BICHETTE 2.0   Saison 1

QU’EST-CE QUI VA LE PLUS VOUS MANQUER ?

« Tu fais chier, je ne veux pas que tu partes ! Je suis heureuse pour toi mais je suis triste aussi. Tu es notre rayon de soleil, c’est toi qui as fédéré notre petite bande, sans toi, voilà longtemps qu’on se serait tiré une balle ! »

Les larmes de Cameron lundi dernier.

 

Vendredi 21 octobre 2022

Touchante, ma Cameron. Mamie, comme je la surnomme aussi, vu qu’on a le même âge. Je l’ai prise dans mes bras, on se serait cru en fin de colo hahaha – ce qui est un peu le cas, d’ailleurs. Elle va me manquer. Même si elle parle trop. Une pipelette de classe internationale, je me demande parfois comment elle fait pour produire autant de salive…

Mais c’est une collègue hors pair. C’est elle qui m’a « formée » quand je suis arrivée, avec une patience rare, toujours agréable et souriante. Au fil du temps, elle est devenue plus qu’une collègue, presque une confidente. On se confie nos petits et grands secrets, on se conseille, on s’épaule, on s’appelle après le taf pour bitcher à qui mieux mieux sur celui ou celle qui nous a pourri la journée…

On blablate aussi comme des quinquas. Enfin, surtout elle. Comme elle n’a pas le verbe châtié, on est dans le concret, dans le brut de pomme tout de suite. Ce qui donne lieu à de franches rigolades, entre les coups de blush des plus chastes et la surenchère des plus déchaînés…

« Bichette, fais voir si t’as mis un push-up pour ton date de ce soir. T’as pensé à faire ton maillot ? Et ne mets pas une culotte de mémé ! » Et Brian, mort de rire « Mais Bichette n’est pas une fille facile ! » et Tic et Tac en se bouchant les oreilles « ON N’ENTEND RIEN LALALALAAAA !!!!! »

 Bref. Elle va me manquer. Je garderai le contact, pour sûr. Ne serait-ce que pour son beau brun aux yeux mordorés que je compte bien revoir…

Elle me l’a prêté le temps d’un week-end en juin et j’en suis tombée raide dingue ! Une crème, cette perfection faite chien. Quand elle veut, elle me le re-prête. Je suis Stanamoureuse hahaha !!!

 

Alors, comment ai-je fait pour supporter ce job aussi ingrat cette longue année et demie ? Bah grâce à ma petite bande, à n’en pas douter. Au bureau mais aussi en dehors puisque l’on se réunit autour d’un verre à chaque occasion, ou sans, juste pour le plaisir de pouvoir se parler sans le timer du déjeuner, et librement sans les éventuelles oreilles indiscrètes du upper-management.

Une famille. Un clan. Copains comme cochons. Ça paraît exagéré mais en fait, pas tellement. On se connaît tous désormais très bien, on est solidaires les uns des autres, unis dans la résistance à l’oppression de Shannon, la Mégère pas apprivoisable.

Je ferai plus tard un medley de ses mails savoureux de bêtise qui démontrent son incompétence absolue en tant que dirigeante. Mais c’est la fille à papa, donc… Pour l’heure, un dessin vaut tous les mots, merci à De La Vega, le responsable ADV arrivé au printemps dernier qui n’a pas mis longtemps pour devenir un pilier de notre bande de fêtards dissidents :

Ah la la, ils vont tous me manquer. D’ailleurs, lors de mon interview pour mon nouveau job, on m’a posé cette question à laquelle j’ai répondu illico, comme un cri du cœur :

  • Qu’est-ce qui va vous manquer de votre ancien boulot ?
  • Sans hésitation : mes collègues, ma petite famille, quoi !
  • C’est important pour vous, la culture d’entreprise ?
  • Pas primordial mais oui. Et dans mon cas, je n’aurais pas survécu sans eux.
  • Vous allez être servie, chez nous.

A en juger par la boule à facettes au plafond de leur gigantesque cuisine-lieu de vie, je crois bien que oui. Mais saurai-je me recréer un nouveau noyau essentiel d’irréductibles ?…

 

10.06. N’ayant toujours pas eu de retour formel à ma lettre de dém, je me fends d’un petit mail :

« Bonjour,

Suite à notre entretien mercredi, vous deviez me faire un retour par écrit au plus tôt.

Un simple mail suffit, j’en ai besoin pour avancer et comme je sais que semaine prochaine vous ne serez pas dispo, ce serait bien aujourd’hui ?

Merci par avance,

Bien à vous.

Signé Bichette »

Lundi matin, Shannon n’ayant pas l’air de vouloir se pointer, je suis allée voir Bob dans son bureau, les deux exemplaires de ma lettre de démission à la main. Je n’ai pas tortillé « Bah je vais vous quitter… » La tête de Bob, il s’est littéralement décomposé !

Puis il m’a dit être très content pour moi, le fait est qu’il avait l’air sincère. « Bon, je ne peux pas signer ta décharge car c’est adressé à Shannon mais je vais l’appeler et lui demander de passer dans l’après-midi, ça te va ? »

17.50 Toujours pas de Shannon alors j’ai dropé ma lettre en AR à la conciergerie de la poste près de chez moi. Que Boss n°1 a reçue mercredi matin. Il m’a dit lui aussi être très heureux pour moi et « Si l’on peut faire quoique ce soit pour vous, n’hésitez pas ! » Je ne m’y attendais pas, à celle-là.

Comme quoi, j’avais tort de psychoter à me dire qu’ils allaient ergoter sans fin sur mes 3 mois de préavis. Ils sont peut-être contents de se débarrasser de moi… car un poids mort qui se détache de lui-même, on dit Ouf, pas Merde

Et Boss n°1 de conclure « Je vais consulter Bob et Shannon et vous fais un retour par écrit dans la journée. » Au vu du planning tendu de l’un, de l’absence de l’autre, j’ai bien compris que je pouvais attendre. D’où ma relance ce matin.

Là-dessus, Shannon m’appelle.

« Je vous ferai un retour mardi, si vous le voulez bien. Je dois voir quelqu’un en entretien pour votre remplacement, qui est à priori dispo de suite. Si on peut vous libérer le 17 novembre… »

Ils n’ont décidément rien compris ! Bref, changement de braquet. Si je suis libérable le 17, je me prends 10 jours OFF, je vais voir Zane à Alicante pour Thanksgiving comme prévu et le 28 je commence mon nouveau job. Pas mal, finalement.

16.20 Allez hop, je décolle. Je prends la route pour un week-end chez Toto. Mais en faisant un crochet par… chez Bradley.

Il m’a appelée hier soir. M’a dit qu’il souhaitait me revoir. Bien surprise, ai-je été. Il y a un peu plus d’un an, deux jours en fait après avoir arrêté d’écrire ce blog, on s’était quittés sur ces mots, lui :

  • J’ai plein de sentiments pour toi mais tu ne me manques pas. Je n’ai pas la ressource en moi pour notre histoire à l’heure actuelle. Je vais me concentrer sur ma vie avec ma maison, les travaux tout ça. Mais je veux que l’on se donne des nouvelles, on peut être amis, toi et moi, non ?
  • Bah non. On ne l’a jamais été. Rappelle-moi quand et si tu as besoin de moi dans ta vie, mais c’est tout. Je serai dispo ou pas, on verra. Sur ce, je te souhaite plein de bonnes choses, ciao !

Est-ce le moment ? Est-ce SON moment ? Je ne sais pas. J’ai toutefois bien senti à sa voix, à son ton, qu’il avait changé. Il m’a semblé plus léger, plus serein…

Il m’a appelée en avril dernier pour prendre de mes nouvelles, me donner des siennes, notamment qu’il avait arrêté l’armée, qu’il avait repris un boulot de Directeur Commercial dans une petite société dans un patelin près de chez lui, le patelin même où j’ai grandi et où se trouve le cimetière de Maman, quelle coïncidence… Il m’a dit aussi avoir rencontré quelqu’un, que cela se passait bien, bref, que tout allait bien pour lui.

D’où ma double surprise quand il m’a dit hier soir qu’il voulait me revoir, qu’il était « prêt ».

  • Pourquoi tu ne passerais pas me voir la prochaine fois que tu descends voir ton frère ?
  • Bah j’y vais ce week-end.
  • Ça tombe bien, je suis dispo, je n’ai pas les enfants… Tu descends quand ?
  • J’avais pensé samedi matin car pas envie de me taper les bouchons des départs en vacances.
  • Allez, si, viens demain soir, tu arrives à l’heure que tu veux ! Tu dors à la maison, j’ai plein de chambres d’amis, et samedi matin tu peux remonter chez ton frère, qu’en dis-tu ?
  • J’en dis que je vais y réfléchir, je te dis ça demain matin.

C’est bizarre, la vie. Avant-hier, pour reprendre mon blog et lui donner une suite logique, j’ai relu tout ce que j’avais écrit, notamment à son propos – et qu’est-ce que j’ai pu tartiner sur le sujet à l’époque ! – bref, je me suis dit « Wow ça fait trop bizarre de replonger comme ça dans notre histoire, qu’est-ce que je suis contente d’en être sortie ! »

Je me suis alors auto-sondée. Oui, j’étais heureuse de l’entendre. Avais-je envie de le revoir ?

J’ai bien entendu appelé Nénette qui s’est bien marrée et qui m’a posé à peu près les mêmes questions. Bah oui, j’ai envie de le revoir. Sans supputer de quoique ce soit.

Yang s’est montré plus dubitatif ce midi quand j’ai déjeuné avec lui. « Nan, tu ne vas pas te dévoyer et perdre ton intégrité ?!? » Je peux comprendre sa réaction. C’est lui il y a un an qui m’a ramassée à la petite cuillère au sortir de cette histoire qui m’avait bien étrillée.

Mais bon, qu’est-ce que je risque ?

Ma vie avance, tourbillonne, mue, louvoie, rebondit. J’ai la baraqua en ce moment, je n’ai plus peur de rien.

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