider !

Ça me semble une très bonne idée, ça. Je vais lui suggérer pour avant qu’elle ne parte à Taïwan, des fois qu’elle ne revienne pas ensuite et que je me retrouve avec ses affaires sur les bras…

 

Pfffiou ces ergotages sans fin m’ont épuisée. Heureusement qu’elle est partie donné ses cours du soir pour que je me retrouve un peu. Et pis, j’ai pas que ça à faire, notamment ma valise pour mon week-end prolongé que je vais passer en Normandie chez Miles et Joan pour la Fête de la St Jacques.

Je pars demain en fin de matinée, je passe prendre Sarah-Jane justement, la fille de Miles et Joan, ainsi que quelques-unes de ses affaires pour les emmener chez ses parents en avance de phase de son déménagement.

Oui, je lui ai proposé de venir vivre chez moi lorsque sa coloc à elle l’a plantée, l’obligeant à rendre son appart en fin d’année. Oui, pour rendre service et parce que j’en ai marre de Shushu. Même si dans mon for intérieur, je rêve de me retrouver enfin seule chez moi…

Moi et mes contradictions à la con !

 

Le Normandy Beach. C’est toujours mon point d’ancrage, my second home. Il y a bien eu cet accident cet été, une horreur absolue dont j’ai encore aujourd’hui du mal à parler. Cette vision d’épouvante m’a longtemps hantée. Même trois mois plus tard, quand j’y repense, je prends un coup de poing en pleine poitrine.

Mais bon, je me suis battue pour ne pas associer au fond de moi le Normandy Beach à ce trauma, life goes on, so should I.

Quant à Miles et Joan, ils n’ont pas eu d’autre choix que de mettre leur douleur de côté car débordés par le B&B. En effet, le Covid ayant lâché sa chape de plomb, ils ont fait le plein cette année avec leur clientèle habituelle mais aussi avec de nouveaux clients dragués par leur tout nouveau site web dont j’ai achevé la refonte juste avant l’été.

Donc oui, le Normandy Beach sera toujours solaire en moi.

https://www.normandybeachbnb.com/

 

ANTICIPATION

Bonjour,

J’espère que vous allez bien. Dans l’optique d’optimiser ma prise de poste le 5 décembre, je voudrais anticiper ce qui peut l’être et souhaiterais, si vous le permettez, que vous me mettiez en relation (par email) avec l’équipe que j’avais rencontrée. 

Je vous mettrai bien sûr en copie et vous-même, n’hésitez pas à me transmettre certains sujets sur lesquels je pourrais vous aider à distance.

Dans l’attente,

Bien cordialement.

Moi dimanche dernier par mail à mon futur nouveau boss…

 

Mercredi 9 novembre 2022

Yep, je n’ai pas l’intention de débarquer le 5 décembre prochain comme une touriste. La réponse ne s’est pas faite attendre et depuis, ça donne ça :

Voilà les contacts.

À très bientôt 

***

Bonjour Bichette,

Ravi que tu prennes déjà les devant ! Nous t’attendons tous avec impatience.

Pour ton information, depuis notre rencontre, j’ai été nommé Site Leader de Paris. On va donc former un binôme de choc avec le soutien de l’équipe « Site Leadership Team » ! Je peux te proposer de nous rejoindre pour notre prochaine réunion d’équipe le Vendredi 18 Novembre à 11h (réunion Teams). Cela pourra permettre de te présenter, qu’en penses-tu ?

***

Par anticipation, je pensais plutôt balayer avec toi et toute autre personne opportune les différents sujets et questions qui vont bientôt devenir mon quotidien 

J’en prépare à cet effet la liste, vos input à tous me seront précieux, merci ! 

J’ai notamment un projet d’event 3 en 1 : cohésion d’équipes / soirée de Noël /ma présentation 🙂

Sinon, je suis navrée, je ne pourrai pas me joindre au Teams du 18 novembre (encore en poste) mais je veux bien ensuite un point sommaire des échanges.

Alors, pas dispo en journée mais dispo le soir, donc si vous planifiez un pot bientôt, je serais ravie d’y participer pour ainsi, de façon informelle, aborder les sujets ad-hoc?

 Let me know and I get back to you ASAP,

Have a great day!

***

Bonsoir Bichette,

Je peux te proposer de passer au bureau le Jeudi 24 Novembre. Nous organisons notre 1er « aperitivo » mensuel entre 16h et 18h. Nous pourrions discuter de tes futurs dossiers. Je pars en général autour de 16h45 les Jeudi donc ce serait top si tu pouvais arriver vers 16h. 

Si ce n’est pas possible, je te propose qu’on se cale un appel le Mercredi 23 Novembre au soir. Avant cette date, ça va être compliqué en raison de mon déplacement aux US la semaine prochaine.

Au sujet de ta suggestion, on pourrait faire ça pour l’aperitivo de Décembre, probablement la semaine avant les vacances scolaires. Notre fête de Noël sera très probablement organisée en Janvier. Qu’en penses-tu ?

***

Les apéros se tiennent tôt, à ce que je vois  😀

Pas de souci sur le principe si ce n’est que ce 24 novembre, ce sera Thanksgiving (très important! ^^) donc je ne serai pas en France (du 23 au 27), navrée…

Mais je peux poser 1 après-midi pour venir vous voir aux dates suivantes :

– lundi 21

– mardi 22

– lundi 28

– mardi 29

Sinon, vous trouverez ci-joint ma fameuse liste de sujets/questions dont j’accueille les retours de tous avec impatience 🙂 Ce n’est pas forcément exhaustif et tout ne sera peut-être pas dans mon giron (plus pour me faire une idée globale) mais je peux déjà avancer et préparer les actions à mener dès mon arrivée.

Let me know!

Très bonne journée à tous.

***

Bonjour Bichette,

Ta liste est déjà assez exhaustive comme ça 😉 Je te propose qu’on la passe en revue ensemble. A ce sujet, est-il possible pour toi de venir un Mercredi plutôt ? Sinon, tu peux venir et on se fera un Teams avec moi en remote et le reste de l’équipe Site Leadership sur place.

Pour les aperitivo, oui, on démarre à 16h pour être le plus inclusif possible car tous ne peuvent pas rester en dehors des horaires « normales » de bureau. L’idée est d’avoir le plus de monde possible.

 Joyeux thanksgiving alors 🙂

A bientôt,

***

Pas de souci, ça n’en laisse que 2, du coup : semaine pro le 16 sinon le 30…

Let me know!

***

Bichette,

On vise le 30 alors car je serai aux US la semaine prochaine.

***

Ça marche!

Tu penses d’ici là que vous pourrez me faire un retour – même succinct – sur ma liste? 🙂

Merci, bonne soirée !

***

Bichette,

Ok, on part sur Mercredi 30 alors, je mets ça dans mon calendrier. J’ai essayé de répondre à ton doc. Il est en PJ.

 

PJ que voici :

anticipation prise de poste EA&OM

Ravie, je suis ! Me voilà presqu’à bord.

GERMAINE

« Hé les filles, on se fait un pot de départ en commun ? »

Je crois que j’ai fait des émules… Cameron en tête, puis Maggie et Yolande… Ces deux dernières à cause de Germaine, notre 2ème ennemie après Shannon avec laquelle elle s’entend très bien d’ailleurs, qui est teubée, bouchée à l’émeri et qui s’avère maintenant être aussi vicieuse que perfide.

 

Vendredi 28 octobre 2022

J’ai de la peine pour Maggie qui subit cette situation délétère dans son service depuis pratiquement le jour de l’arrivée des Vamps, Germaine et Yolande, il y a presqu’un an. Je les avais captées de suite « Mais c’est quoi, ces branquignoles ?! »

Surtout Germaine. Son foin à la place des cheveux orange pétard, son trait d’eye-liner vert sapin sous les yeux limite sur la joue, ses bas-résilles fluos, ses Docks jaunes et ses jupes trop courtes, un style qui, à mon sens, n’a pas lieu d’exister au bureau quand on a 57 balais et que l’on est soit disant Responsable Qualité.

C’est surtout son côté déphasé, lunaire, aux fraises qui m’a faite me dire « Tiens, on embauche des handicapées mentales, maintenant ? »… On a le droit d’être décalé, c’est drôle et rafraîchissant, mais là, c’est à se demander de quelle planète elle vient.

Quant à Yolande, elle est aussi un peu à côté de la plaque mais elle est surtout nian-nian et j’ai beaucoup de mal avec ça. Et son parfum me lève le cœur. Bref, comme j’avais très peu voire pas du tout d’interactions avec elles deux, ça me passait au-dessus des oreilles, en fait.

Mais aujourd’hui, la Germaine qui n’en fout pas une rame, qui comprend que dalle, qui joue les chefaillons insupportables et surtout, qui va baver sur les autres dans le bureau de Shannon au moins 3 fois par jour, bah on en a plus que marre.

Elle se révèle de plus être une vicelarde de première qui est en train de tout faire pour faire virer Yolande et la douce et jolie Maggie et ça, ça me fout en boule. On ne touche pas à mes cops. Comme elle a en plus écorché mon nom dans un de ces mails débiles, je lui garde décidément un gros chien de ma chienne.

 

14.32 Allez, je rentre chez moi pour attendre le technicien de Free qui va installer ma nouvelle box et je repasserai au bureau, une fois terminé, pour fermer après tout le monde. Shannon et son père partant en week-end et Bob étant en voyage d’affaires, je suis la seule à avoir la clé donc je suis de corvée. Et lundi, ce sera la même.

Bref. Que ça fait du bien de rentrer chez soi et de n’y trouver… personne ! Shushu était debout ce matin à 7.00 à fourgonner, à faire sa gamelle – j’ai eu peur à un moment donné qu’elle sorte la poêle et l’autocuiseur – à être dans mes pattes tandis que j’essayais de me préparer pour partir au boulot, et hop, elle a enfourché son vélo. CHOUETTE.

Bon, à moi de préparer mes affaires pour mon week-end. Ça fait une paye que je ne suis pas retournée dans le Nord. Une lubie de Toto. Un go-fast pour moi.