Blog

Manipulateur-narcissique

–  Avoue, elle est cool ta meuf, hein ? Elle cuisine, elle repasse, elle te prête sa voiture, elle aime bien tes gosses et se marrent bien avec eux…

–  C’est vrai. Surtout ça.

–  Bah je n’ai pas la vocation d’une baby-sitter anémique, faut que ce soit ludique avec moi. Mais bon, ce n’est pas parce que ce sont les tiens, je suis comme ça avec tous les mômes.

–  Peu importe, j’apprécie beaucoup que tu t’investisses autant auprès d’eux.

 

Le Bradley qui commence, lui, à s’investir de plus en plus avec moi en me disant que je n’ai pas besoin d’un double des clefs de sa maison dans la prairie puisqu’on sera ensemble… Euh…

 

Jeudi 12 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+22

Comment peut-il passer d’une roucoulade pareille à ce qu’il m’a fait hier sans penser que je tiquerais ?!! Je commence à comprendre que tout ce qui vient de lui me concernant n’est que velléités nappées de poudre aux yeux. C’est un manipulateur. Mais je ne peux pas lui en vouloir vraiment car je le savais déjà. Mais bon.

Il a eu ce qu’il voulait et il fait ce qui lui chante, comme ça lui chante. En trouvant toutes les excuses de la terre pour se défausser d’un truc dont il n’est pas l’instigateur ou qui ne le tente pas. En l’occurrence, cette idée de passer quelques jours en Normandie venait de moi…

Hier matin, juste avant d’aller bosser, je lui file le numéro du Normandy Beach en lui demandant de les appeler quand il part pour qu’ils sachent à peu près vers quelle heure il arrive. Et éviter le pied de grue toute la journée. Je lui demande aussi de m’envoyer un texto au départ et à l’arrivée.

Vers 13.00, n’ayant rien reçu, je l’appelle, en vain. J’envoie un texto, pas de retour. Et à 14.30 :

« Je suis sur la route. Figure-toi que l’alarme dans ma maison déconne et qu’il faut que je me rende sur place. Et je t’avouerais que de remonter ensuite te rejoindre en Normandie pour une journée pour ensuite redescendre dans le Sud, ça me dit moyen. Donc, je pense qu’on va descendre chez Connor direct. »

J’ai bien compris en rentrant hier soir qu’il avait fait ses valises pour trois semaines. Bref. J’appelle alors le Normandy Beach :

–  Have you heard from Bradley today ?

–  Not at all.

–  WTF ?!! I told him to call you, what a jerk !!! I’m so sorry!

19.30 Miles et Joan l’ont probablement attendu toute la journée, je trouve cela d’une incorrection ! Qu’il le fasse avec moi, j’ai l’habitude, on va dire, mais avec mes amis qui lui offraient l’hospitalité à lui et à ses enfants en échange d’un coup de main pour réparer le portail, cela me fout en boule.

Lui justement qui prône la ponctualité et la correction et qui tombe sur le poil des impudents qui ne respectent pas ces règles, quelle connerie. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Et le « Je ne fais pas aux autres ce que je n’aimerais pas qu’on me fasse » combien de fois l’ai-je entendu de sa bouche en me demandant s’il se rendait vraiment compte qu’il ne faisait que ça justement…

Manipulateur. Il a eu ma voiture – il m’a louée celle avec laquelle je pars ce week-end parce que c’était moins cher que s’il en louait une pour partir deux euh trois semaines avec – il a passé le temps qu’il voulait dans sa maison avec ses enfants, un peu de temps avec moi sur Paris le temps de faire les lessives et le voilà reparti dans le Sud chez son pote comme il l’avait prévu initialement. Tout ça en faisant semblant d’adhérer à mon micro-projet avec lui.

Et dimanche dernier, j’ai émis l’envie de profiter de notre ‘dernière’ terrasse ensemble en allant bruncher à côté, il m’a rétorqué que son budget n’était pas extensible et énuméré toutes ses dépenses du moment. Je me suis dit « En quoi c’est mon problème ? » pour finir par objecter « Je ne gagne même pas la moitié de ce tu gagnes et je ne me plains pas. » et j’ai eu droit à « On ne joue pas dans la même cour ! »

Mais quand j’ai proposé de partager l’addition, là bizarrement il était d’accord. Au final, j’en ai payé les deux tiers car il n’avait « que ça » en espèces à mettre au bout… SA maison, SES travaux, SON 4X4, SON rythme de vie, SA façon de faire les choses : les autres, moi qui plus est, n’ont aucune incidence sur lui, sur sa vie.

Je l’attends le 28, quand il rentrera avec son linge sale et ses mômes qui pissent systématiquement à côté de la cuvette. Le frigo sera vide et peut-être que moi aussi. Voire j’attends qu’il me rende la voiture pour me rebarrer seule en week-end.

Bref, on verra. Pour l’instant, je n’ai pas envie de lui répondre au téléphone, de toute façon, il me laisse un message sous forme de topo militaire, donc je m’en fous. Je pars ce week-end voir mes amis en Normandie, peut-être aussi Bedelia qui est en vacances à Deauville, je vais en profiter pour prendre du temps à moi, marcher sur la plage et me remettre sur mon bouquin qui, j’avoue, n’a pas avancé d’un iota depuis belle lurette.

FOIE (trop) GRAS & CHAMBOULE-TOUT

« Dites-moi, pouvez-vous venir travailler la semaine prochaine ? »

Boss n°1 mardi dernier. Et Boss n°2 de renchérir : « On compte sur toi, c’est une mission très importante ! »

Le ‘Prévenez-moi à l’avance’ n’a pas fait son chemin dans leur tête, on dirait. Sans compter que mes oreilles bourdonnent encore de leur sonnage de cloches la veille de mon départ en vacances, justement à ce sujet-là.

 

Lundi 9 août 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+19

Me serais attendue à minima qu’ils me présentent tous les deux des airs de chien battu mais nada, que chi. Mais j’ai dit oui, surtout parce que mes plans de vacances à moi commençaient à prendre l’eau sérieusement. Donc, autant bosser.

Lundi dernier, j’avoue être revenue au bureau complètement déphasée après ma semaine en Vallée de Dordogne avec Bradley. Parce que c’était chouette. Globalement. Y a bien eu une ou deux fois où j’ai failli partir en le laissant en plan mais la perspective de faire du stop en rase campagne pour rallier la gare la plus proche a eu raison de mon courroux.

Non, c’est vrai, c’était vraiment bien. A tel point que l’on y retourne début octobre pour fêter nos ‘1 an’… Cucu la praline mais on assume. J’ai même laissé un avis sur Google :

Dans cette période si tensiogène, trouver une oasis où se ressourcer est une merveille de bonheur ! Tout était formidable : la cuisine, le vin, la piscine, les poules et les chats… mais le trésor de cet établissement au charme délicieusement suranné est sans nul doute ses hôtes : nous avons été accueillis comme à la maison, sans chichis ni manières mais avec une convivialité simple et authentique. Alors oui, tout n’est pas parfait mais qu’importe quand on vous sourit et qu’on est bichonnés comme nous l’avons été : on est chez des amis, on est heureux, tout simplement. Nous revenons bientôt. Signé : Bichette & Bradley

∞ Hôtel restaurant avec piscine en Corrèze à Meyssac en Périgord , bas Limousin (relaisduquercy.fr)

 

Bon. Je suis revenue gavée comme une oie dont pourtant je n’ai pas touché le foie (gras). L’omelette aux cèpes ou à la truffe, la Feuille du Limousin, le Carré Corrézien, le Rocamadour, les bières brassées localement et les excellents Triadoux et Pécharmant que j’ai découverts sans oublier la gnôle de noix, mon foie est prêt pour Noël avec cinq mois d’avance. Et ça se voit. Allez hop, à la diète la Bichette. Mais à la rentrée.

 

Dépaysée, bluesy, absolument pas la tête au boulot, je peux dire que j’ai bien morflé lundi dernier. Surtout quand j’ai vu la tonne de taf qui m’attendait. Et qu’il a fallu que je me fasse à travailler depuis le poste et le compte de Cameron qui est partie en vacances avec mon ordi et mon compte pour sa permanence back-office la semaine prochaine.

C’est décidément du grand n’importe quoi, cette boîte. Déjà pour quelque chose de prévu, c’est le bordel, alors que dire pour quelque chose d’imprévu comme une fermeture qui n’en est pas une ?… Alors oui, c’est compréhensible, les commandes flambent de partout mais si on ne peut pas les traiter, je ne vois pas trop l’intérêt.

Bref. Y a une nana qui est venue faire une pige à la logistique/export, comme elle connaît la maison depuis très longtemps, on ne se gêne pas pour la cuisiner et ce qu’elle nous dévoile au cours des pauses-déj est à figer d’effarement. Limite c’est trop gros pour y croire.

Bon, sans rentrer dans les détails, il est temps pour moi d’aller explorer d’autres prairies. D’aucuns diraient que je finaude après presque cinq mois en poste et un an auparavant au RSA. Mais si l’on ne donne pas les moyens de faire son boulot correctement, si les ordres de la Direction se croisent et se décroisent sans jamais se rencontrer, si les économies de bouts de chandelle ne se justifient plus et relèvent d’une compulsion maladive et si en plus les boss piquent des gâteaux dans le tiroir des employés, bah je dis stop.

J’attends déjà de voir s’ils reconnaissent les efforts et la bonne volonté dont je ne suis pas la seule à faire montre, soit par le versement d’une prime comme ils l’ont ‘promis’ à la voix et non par écrit, soit en ce qui me concerne par une récupération en temps. Cinq jours off à poser quand je veux, ça me va bien.

Et cette semaine que j’ai naïvement anticipé comme frisou-bidou, commence fortement à ressembler à l’infernal bordel de la semaine dernière. « Une seule mission pour Bichette… » mes fesses, oui !!! Et les bruits de couloir ne me rassurent pas le moins du monde, d’ici à ce qu’ils annulent aussi mes vacances semaine prochaine… Ah non ! Là j’ai des plans que je n’ai nullement envie d’annuler !

En effet, je pars vendredi après-midi juste après le boulot rejoindre Bradley et ses enfants au Normandy Beach. Eux y vont mercredi pour traverser toute la France samedi et rejoindre Connor et Cie dans le sud. Moi je reste quatre jours chez Miles et Joan pour ensuite redescendre chez Toto deux jours, retour au bercail le vendredi 20 pour un gros week-end que je vais certainement employer à faire du ménage et à… roupiller.

Quant à Bradley, il remonte le samedi 28 et restitue les enfants à son ex-femme le lendemain juste après leur 2ème injection du vaccin à tous les trois… Hé oui, il jurait ses grands dieux qu’il n’y céderait pas mais bon. Moi, ça m’arrange, comme ça je peux d’ores et déjà réserver le Relais du Quercy début octobre.

En parlant de 2ème injection… Autant la première ne m’a rien fait, autant la seconde vendredi dernier m’a littéralement tuée ! Le lendemain, j’étais un cadavre ambulant, j’ai même failli tourner de l’œil, je voyais des étoiles, la tête dans un étau, ne supportant ni son de plus d’une décibel ni lumière plus vive que celle qui filtrait par mes persiennes… J’avais surtout l’impression que mon corps allait se désagréger, j’avais mal absolument partout, une crise de fibro multipliée par 100 !

Et le soir venu, après quand même une boîte entière de paracétamol dans le sifflet, je pétais la forme. Trop bizarre. Bon, allez, ça c’est fait et dans quelques jours, je pourrai de nouveau aller boire une pinte en terrasse. C’est tout ce qui m’importe.

 

L’IM’ PASSE SANITAIRE

« Tu veux miner le moral de tout le monde ?! Je sais que c’est dur, que c’est dense, que tu as des soucis d’ordi et que tu veux bien faire mais tu ne dois pas à signer ton mail ‘Bichette – en mode dépité’ car c’est démotivant au possible ! Tu as un travail de représentation et tu te dois d’insuffler, comme je le fais au quotidien, le positivisme et la motivation. Donc, cela ne me plaît pas du tout, il va falloir travailler sur ta communication. »

Soufflante par Boss n°2 vendredi matin.

« Mais pourquoi tu as appelé Shannon ?!! Je n’ai jamais dit que je voulais que tu viennes travailler pendant la fermeture, je t’ai demandé si en cas d’urgence tu étais disponible ! Shannon vient de me faire tout un pataquès et j’ai perdu une demi-heure sur mon boulot ! Bref, tu n’avais pas à l’appeler ! Merde, alors ! »

Soufflante par Boss n°1 vendredi après-midi.

Il est bien loin le temps des compliments dithyrambiques du vendredi. L’orage qui couvait alors aurait-il mis tout le monde sur les nerfs ?…

 

Dimanche 25 juillet 2021 # IM’PASSE SANITAIRE J+4

En début de semaine dernière, par pure conscience professionnelle, je suis allée m’enquérir de la passation de mes tâches lors de ma semaine de vacances qui commence demain. Que n’ai-je pas fait là ! C’était comme un coup de tatane dans une fourmilière !

Pour la faire bref, absolument rien n’était prévu. Alors Shannon, tendue comme un string, s’est agitée dans tous les sens pour finalement pondre une pseudo-procédure à la n’importe nawak. Cameron et moi avons trouvé cela atterrant d’amateurisme, du jamais vu pour une boîte qui engrange des millions par mois.

Il va peut-être falloir qu’ils investissent un peu pour passer de la petite entreprise familiale à une PME qui tient la route parce que là, on commence à passer pour des guignols. Et à mettre les bonnes volontés à trop rude épreuve pour un salaire si maigre. Bref.

Revenons-en aux deux soufflantes qui résonnent encore dans mes oreilles. La première : mon ‘en mode dépité’ se voulait plus malicieux que caustique, j’étais d’ailleurs toute à ma joie d’avoir repéré cet appel d’offres issu de mon laborieux mailing du début de semaine jusqu’à ce que mon ordi me lâche encore une fois. D’où ma frustration. Mais Boss n°2 l’a mal comprise.

Quant à la deuxième, j’ai appelé Shannon – désolée si c’est elle ma RH – pour lui dire que j’étais partante pour travailler les deux semaines de fermeture, moyennant finances of course, mais qu’il fallait me le dire assez tôt pour que je puisse prendre mes dispositions. Elle aussi, elle a compris de traviole.

Bon, c’est peut-être moi qui ne m’exprime pas correctement, par mail et à l’oral donc. Je vais effectivement travailler sur ma communication, c’est-à-dire revenir à l’état de gargouille derrière mon standard.

Maintenant que j’y pense, même s’ils mettaient les moyens, je ne veux pas de leurs responsabilités qui signifient être astreintable et corvéable 24/7. Je ne veux qu’un boulot de stagiaire empotée à classer des factures et à pointer les Bic et les trombones qui manquent, 35 heures par semaine, point-barre.

Cette semaine de vacances va me faire le plus grand bien.

Enfin, j’espère… Bradley est bien rentré vendredi soir, moi j’étais un peu down après ma journée d’étrillage au taf et lui, de façon très inattendue, était détendu. Crevé, certainement. Le fait est que l’on a passé une soirée douce et tranquille. On a abordé vite fait nos vacances et le mois d’août dans la foulée, il n’a pas tiqué mais m’a quand même dit qu’il « s’excusait d’avance s’il était encore en mode connard pendant quelques jours, le temps de revenir à l’esprit civil »

« T’inquiète, j’ai vu pire venant de toi ! » lui ai-je rétorqué. Mais la perspective de ne pouvoir obtenir de passe-sanitaire dans les temps pour ses vacances avec ses fils pour lesquels il doit aussi anticiper la première phase du vaccin pour leur rentrée début septembre, a fait naître une ride de mécontentement sur son front. Ça plus tout ce qu’il a à prévoir et à faire dans sa maison, j’ai bien senti que notre semaine de vacances en amoureux allait certainement pâtir de ce surbooking mental. Et moi aussi par extension.

Du coup, tout ce que je vois se profiler à l’horizon, tous domaines confondus, prend la couleur grisâtre de l’amertume. Quand je sais qu’en plus de cela début septembre, l’anniversaire du décès de Maman va me tomber dessus et avec la quatrième vague du Covid annoncée à la rentrée, je n’ai que nuages dans ma tête. Et cela ne me convient pas du tout.

J’ai assez ramé pour trouver ma paix intérieure, il est hors de question que je m’en départisse. Je vais donc faire mon max pour tirer le meilleur de chaque chose en préservant l’unique chose qui compte, c’est-à-dire moi.

Me faire des vacances en mode désinhibé sans contraintes était un bon moyen. J’ai d’ailleurs trouvé la cops avec qui j’aurais pu partir, si ce n’est que ce n’est pas encore sûr de son côté. Bedelia, 46 ans sans enfants, sans trop de mec non plus, je me suis bien entendue avec elle quasiment depuis le début de nos pauses-clopes au boulot. Elle bosse dans une autre boîte à l’étage en-dessous du mien, on partage donc le même hall extérieur qui sert de fumoir.

Ainsi, il se peut que je passe mes deux semaines off toute seule. Je me tâte à booker un truc de dernière minute, genre Club Med pour célibs. Mais quand je regarde la tronche de mon compte bancaire, bah je me dis que non. Donc, chépa.

Sans compter que mon passe sanitaire à moi ne sera valide qu’à partir du 13 août, ma deuxième injection étant prévue le 6 août. Je pense que très vraisemblablement, je retournerai au Normandy Beach du 9 au… je verrai. Car qu’on se le dise, le passe sanitaire sera obligé dans les hôtels et les campings mais pas pour les chambres d’hôtes ! C’est débile mais c’est comme ça.

C’est pour cela que le week-end dernier en rentrant justement de ma visite-éclair en Normandie où j’ai eu un temps radieux pour une fois, j’ai fait de la pub sur Facebook pour le Normandy Beach. Déjà parce que leur clientèle britannique qu’ils avaient ramé à faire revenir, annule en masse leurs réservations dues aux nouvelles restrictions du UK – quel dommage ! – et aussi pour inciter les Français à venir dans cette oasis où la convivialité ne tue pas la liberté…

Ah le vaccin ! Ah le passe sanitaire ! Nénette est vent-debout depuis une semaine, certainement suivie par Tonton Harry rentré péniblement de la Réunion en métropole pour l’été… Je comprends sa révolte mais ce n’est pas la mienne.

Si pour faire ce que j’ai envie de faire, on me dit qu’il faut que je fasse ça, que les paramètres sont ceux-là, bah j’obéis. Je suis con, je suis un mouton mais j’assume. En fait, je m’en fous. J’ai toujours été un bon petit soldat, par passivité et désintérêt total du moindre débat que par conviction pure et dure.

Je respecte tous les points de vue, toutes les vindictes, autant que les prises de position, les adhésions aveugles, si fondés ou pas l’un comme l’autre puissent être. D’où « l’im’passe sanitaire » qui à mon sens résume bien à elle seule la situation en France actuellement.

Moi, je me suis faite vacciner parce que c’était fortement recommandé par ma boîte, bien avant cette histoire de passe sanitaire. Donc on va dire que ça tombe bien. J’ai même demandé à Malcolm au taf de me faire le test sérologique pour voir où en était mon immunité après ma première injection. Il a failli tomber de sa chaise en voyant ma réactivité si immédiate : mes anticorps sont au taquet, j’en aurais presque trop, un comble !

Donc, il se peut que j’aie rencontré le Covid de façon asymptomatique et que je n’aie pas besoin d’une seconde injection, tellement mon corps a déployé une batterie de défenses immunitaires à faire baver de jalousie tout l’Institut Pasteur. Il se peut même que si je refais une sérologie après ma 2ème injection, je vais – je cite – ‘recracher’ des anticorps ! J’ai déjà recraché plein de trucs dans ma vie mais jamais d’anticorps, hmm…

J’en ai profité pour poser quelques questions à Malcolm. En tant que Directeur Scientifique, il est le mieux placé pour me répondre.

–  Tu sais que je me demande si l’on ne m’a pas injecté un placebo ?… Je n’ai eu aucun effet secondaire, à part une douleur au point d’injection, je me dis qu’avec mon background d’allergies à tout ou presque, ce n’est pas normal, d’où mon interrogation. Qu’en penses-tu ?

–  C’est peu probable. Dans quel but ?

–  Bah de sauver des doses ?

–  Mouais, nan, il n’y aurait aucun enjeu mercantile à faire ça. Et vu ton immunité, ça m’étonnerait. Dis-toi qu’il n’y a rien d’allergisant dans ce vaccin, il n’y a que la molécule, le reste c’est du gras !

–  Ah bah c’est pour ça que j’ai grossi ?!

Moment léger dans ce petit bureau transformé en salle de tests. Et Malcolm de conclure : « Quand bien même, tu as encore de la marge parce que tu n’es pas bien épaisse. »  Je l’adore, ce mec !

Même si je n’arrive plus à rentrer dans mes fringues. L’arrêt total de mes séances de gym-danse quasi-quotidiennes, les apéros à tire-larigot et l’effet indésirable à retardement de la Paroxétine doivent y être pour quelque chose, plus que le vaccin au beurre.

Bah ma pesée annuelle étant au 1er janvier 2022, j’ai encore le temps de rectifier le tir. D’ici là on sera re-re-confinés et les bars seront fermés donc plus d’apéros.

Sur ce, je m’en vais préparer mes affaires, départ demain midi pour Collonges-La-Rouge.

VACANCES AVEC MOI-MÊME ?

–  Vas-y, fais-moi rêver ma chérie, que vas-tu faire ce 14 juillet ?

–  Buller en pyj toute la journée.

Tu en as de la chance ! Bon allez, encore neuf jours et je reviens.

–  Déjà ?!

–  Ça fait plaisir… J’en déduis que je ne te manque pas…

Le cri du coeur. Oups.

Jeudi 15 juillet 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD ! (mais plus pour longtemps) J+26

C’est vrai qu’il ne me manque pas. Je pense à lui mais voilà, quoi. Et quand j’anticipe le mois d’août avec ses enfants qui ne sont pas vaccinés comme leur père qui s’égosille à dire qu’il préfère être un exclus plutôt qu’un mouton, bah je me dis qu’il va falloir que je me trouve un plan B pour mes deux semaines de vacances que je n’ai nullement l’intention de passer en huis-clos piscine-barbecue – les deux trucs que j’abhorre par-dessus tout – dans la propriété dans le Sud-Ouest de Connor le dictateur, lui aussi avec ses enfants.

J’ai pas fait de mômes, ce n’est pas pour supporter ceux des autres pendant mes premières vacances depuis 6 ans. J’ai envie de fun, entre meufs tiens, faut donc que je me trouve une pinco dispo. Vu que toutes mes cops sont avec mari et enfants, bah je crois que je vais me faire des vacances avec moi-même.

Bon, en attendant, j’ai du taf à ras la truffe. J’ai mis en rouge dans tous mes mails que je suis off dans 8 jours et rebelote dans 3 semaines, mauvaise idée, ils me tombent tous sur le poil à qui mieux mieux pff…

Ce week-end, je vais voir Miles et Joan au Normandy Beach. Le grand beau est annoncé, je vais enfin pouvoir faire ma longue balade sur la plage. Tiens, j’ajoute ça aussi à la liste ‘Essentiels de ma vie’. Pis les feux d’artifice. Comme celui qui s’est déroulé pile devant mes fenêtres hier soir.

UN EDEN AU MILIEU DES ROSES

“On a aussi des cochons d’Inde qui s’appellent Pastèque et Sushi. Y en avait un autre mais il s’est échappé… Tu veux le voir ? Il s’appelle Brocoli.”

Marianne 8 ans, en me prenant la main samedi soir sur la pelouse jouxtant la guinguette en bord de Loire où je dinais avec Toto et toute sa smala. Les moments qui ont suivi resteront à jamais en moi comme la quintessence même du bonheur absolu. D’une perfection divine.

Je suis fière d’avoir su reconnaître le Paradis, extatique de m’y être promenée et imbue de m’en faire le témoin.

Lundi 12 juillet 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD !  J+23

Samedi soir donc, dans ce crépuscule d’une douceur inespérée – considérant les prévisions d’orage apocalyptiques dont on nous a farcis les oreilles depuis la veille – je suis sortie de sous le dais couvrant la guinguette pour aller fumer une cigarette un peu plus loin.

Mon attention s’est vite focalisée sur une poignée d’enfants tourbillonnants et de chiens débonnaires qui s’ébattaient sur la pelouse, encadrée d’un côté par un haut mur de pierres recouvert de vigne vierge et de l’autre, par un pigeonnier dans lequel trois tourterelles dormaient paisiblement, la tête sous l’aile.

Un sourire est alors monté à mes lèvres. Le tableau que j’ai vu se peindre littéralement sous mes yeux a ravi mon coeur et mon âme au plus profond. Les guirlandes de lumière de la guinguette, la musique en fond, le brouhaha des gens qui dînaient dans la bonne humeur, les rires des mômes, l’odeur de la terre après la pluie, le parfum du chèvrefeuille, du jasmin, des roses qui m’enrobait par vagues…

Je me suis laissée emporter sans aucune hésitation. Je devais rayonner quelque chose car non seulement les enfants sont venus à moi spontanément mais aussi les chiens avec leur baballe toute gluante que je me suis donc mise à renvoyer en riant. A l’un surtout qui, hors de souffle et la langue touchant terre, continuait inlassablement de me la rapporter, voire de la pousser du museau jusque sur mes pieds pour ne pas me laisser le choix…

Ainsi, vite rejointe par son petit frère de 5 ans Eothan qui lui m’a roulé sur les pieds avec son vélo à roulettes en déclamant être Batman, par une poupée timide de 6 ans qui a murmuré son prénom Annabelle à mon oreille et par un petit joufflu taquin de 7 ans Stanislas qui s’est esclaffé lorsque moi j’ai dit mon prénom, Marianne m’a entraînée au travers d’une roseraie divinement odoriférante jusqu’à un superbe potager en contrebas. Au milieu, un prunellier dans lequel, semblait-il, Brocoli avait élu domicile.

Un cochon d’Inde volant, une première, me suis-je dit. Mais imprégnée dans le scénario, je me suis jointe de bon gré à la petite chorale initiée par Eothan, debout sur la pointe des pieds, les mains en cornet à s’époumoner “BROCOLIIIIII… BROCOLIIIII… OU ES-TU ?!” pour finir dans un éclat de rire, la bouche grande ouverte. Avec sa culotte courte, ses oreilles décollées et son air gouailleur, j’ai vite eu pensé à la Guerre des Boutons

Puis, Marianne est venue m’apporter une fleur qu’elle venait de cueillir en me disant avec un grand sourire “C’est pour toi!”… Cela se voyait qu’elle mourrait d’envie de me faire un câlin mais le Covid l’ayant dressée depuis longtemps, elle n’a pas osé. J’avoue que moi aussi, je serais bien passée en mode big hugs… C’est fou, il est plus recommandé de se faire faire des léchouilles par un cabot baveur que des bisous par des pitchounes !

Mais bon, quel bonheur que toute cette profusion de candeur ! Cela m’est alors apparu très clairement. A ce moment précis, sous mes yeux, dans mes mains, dans mon coeur, l’essentiel de la vie était là : des fleurs, des enfants heureux qui rient à pleins poumons, une baballe mâchouillée.

Et dans la nuit au téléphone, le coming-out de Bradley, tout roucoulant après près d’une semaine sans news : “Tu veux que je t’avoue un truc ? Bah tu me manques. Physiquement, spirituellement, sentimentalement… Voilà, c’est dit. Je t’embrasse, ma chérie, je t’aime!”

Si je n’avais pas déjà été couchée sur le clic-clac du salon de Toto, j’en serais tombée à la renverse. Mais j’ai pris sans ergoter, sans arrière-pensées. Avec ce que je m’étais mise dans le cornet deux heures auparavant, je n’avais plus de pensées tout court. Et d’une certaine façon, moi aussi j’ai roucoulé.

Me suis endormie béate de cette soirée magique.

UNE BAFFE AU FOIE GRAS

–  Tu m’as demandé une salade périgourdine, je t’ai fait une salade périgourdine. Mais je ne pouvais pas acheter seulement quatre tranches de magret fumé, dix grammes de foie gras et deux gésiers confits donc il y a des restes. Alors, j’ai pensé te faire un sandwich pour le trajet jusqu’à l’armée, qu’en penses-tu ?

–  Bah j’aime pas les sandwiches au foie gras…

Et pan dans ma tronche. J’aurais dû lui coller dans la sienne avec la facture samedi soir.

 

Lundi 5 juillet 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD !  J+16

Mais que c’est chouette d’être seule ! Dès que j’ai eu déposé Bradley à son régiment hier matin, j’ai poussé un grand soupir de soulagement derrière le volant de ma Clio. Une sensation de liberté. Independence Day.

Je suis rentrée guillerette faire mon ménage puis glander sur mon canapé tout neuf que je n’ai pas beaucoup squatté depuis que je l’ai reçu. Je crois que je n’ai jamais autant apprécié vivre seule. Je vais reprendre ma petite routine, faire mes bidules comme je l’entends et n’avoir personne d’autre que moi à prendre en compte. Ni à rendre compte.

Je réalise que de le savoir loin pour quelques temps me fait penser à lui de manière plus conciliante. J’étais à cran, en may-day perpétuel depuis un mois sans pouvoir reprendre mon souffle ni prendre le recul nécessaire pour penser objectivement.

Ce qui m’amène à la conclusion évidente : je ne suis décidément pas faite pour une vie à deux. J’étouffe, j’ai besoin de pauses. Une histoire sérieuse, pourquoi pas, mais pas 24/24. Surtout avec un gougnafier comme peut l’être Bradley.

Déjà, on verra à son retour lors de notre semaine de vacances s’il fait les efforts qu’il m’a promis. Et a fortiori sur tout le mois d’août, que l’on est censés passer ensemble avec ses enfants… J’appréhende un peu. Chat échaudé craint l’eau, dit-on.

D’où le caractère primordial de ces trois semaines pour moi toute seule. Et comme au boulot ça s’est un peu calmé, j’ai vraiment l’impression d’être en vacances.

Je savoure.

LAST CHANCE

“Des bulles légères et pétillantes. C’est ça que je veux dans ma vie, tout ça et rien d’autre que ça. »

Moi mardi soir, bien campée sur mes ergots dans le duel façon western qui m’a opposée à Bradley. Car la veille au soir, j’ai senti qu’il fallait que je livre mon dernier combat. A la vie, à la mort. De notre histoire.

 

Vendredi 2 juillet 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD !  J+13

–  Bon, j’annule ma semaine de vacances auprès de Shannon ou pas ?

–  Pourquoi ?

–  Bah d’une, toi et moi n’avons plus une tune et de deux, si je dois annuler c’est maintenant or never.

–  Je t’ai dit, laisse-moi le temps de faire mes comptes.

–  Non, pour une fois, faisons les choses selon quelqu’un d’autre que toi. Je ne peux pas attendre.

–  Bah j’en sais rien ! Et toi, quel budget as-tu, hein ?

–  J’aurais mis comme toi. Pour la parité.

–  Elle est facile, celle-là ! Quelle parité ?

–  Celle que tu m’as foutue dans la tronche hier soir.

–  Ah bah parlons-en d’hier soir justement !

–  Pour une fois, on est d’accord. Je commence.

J’ai respiré un grand coup et j’ai enchaîné.

–  Que tu vomisses partout dans le salon parce que tu étais bourré comme un coing, peu importe, j’aurais même pu trouver ça marrant. Mais la moindre des choses est de t’excuser, non ?

–  Je l’ai fait ! Encore une fois, tu ne m’as pas écouté, donc pour la seconde fois et je te regarde dans les yeux quand je te le dis : je m’excuse !

–  Je devrais enregistrer nos dialogues de sourdingues, tu serais surpris. Bref, moi je ne m’excuserai pas d’un truc pour lequel je n’ai pas à m’excuser.

–  Bah crois-moi, je vais te garder un chien de ma chienne ! Tu t’es arrogée le droit de me faire cracher au bassinet en contrepartie de tout ce que tu m’a donné jusqu’à aujourd’hui ?! Ce n’est pas pour le montant que j’aurais réglé de toute façon mais pour le principe : tu commandes des planches parce que tu as faim puis tu te casses sans un mot, tu nous plantes en terrasse en nous laissant l’addition ! J’ai trouvé cela très cavalier de ta part !

–  J’avais trois grammes, j’ai rien calculé, c’est tout !

–  C’est bien ce que je dis : tu as trouvé ‘normal’ que je paye pour toi. Alors qu’on s’était dit le matin même qu’il fallait limiter les dépenses ! Tu t’es dit que je devais raquer parce que je te devais bien ça ?!

–  Je ne me suis rien dit du tout, j’étais soûle, point-barre !!

–  Peu importe, ton attitude m’a choqué, voire blessé et j’attends que tu t’en excuses. Moi, je l’ai fait deux si ce n’est trois fois alors à ton tour !

–  Mais va te faire voir !!! Quand bien même j’aurais eu en tête de te faire ‘cracher au bassinet’ comme tu dis, je ne te savais pas si mesquin ! Je t’héberge, je te prête ma voiture, je te nourris, je nourris tes enfants quand ils sont là…

–  Je ne savais pas que je devais te rémunérer.

–  Hé je ne suis pas ta catin, fais gaffe ! Je l’ai fait de bon gré sans attendre quoique ce soit en retour. J’ai beaucoup de défauts mais certainement pas le manque de générosité.

–  C’était peut-être inconscient chez toi alors mais je l’ai mal pris quand même. Je te signale que je remplis le frigo quand je peux, j’ai acheté de l’huile et des bougies pour ta voiture, je mets de l’essence…

–  C’est toi qui t’en sers !

–  Ce que je veux dire, c’est que je participe à égale mesure. D’autre part, je te rappelle que c’est moi qui t’ai invitée le week-end dernier alors que je viens d’acheter une maison, que j’ai plein de travaux qui coûtent la peau du cul, qu’il y a les vacances avec les enfants à prévoir et que je viens de lâcher 5.000 balles pour faire réparer mon Dodge !

–  Moi, ça fait un an que je suis au RSA, que je vis sur ma pelote qui a disparu depuis longtemps déjà, que je suis criblée de dettes, que j’ai un salaire qui couvre à peine mes charges fixes et je ne me plains pas.

–  Tu fais ce que tu veux avec ton oseille, moi je fais attention, c’est tout.

–  Et le bon plan, c’est de vivre à mes crochets ?

–  Quoi ?! C’est plutôt moi qui devrais dire ça ! « Le mec vient de toucher 100 patates en indemnités de licenciement, c’est le moment d’en profiter. »

–  C’est ce que tu penses de moi ? Une bimbo vénale ?! Tu veux que je ressorte toutes les factures de bouffe, d’alcool, de Deliveroo et du lit que je t’ai donné ?!

–  Et moi, tu veux que je ressorte mes notes d’essence et de parking pour venir te voir ?!

–  On en est là… Dieu que c’est pathétique !

Petite pause entre deux rounds, à bout de souffle tous les deux. Il reprend après une cigarette.

–  Tu me prêtes des intentions, des mots qui ne sont pas les miens. Tu as des œillères, tu interprètes comme ça t’arrange et tu me vois de travers.

–  C’est bizarre, je pense la même chose à ton égard. J’ajouterais que je ne connais personne qui a autant de mauvaise foi que toi. Et vire ton téléphone pendant qu’on parle, c’est un manque de respect que je n’accepte plus. Tu sauves des vies, tu sauves le monde ?!

–  Ça devient compliqué entre nous…

–  Au contraire ! Au début, on pensait que certaines choses allaient peut-être poser problème entre nous mais vois-tu, je n’ai pas de problème avec ton armée, je n’ai pas de problème avec tes enfants, je n’ai pas de problème avec le fait que tu achètes une maison à 300 bornes et que l’on se verra de temps en temps, c’est avec toi que j’ai un problème. Tu ne te rends pas compte de la façon dont tu me traites, dont tu me parles, tu fais un délire de persécution me concernant, c’est terrible ! Y-a-t-il des choses d’il y a 20 ans dont tu me tiens rigueur ?

–  Non.

–  Interroge-toi, sérieux. En tout cas, moi l’enfer, j’ai donné et je n’en veux plus. J’arrive à un âge et à un tournant de ma vie où je ne veux vivre que des bonnes choses en toute sérénité. Je n’ai aucune responsabilité, personne d’autre que moi-même à penser avec encore quelques belles années devant moi qu’il est hors de question de gâcher.

–  Moi aussi je veux ça.

–  Bah ce ne sera pas avec moi, vu comme c’est parti.

–  Allez, vas-y, je sens que tu as envie de vider ton sac. Ce sera peut-être salutaire.

Alors, j’ai vidé ma malle-cabine. Mon container. Fini d’essayer de lui dire les choses par lettre ou par mail, j’ai tout déballé. De façon étonnamment posée, qui plus est. Je lui ai déclamé sans ciller mon cahier de doléances, en gros, ce que j’écris dans ce blog à son sujet comme un défouloir.

Il a semblé tomber des nues. Il a tenté de répliquer sur un ou deux trucs mais j’ai eu vite fait de le rabrouer comme il le fait avec moi, en lui pointant que c’était justement une des choses que je n’acceptais plus désormais.

–  Et la cerise sur le pompon de la cerise, c’est la raison à mon – je te cite – ‘manque de libido dernièrement’. Je me suis confiée à toi un soir, je t’ai dit ce qui m’était arrivé et les traumas que je trimballais encore aujourd’hui et toi, tu fais exactement ce avec quoi j’ai du mal ! Tu m’as même prise de force !

–  Non, ce n’est pas vrai !!! Tu ne t’es pas débattue ?

–  Je t’ai même dit stop.

Il était atterré. Consterné.

–  Je commençais tout juste à vouloir refaire confiance à un homme mais depuis ce soir-là, bah je me méfie de toi. C’est pour cela que je ne peux pas me lâcher. Je n’ai plus confiance.

–  Oh non ! Pas ça ! Je suis tellement désolé !

Il a paru horrifié, véritablement choqué par mes révélations. Je ne me suis pas appesantie, je suis allée droit à la conclusion.

–  Des bulles légères et pétillantes, c’est tout ce que je veux dans ma vie. Rien d’autre. Je ne veux plus que tu me parles comme à un chien, que tu me cries dessus, que tu me manques de respect, que tu me traites comme une moins que rien. Je ne veux plus que tu me manipules en étant un jour démon et ange le lendemain. Donc, si tu ne t’en sens pas capable, si tu ne peux pas faire ces efforts pour aller dans mon sens, autant en rester là.

–  Et toi, tu as fait des efforts pour essayer de me comprendre ?

–  J’en ai fait plus que je n’aurais dû. Ce n’est plus à moi de les faire.

–  Bon, alors oui, je vais faire de mon mieux. Et toi, continue les efforts que tu faisais et si cela peut te rassurer, on ne refera l’amour que lorsque tu auras de nouveau confiance en moi.

–  Tu essayes de reprendre la main, là. Que les choses soient claires : c’est notre dernière chance.

–  A ce point-là ?…

–  Pour moi, oui. Je ne referai pas la même que lorsqu’on a divorcé il y a 20 ans.

 

Le lendemain, mise en pratique de nos bonnes résolutions. En terrasse au Q.G. avec Connor et son associée, j’ai fait l’effort d’y rester dîner alors que j’avais envie d’autre chose que des sempiternels frites-fromage – Connor, en voilà un autre de despote, généreux certes mais ne souffrant qu’on le contredise – surtout que j’avais encore la planche mixte de lundi au travers de la gorge.

Mais je les ai quittés vers 22.30 car j’étais fatiguée, j’avais froid et besoin de me retrouver seule. Je leur ai dit de monter s’ils le voulaient pour le digeo, j’ai jeté un billet de 50 sur la table alors que Bradley me disait qu’il m’invitait et je suis rentrée.

Le lendemain matin, Bradley m’a demandé gentiment pourquoi j’étais partie aussi soudainement, pensant que je n’avais pas passé une bonne soirée. Je lui ai expliqué calmement, il a semblé comprendre et accepter. Il m’a quand même balancé que Connor l’avait mal pris et que mon attitude était parfois bizarre, même quand on me connaissait.

« Etre soi-même, c’est bien ce que tu prônes, non ? Bah je suis moi-même et je me fous de savoir ce qu’on en pense, Connor le premier. »

 

Et aujourd’hui, on a booké nos vacances. Le cahier des charges de Bradley était ‘soleil et pas cher’, le mien était ‘un endroit que ni l’un ni l’autre ne connaît’. Ce sera donc Collonges-La-Rouge en Corrèze.

Depuis notre grande explication de mardi, je dois reconnaître que Bradley a changé. C’est pratiquement le jour et la nuit. Il fait des efforts également pour ne pas repiquer dans ses travers et je ne me gêne plus pour le remettre à sa place dès qu’il frôle l’ignominie.

Ça l’a fait réfléchir aussi. Et il s’est enfin ouvert à moi sincèrement. Je pense que j’ai alors compris beaucoup de choses à son sujet, lui aussi du coup. Même si cela ne lui servira pas de justificatif à mes yeux.

« Tu disais que je suis dans la vie comme je suis à l’armée, que je suis au combat non-stop, que je vis comme en temps de guerre, c’est vrai. La parano, le qui-vive, l’agressivité, c’est une déformation professionnelle mais pas que. Je suis comme ça depuis que je suis tout petit, j’ai appris à me débrouiller seul à l’âge de 10 ans, à ne pas faire confiance et être toujours prêt à affronter le pire. Je ne me sens en sécurité nulle part. Je ne sais pas être autrement. J’ai l’impression de trimballer un sac sur le dos, que je ne peux pas, que je n’ai pas le droit de poser… »

Je le comprends et je le plains, vraiment. Mais je ne veux pas en payer les pots cassés, pas deux fois dans la même vie, non.

 

Dimanche, il part pour ses trois semaines à l’armée. J’ai hâte.

Besoin urgent de me retrouver avec moi-même.

Poiré & Champignons

« Vous êtes sûre qu’on vous a administré le vaccin Covid ? Parce que pour moi, l’aiguille était minuscule et je n’ai rien senti ! » que me sort Shannon ce matin lorsque je lui raconte ma primo-vaccination hier à la Médecine du travail du Louvre.

Bah chépa, moi c’était une aiguille pour cheval et j’ai purée eu mal sa race. Pourtant, je ne suis pas douillette. L’impression qu’on m’a forée le biceps gauche.

 

 Jeudi 24 juin 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD !  J+5

Juste avant de me piquer, la docteure Mme De R. De B. (à se demander ce qu’elle fout à la Médecine du travail avec un patronyme pareil) me file au moins trois attestations de consentement et une feuille A4 d’effets secondaires éventuels avec comme seule recommandation : « Veuillez consulter votre médecin traitant ou appeler le 15 si les effets ne se dissipent pas en quelques jours. »

VACCINS COVID-19 Moderna et Pfizer – QUE FAIRE EN CAS D’EFFETS INDESIRABLES ?

 

Vous ressentez ou vous avez eu :

–          Une douleur/démangeaison au point d’injection

–          De la fatigue

–          Des maux de tête

–          Des douleurs articulaires/musculaires

–          Des frissons

–          De la fièvre

–          Des nausées, des vomissements

–          Une douleur aux extrémités (mains, pieds) (hahaha what else ?!)

–          L’apparition de ganglions

–          Des insomnies

–          Des malaises

–          Une paralysie faciale

J’lui dis ou j’lui dis pas ? Qu’à part les ganglions et la paralysie faciale, c’est mon lot quotidien ? Aussi, quand elle me rappelle pour prendre des nouvelles, je lui dis que tout va bien. Sinon, elle va m’envoyer le SAMU.

Non, honnêtement, ça va. Un léger tournis dans l’heure qui a suivi mais rien dont je n’ai l’habitude, alcoolisée ou pas. Et comme c’était au Louvre donc pas loin des bureaux de Walter, j’ai envoyé un texto à ce dernier vendredi pour une sorte de date.

Mais à 17.10 hier au métro Louvre-Rivoli, bah y avait personne. Un lapin. Sans aucun message avant ni après. Ça m’arrange d’une certaine façon. Ça me conforte et ça m’attriste également. De constater que les choses ne changeront jamais entre lui et moi mais que malgré tout, il peut me rester un embryon d’espoir à torpiller une énième fois.

Bref, du coup, en sortant du métro vers chez moi, j’ai sifflé Yang qui est descendu dare-dare pour aller happy-hourer au Bistro de la Ferme, histoire d’avoir une bonne raison pour mon tournis. Comme lui ce n’est pas la fête en ce moment avec Mimine et idem pour moi avec Bradley depuis quelques jours, ça nous donnait à tous les deux une légitimité à se noyer dans notre pinte de blonde.

Yep, Bradley est on ne peut plus odieux depuis lundi. Au point que je remette en question notre week-end – le fameux ! – qui doit être une sorte de pèlerinage de… notre voyage de noces d’il y a 23 ans ! Pas aussi glamour que Venise mais symboliquement important vu que c’est lui qui l’a suggéré. Et réservé. Et réglé. Un soir quand il avait 3 grammes à la terrasse en-dessous.

Mais symbolique ou pas, si c’est pour qu’il soit aussi odieux qu’il l’est ici, je ne vois pas l’intérêt.

D’ailleurs, ce matin dans la voiture, ça n’a pas loupé. Je le sais désormais, il est imbuvable la plupart de la journée mais spécialement le matin. Mais pour une fois, bah moi aussi. Effet secondaire du vaccin Covid non-listé, la susceptibilité ?…

Bref, arrête de me parler comme à une sous-merde décérébrée, je ne suis pas une poupée qui doit fermer sa gueule devant son maître, je ne suis plus ta femme et à peine ta petite amie, je n’ai donc pas à supporter tes insultes plus longtemps. Oui, c’est de ma faute, c’est moi qui ne comprends rien, qui suis bouchée à l’émeri et qui te cherche des poux dans la tête. Allez, stop.

Là-dessus, j’ai bondi hors de la voiture à l’arrêt dans les bouchons et j’ai continué clopin-clopant jusqu’à mon boulot. Furax. Pourtant, je suis patiente. Me suis attendue à ce qu’il me relance par sms mais rien. J’ai alors envisagé que je rentrerais ce soir et qu’il aurait pris la poudre d’escampette.

Mais à 17.28 : « Je viens te chercher ou tu fais encore la tête ? »  Je me suis surprise à lui répondre que j’apprécierais qu’il vienne me chercher. J’ai vraiment zéro rancune, quelle mièvre je fais. J’avoue. Cela aura servi de test pour savoir si cela me ferait quelque chose si nous deux ça s’arrêtait et force est de constater que oui.

Cependant, sachant que les limites de ma patience viennent d’être frôlées de près, je ne peux qu’être sur mes gardes et m’attendre à tout. Donc, bien drapée dans un manteau de méfiance, je suis montée en voiture sans un mot autre que des banalités sur ma journée de boulot. A lui de revenir sur le sujet.

D’un ton doux et chaud, il m’a alors invitée à prendre un verre à son Q.G. aka la terrasse d’en-dessous. Là, bien installés sur notre tonneau Lillet, on s’est mis à parler. Lui, surtout. Une vraie douche écossaise, ce Bradley : un jour ours mutique, le lendemain pipelette façon bonimenteur. Je lui ai même dit d’arrêter de faire son show de Dir Com, que sa méthode Winner n’avait que peu d’effets sur moi.

Mais je le reconnais, il sait y faire. Parce que je le veux bien, aussi. Ainsi, il s’est excusé à sa façon, on s’est expliqué et les choses ont pu être assainies. J’avais raison, cela dit, d’être réservée à l’idée de devenir son ‘employée’ donc mon petit job d’appoint, ce n’est pas plus mal qu’il tombe à l’eau. Jamais je ne m’asservirai pour quelques euros et une tonne d’emmerdes par mois.

Bon, au final, on a passé une bonne soirée. « On se fout sur la tronche mais on s’aime, c’est ce qui compte, non ? » La messe est dite, alea jacta est.

D’aucuns diraient qu’il ne connaît pas sa chance celui-là d’être avec une femme plus patiente qu’un ange et aussi peu encline à la vengeance. Du coup, on part bien en week-end demain. Notre premier week-end ! Une sorte de test-drive, que je lui ai dit, pour voir comment l’on est en configuration ‘amoureux’ pendant deux jours loin de Paris.

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un pressentiment étrange…

 

Lundi 28 juin 2021 # DECONFINEMENT LIBERTAD !  J+9

« Ton week-end peut-il être aussi non-romantique que le mien ? »

Texto désespéré à Yang samedi midi. Apparemment, oui. Chouette.

Pourtant, le cadre était là… Hôtel 4 étoiles, un manoir au milieu de la forêt d’une beauté à couper le souffle, une chambre sublime et 48 heures devant nous pour roucouler tout notre soûl. Mais je me suis vite rendue compte que le week-end en amoureux où l’on laisse le quotidien au placard téléphone éteint, n’était qu’un concept purement abstrait donc fumeux pour Bradley : celui-ci est exactement le même et se comporte de la même façon qu’il soit à Paris ou à Honolulu.

Ah si, son concept à lui d’un week-end détente (ce qui n’augure rien de bon pour les vacances) :

–  On se lève quand on se lève et on se recouche après le petit-déjeuner. Sans être obligé de courir partout. Je n’aime pas qu’on m’impose un rythme, je veux faire ce qui me plaît, c’est-à-dire rien.

–  Et je suis censée faire quoi moi, pendant que tu bulles ?

–  Ce que tu veux.

–  C’est ton concept d’un week-end à deux ? Chacun dans son coin ?

–  Euh…

–  Parce que ça coûte moins cher de rester à buller à Paris que dans un 4 étoiles, quoi.

Fin prête pour une (demi) journée à découvrir le coin, sans speed, en musardant, je me suis trouvée bien dépitée à 11.00 en constatant qu’il s’était rendormi tout au fond du lit king-size. J’ai pourtant été conciliante en prenant en compte ses propos de la veille et le fait de ne pas le brusquer au saut du lit.

Je l’ai donc réveillé doucement pour aller déjeuner à 9.45 alors que moi j’étais réveillé depuis une bonne heure. Il s’est exécuté en maugréant, se pointant dans la salle de petit-déj les lunettes de soleil vissées sur le nez sans le moindre sourire, à qui que ce soit d’ailleurs, à la limite de la rustrerie. Il a même fait un mini-scandale à la serveuse parce qu’il n’y avait pas d’œufs brouillés au buffet… Bref, une fois remonté dans la chambre, il a filé sous la couette en bougonnant.

La moutarde m’ait alors montée au nez, je l’ai secoué sans ménagement. Pensant même, en cas d’ultime échec, à prendre mes cliques et mes claques pour rentrer sur Paris où j’aurais l’air moins con, abandonnée comme un caniche sur une aire d’autoroute.

Mais miracle : il s’est levé sans trop regimber, il s’est fait une toilette de chat et l’on a pu quitter l’hôtel sur le coup de midi. Je lui ai quand même glissé que si moi je me pliais à lui la plupart du temps, serait-il capable lui de se plier à moi de temps à autres ?… Une réponse en queue de sucette que je n’ai pas relevée car j’avais espoir de sauver le reste du week-end.

Grand bien m’en a pris.

La suite s’est déroulée comme un charme. Une jolie visite d’un domaine cidricole, une balade alentours entre deux averses et clou du week-end : un dîner gastronomique au restaurant étoilé de l’hôtel. Un moment féérique. Avec toutes mes allergies alimentaires qui me privent de la plupart de la grande gastronomie française, je n’avais plus espoir de vivre un jour un tel voyage culinaire.

Du très grand art. Divin. Magique. Pour moi comme pour Bradley. Pour une fois, nous étions à l’unisson.

Nous sommes repartis hier midi sur un petit nuage. Cela n’a hélas pas duré. Sitôt rentré, Bradley s’est mis à éplucher ses mails de l’armée, à invectiver ses sous-fifres, à me commenter toutes les news catastrophiques que l’on avait manquées, à m’envoyer balader lorsque je lui ai demandé de l’aide pour aller vider les cadavres de bouteilles qui s’entassent, sans manquer bien sûr de :

–  Je t’ai dit que je n’avais pas faim, pourquoi tu m’as fait une assiette ?! Tu n’en fais qu’à ta tête, il faut que cela marche comme toi tu l’entends !

–  C’est la poêle qui se fout du chaudron ! Tu la mangeras plus tard, ce n’est pas grave, si ?

–  Oui mais tu vas faire la tête parce que tu as mangé toute seule, parce que je ne t’ai pas prêté attention…

–  WOW !!! Stop, pour qui tu me prends ?! Une bimbo ?! Mange ou ne mange pas, je m’en fous !

–  Tu dis ça mais tu n’en penses pas moins…

–  T*** G*** !!!

On fait mieux comme fin de week-end. Et ce matin, le voilà tout stress en vue de son départ le week-end prochain pour son stage de trois semaines à l’armée. Tout ça parce que je souhaite récupérer ma voiture après un mois et demi de prêt gracieux, que son Dodge n’est toujours pas réparé, que personne ne peut lui prêter une voiture et qu’il n’a pas les moyens – après ce week-end dispendieux qu’il a lui-même réservé – de louer une caisse sur trois semaines.

Devant son numéro de Caliméro, je lui suggère, si tant est qu’il ne termine pas trop tard son truc à l’armée samedi, de l’emmener le soir même, nuit à l’hôtel là-bas et je rentre en début d’aprem le dimanche donc. Mais à ses frais, quand même, non mais. Bref, 700 bornes aller-retour pour qu’il arrête de s’apitoyer sur son sort et de me soutirer de l’aide sans jamais me la demander directement.

Que nenni. Il me répond « Bah ça ne résoud pas le problème du retour le 24 juillet… » je lui ai donc fait le coup du « Je dois te laisser, j’ai des appels ! » et hop j’ai raccroché. Et j’ai ajouté cela à la liste de ses dernières infâmies à mon encontre.

Bon. Philosophe, je me dis qu’il ne reste plus que quelques jours avant ce break salvateur. Je choisis donc de rester sur la good vibe de cet endroit merveilleux où malgré la compagnie rugueuse de ce goujat de punk de Bradley, j’ai renoué avec la quintessence du bonheur au naturel.

LA BEQUILLE

« Va donc, hé chauffard ! Tu vois pas que j’ai une béquille ?!?! » que je vocifère au gros 4X4 Merco qui manque de m’écrabouiller sur le passage piétons.

Aucune compassion, ces bobos parisiens qui votent Hidalgo et son zéro-voiture dans Paris mais qui roulent en V8 passé le périph… De toute façon, béquille ou pas, s’il m’avait écrasée, il était en tort à 3000%.

 

Mercredi 16 juin 2021 # DECONFINEMENT JUSQU’A 23.00  J+8

Mais pas le temps de maugréer plus que ça, je claudique dare-dare au taf qui n’arrête pas depuis deux semaines. Boss n°2 m’appelle même le soir sur mon portable perso ! Je ne sais plus où donner de la tête tellement j’ai de dossiers en cours et pas de formation pour les traiter…

Les filles sont débordées et font ce qu’elles peuvent pour me former entre deux beuglements de Boss n°2 « TOUT LE MONDE DANS MON BUREAU, URGENCE TOP PRIORITAIRE !!! » mais la Bichette-Andrea, remontée comme un coucou suisse, ne veut rien savoir. Elle me fait penser à un pitbull idiot (pléonasme). Mais bon, j’ai assez de self-control mais surtout plein d’Euphytose dans le baigneur pour ne pas l’envoyer paître à force épithètes grossiers à la Capitaine Haddock.

Bref, plus le temps de quoique ce soit de perso, comme d’écrire ce blog. Le soir et les week-ends, ce n’est pas mieux, question temps libre. Depuis que Bradley est à demeure, en fait. Pas de son fait et je ne lui veux pas mais mes petits temps de bullage rien qu’à moi me manquent un peu.

Là, c’est ma pause-déj que je ne passe pas pour une fois à traiter les urgences que je n’ai pas pu traiter le matin à cause des urgences de la veille… Allez, je tente le style télégraphique, au cas où.

*** BREAKING NEWS *** Port du masque en extérieur : fini demain/Couvre-feu : fini dimanche… Juste au moment où j’ai décidé de me faire vacciner. Mais vu que j’ai des allergies sévères à plein de trucs, faut que j’aille en centre de vaccination à Perpète-lès-Oies au planning surchargé, donc c’est pas pour demain.

Déménagement de Bradley le 5 juin : check. Petit foot avec l’un de ses fils en attendant les bras pour décharger le camion avec grand écart facial pour arrêter le ballon qui m’a déchiré le nerf inguinal, le crural et les ligaments du même nom. D’où la béquille gentiment prêtée par Nénette. Vive l’ibuprofène.

Maison aux pommes : check. C’est un petit Eden d’arbres fruitiers, de prairies mellifères et de potagers conservatoires. Paradisiaque. J’aurai énormément de plaisir à y venir de temps à autres. Mais ce n’est pas chez moi. Et je ne pense pas que cela le soit un jour. Je suis bien où je suis comme je suis.

Dodge Colorado de Bradley en vrac : check. Et donc taxage de ma Clio en attendant les réparations. Je n’en ai pas besoin donc je m’en fous. Mais Môssieur bougonne lorsque je lui dis que j’en ai juste besoin pour aller signer la succession de Maman samedi, quel toupet ! Bah oui, ça l’oblige à louer une bagnole pour aller lui et ses enfants voir son père, budget pas prévu blablabla… Excuse-moi d’avoir besoin des sous de Maman vu la tronche de mon compte bancaire après un an au RSA.

Job d’appoint pour mettre du beurre dans les épinards : check. Connor, le pote de Bradley, a besoin d’une assistante commerciale à mi-temps mais non-déclarée pour ne pas payer de charges et non-rémunérée en cash car il n’en a pas. Moi, je refuse tout net d’ouvrir mon auto-entreprise, rien que de penser à l’immat au RCS, j’en ai la nausée, en bonne traumatisée de l’entreprenariat que je suis. Eventuellement, j’accepte d’être payée en Cesu mais partiellement parce que mes impôts… Bref, le casse-tête.

J’ai donc sans vergogne filé le bébé au spécialiste des montages juridico-administratifs scabreux aka Bradley. Qui, semble-t-il, va devenir mon ‘employeur’… Un nouveau lien qui me rattache à lui. Du coup, je ne sais pas si cela me convient ou pas. Certes, j’ai grand besoin de cette tune en plus par mois, une somme pas négligeable, notamment pour mettre de côté en vue de rembourser ma dette perso sans que la banque ne le sache, mais cela vaut-il ce lien de subordination avec quelqu’un avec lequel je ne suis pas sûre encore de m’engager ?…

Attitude/humeur de Bradley depuis le 6 juin changeante comme le ciel en Normandie avec une tendance maussade voire orageuse les sept premiers jours : check. Me sauter à la gorge à la moindre occasion n’est vraiment pas la bonne méthode pour obtenir mes faveurs. Comme on dit : on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Je ne sais pas trop ce qu’il cherche à provoquer, en fait.

Bref, cela m’a franchement soûlée, au point de lui dire d’aller se faire cuire un œuf. J’en ai parlé à BFF Yang qui, dans sa sagesse extrême digne de Master Yoda, m’a dit d’attendre de voir en septembre lorsque le nouveau rythme de notre histoire démarrera.

Yep c’est vrai, je peux endurer jusqu’à début juillet, ensuite il part trois semaines sous les drapeaux et après c’est les vacances. Quel jugement plein de bon sens, ce BFF, et pas un pète d’impétuosité aux conséquences éventuellement désastreuses ! Une vocation de JAF peut-être…

Et comme par miracle, le soir même, Bradley est redevenu un ange. Comme s’il avait senti ma mutinerie éclater. Et je dois dire que depuis, c’est idyllique. Je profite donc sans demander mon reste.

Come-back de Walter : check. Je lui ai dit « All in or all out ». Nénette m’a demandé ce que je ferais si demain il était en bas de chez moi avec ses valises… Je n’en sais rien en fait, je verrais sur place (d’où le quitte ou double) car je ne fonctionne plus dans l’expectative, j’avise sur le moment. Sachant qu’il y a une chance sur un million qu’il tente le tout pour le tout, je ne prends pas beaucoup de risques.

Cela ne m’empêche pas d’y penser : check. J’imagine la scène : Walter en bas de chez moi, Bradley dans le salon et moi pantoise le portable dans les mains… J’essaye surtout de savoir ce que je ferais : dire à Walter que c’est trop tard ou dire à Bradley que je ne l’aime pas assez pour continuer avec lui (comme son ex lui a dit en rompant – un schéma réitératif sur lequel il devrait peut-être s’interroger) ?…

Bref, chépa et honnêtement, j’m’en fous. Autruche time.

GOAT ANTI-MOUSE

« Vous pouvez considérer que vous faites définitivement partie de l’équipe, je ne renouvelle pas votre période d’essai. Le démarrage a été un peu lent mais c’est normal au départ, le temps de prendre connaissance du fonctionnement de l’entreprise et des produits. Les formations Gescom et Appels d’Offres vous permettront de remplir les périodes creuses des premiers mois. Bienvenue ! »

Seulement là, je ne peux même pas bosser dessus tellement le Commercial et le Marketing me soûlent ! Elle plane un peu, Shannon.

Mercredi 2 juin 2021 # DECONFINEMENT EN DEMI-JAUGE  J+15

On ne m’a jamais autant sollicitée que depuis que j’ai envoyé ce mail disant que je n’étais pas dispo. La prochaine fois, je mets un Buffer sur mes mails entrants et un autre, un gros, sur mon bureau car on vient me démarcher jusque-là. Tout en top priorité à rendre hier, bien sûr. S’ils savaient où ils peuvent se la coller, leur ‘goat anti-mouse’

Je ne sais pas si cela coïncide avec ma fin de période d’essai hier mais je trouve que je suis un peu trop la star du moment, j’aimerais qu’on m’oublie un peu. Je vais finir par faire de la merde et j’aime pas du tout ça.

Bref. Aujourd’hui, c’est l’anniv de Maman. Elle aurait eu 89 ans. J’évite de repenser au 2 juin de l’an dernier car je sens les larmes monter. C’était le premier rendez-vous avec la directrice de l’EHPAD vers chez Toto. La première fois aussi depuis le début du confinement que je reprenais la route.

J’avais donc hurlé à plein poumons dans la Clio sur Five Finger Death Punch, fait une razzia dans le cerisier de Toto et étais revenue le soir même dans mon appart surchauffé en ce début de canicule en rêvant de climat arctique.

J’avais surtout plein d’espoir pour Maman, même si je pressentais déjà la mauvaise nouvelle qui allait nous tomber dessus dix jours plus tard.

Dimanche dernier, en lisant les spams d’Interflora et les posts Facebook du style « Bonne fête à toutes les mamans », j’ai eu envie de jeter ma box internet par la fenêtre. Quelques larmes au cimetière aussi la veille lors d’un crochet sur la route du retour en camion avec Bradley.

Bon allez, j’arrête. Je m’en retourne à mes CKmb, procalcitonin et Ntpro-BNP. Le mal de crâne que je me colle rien qu’à leur énoncé suffit à me changer les idées.