JOURNAL   Saison 10

MA PRAIRIE EN FLEURS

« Tu es d’une aide vraiment précieuse, merci d’être là ! »

Si tous mes boss se fendent de leur compliment chaque vendredi, je vais finir par me choper la grosse tête. Tout ça parce que j’ai monté/descendu en jupe-talons les escaliers dix fois de suite pour les aider à charger la voiture avec les trucs pour la démo de l’après-midi avec Mme B.M.

Ils ont peut-être salué le sacrifice de mes mollets ?…

 

Samedi 10 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+10

J’aime mon taf. Enfin, pas tant le taf en lui-même mais ce qu’il signifie dans ma vie. J’ai de nouveaux des horaires à respecter, des croix dans mon agenda, des trucs perso à caler au milieu, une nouvelle routine à installer dans mon planning presque débordé de femme nouvellement active.

Et j’adore !

C’est ce que j’ai dit à ma doctoresse hier soir en téléconsultation. Je crois que tout va bien, aujourd’hui. Je garde encore la sérotonine et la mélatonine histoire d’ancrer mon bien-être mais le tournant que vient de prendre ma vie pourrait bien à lui seul valoir tous les antidépresseurs de la terre. C’est la Sécu qui serait contente.

Bon, le taf, rien de compliqué, c’est même très en deçà de mes compétences mais ça me va. Une charge mentale bien légère qui me permet de refermer la porte derrière moi le soir sans aucun remords ni pensées parasites.

Une semaine et je suis en place. Tellement en place que depuis jeudi, j’ai des creux. Et s’il y a bien quelque chose que j’abhorre au boulot, c’est de peigner la girafe. Je suis même allée quémander quelque chose à faire pour avancer les autres. Mais le suivi des Colissimo dont on m’a chargé m’a occupée dix minutes. Même en ayant construit une base de données from scratch.

Je saute donc sur toutes les occasions pour m’occuper. Comme de la manutention et un brin de ménage dans mes quartiers. Mais bon. Alors, j’ai décidé que dès lundi, j’en profiterai pour me remettre à écrire les aventures d’Andy et de Samuel-James que j’ai délaissées depuis quelques temps. Ça tombe bien.

Bref, tout ça n’est pas très excitant mais comme je l’ai dit plus haut, ça me convient. De plus, l’ambiance et l’environnement sont bons et je me suis même fait une copine, Cameron. On a le même âge à trois mois près, on est un peu de la même veine et son équilibre sérieuse au boulot mais fantasque en privé me ressemble beaucoup.

A nouveau, que c’est chouette de rencontrer de nouvelles personnes !

En parlant de rencontres, maintenant que j’ai goûté avec délice à la reprise d’une vie sociale, bah j’en veux plus. Une vraie frénésie. J’en ai parlé à ma BFF team mercredi.

–  Y a ce mec sur Meetic avec lequel j’avais parlé avant de revoir Bradley…. Mon dieu, Nénette, qu’il est beau ! On s’envoie des textos, on va s’appeler bientôt… Donc si je le vois, t’en penses quoi ?

–  Oh non ! Ce serait dégueulasse, maintenant que toi et Bradley avancez enfin !

–  Est-ce le cas ? Oui, je pense que certaines choses vont changer mais d’autres non. Je crains qu’il ne reparte dans sa spirale et je n’ai plus la patience. Mais par-dessus tout, je ne ressens aucune culpabilité à discuter avec Apollon alors que je devrais… Et je dois dire que j’aime ces petits textos échangés à longueur de journée, ça me change ! Je me sens très ado, très midinette en ce moment, certainement parce que je reviens à la vie et que j’ai envie de fleurs, de papillons et d’étoiles !

–  Bah tu ressens quelque chose pour ce mec, à part qu’il affole ta libido ?

–  Non, j’ai même l’impression que je me ferais chier avec lui, qu’il n’est pas très stimulant, intellectuellement et spirituellement parlant. Mais je ne suis pas contre de le rencontrer. Pour voir, comme ça…

–  Bon, faut faire comme tu le sens.

Yang, quant à lui, s’est exclamé : « Je suis pour à 100% ! Vas-y, la vie est trop courte et les nouvelles rencontres, c’est toujours bien ! »

Dissensions au sein de la team qui n’ont plus eu lieu d’être quelques jours plus tard. En effet, le fameux Apollon a cessé subitement ses textos et bien sûr ne m’a pas appelée. Il n’a peut-être pas apprécié que je lui dise être plus sensible au charme et à l’allure plutôt qu’à une plaquette de chocolat en guise d’abdos…

Bref. Je n’ai pas relancé. J’avoue que ça solde mon dilemme. Si dilemme j’avais.

Bradley a pris étonnamment la relève niveau textos et petits coups de fil anodins. Et moi aussi. J’avoue, les choses changent. Une vraie communication d’amoureux s’est instaurée. Bon, ce n’est pas passionnel ni ultra-affectueux et je peux me brosser si j’attends qu’il me fasse la surprise de venir me chercher au taf avec un bouquet de fleurs, mais cela a le mérite d’exister. Comparé à avant, y a pas photo.

J’attends toutefois de voir sur la durée. De voir s’il va se mettre un boost ou pas. Car j’en ai besoin, de ces putains d’étoiles dans mes yeux, maintenant plus que jamais, et s’il tarde trop, j’ai peur de vouloir m’en aller vers une autre galaxie…

C’est peut-être pour ça que je continue de discuter sur Meetic. Quelques amorces de discussion mais rien d’emballant. Ce que j’aime, c’est quand on commence à vraiment faire connaissance, à se retrouver avec plaisir pour continuer la discussion de la veille. Le frisson, même infime, c’est enivrant.

J’ai eu le tour avec Jeremiah. Je ne regrette pas, c’était bien le temps que cela a duré. Et que cela se soit terminé en queue de sucette, ce n’est pas grave. En parlant de Jeremiah, je lui ai répondu et ce, malgré toute la réticence que j’avais alors : « Je suis navrée. Vraiment. »

Je pensais que cela clôturerait notre mésaventure. Mais il a continué de m’écrire.

« Oui ? De quoi précisément ? Parce que là dit comme ça je peux comprendre /interpréter beaucoup de choses… Genre la première qui me vient à l’esprit c’est que tu valides que effectivement ça se termine comme ça dans le silence. Après, une autre, que tu l’es de la situation de manière plus générale… J’ai bien compris ce qui ne va pas (pas de souci de ce côté-là) mais j’ai pas du tout compris comment tu l’as géré …c’était très… bizarre… tes hésitations, ta manière de tourner autour du pot… qu’on reste ensemble quelques minutes, que tu me laisses te toucher tout ça …oui, bizarre, plus j’y repense et plus je trouve ça …pas banal. De mon côté j’entends ce que tu as dit, notamment -et tu le constates- que je n’ai pas tenté -et que je n’essaye pas plus là maintenant- de te convaincre de quoi que ce soit. Au final je pense que tout « ça » te perturbe beaucoup plus que moi… Et là c’est moi, à mon tour, celui qui est navré. »

Puis : « D’accord. Nos 10 jours ne pèsent rien du tout. Je n’aurai pas de réponse à mes précédentes interrogations (sauf à trouver ton blog ^^). Tu n’es pas logique (j’avais oublié). J’arrête de t’embêter. »

Je me suis dit qu’il fallait que je mette fin une fois pour toutes à cette histoire sans queue ni tête : « Mon silence… J’avais besoin d’infuser, je pense. Et tout le rush avec ce nouveau job! Je n’ai toujours rien compris à ce qui s’est passé lundi. Je veux dire, moi. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Mon don prend une ampleur et une acuité déstabilisantes au possible. Je ne peux rien te dire d’autre que je suis profondément navrée. Je te souhaite tout le meilleur pour la suite de ta vie, à nouveau désolée de n’avoir été qu’une étoile filante. »

Ce à quoi il n’a pas tardé à me répondre : « J’apprécie que tu me répondes, mais tu ajoutes de la confusion là… Je n’ai pas compris ton attitude mais je pensais avoir compris tes raisons… Ce message me met le doute, ce qui était clair ne l’est plus vraiment…. »

Et de nouveau quelques jours plus tard : « Bonjour, comment vas-tu ? Tu n’as pas répondu alors j’imagine que tu digères difficilement (?) Si tu as réussi à comprendre (je me réfère à tes messages) je veux bien l’entendre / le lire… J’ai l’impression que tout cela s’est passé il y a une éternité alors que ça fait seulement 10 jours… Et même si j’ai été très vite dans l’acceptation -et ce sans douleur- il n’empêche que je pense à toi tous les jours …de là à dire que ce qu’on avait me manque oui peut-être… La seule chose qui me turlupine vraiment c’est de te savoir dans un mood étrange, de la même veine que celui de notre rencontre en réel alors que de mon côté tout est / était très clair (d’où l’acceptation rapide et indolore) Un comble si ça te perturbe plus que moi non 😉 ? »

Est-ce moi qui n’ai pas été claire dans mon dernier message ? Comment peut-il se méprendre à ce point à mon propos ? Se voile-t-il la face ? Fait-il une ultime tentative ? Je ne sais pas, je m’en moque à vrai dire. Je ne veux juste plus aucun contact. Comme un mauvais film, sitôt vu sitôt oublié.

 

18.30. Ce soir, c’est soirée-pyjama avec Mimine. Même si je sais qu’il y aura plus d’alcool et de larmes que de tisanes et de pyjamas girlie. Il était temps que l’on se voit. Elle et Yang sont effectivement entrés de plain-pied dans l’enfer de la séparation après presque 30 ans de vie commune.

Ça fait un an que cela couvait. Et cela a éclaté il n’y a pas longtemps. Après que Yang se soit confié à moi, Mimine doit en faire autant aujourd’hui. Mais je suis la Suisse, neutre. J’ai cette habilité à cloisonner à mort et pouvoir ne prendre aucun parti. Mais ce qui n’empêche pas mon empathie. A vrai dire, ça m’étreint et me fait mal pour eux deux. J’ai même fait plusieurs rêves très dérangeants à leur sujet que je ne saurais interpréter.

Donc, ce soir. J’espère que ma prairie en fleurs recouvrira la plaine désertique de ma cops.

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