JOURNAL   Saison 9

20th ANNIVERSARY


« Pourquoi écrirais-tu à Walter ? Qu’est-ce que tu en attends ? »

J’ai bloqué. Sacrée Nénette, sacrée sophrologue/coach très douée en développement personnel. Pourquoi fait-on les choses. S’interroger sur ses intentions, les évidentes mais surtout les cachées. S’interroger aussi sur leur signification et sur leur portée.

 

Mercredi 17 février 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-32

Cela me ramène à la thérapie à domicile pour mon TPB que j’avais commencée il y a quelques temps sans pouvoir aller plus loin que la conception de ma matrice. Qui est restée depuis à l’état de squelette.

Donc, je ne sais toujours pas pourquoi je fais les choses ou j’en ai l’intention. Non pas parce que je ne me pose pas la question, au contraire, mais parce que je ne trouve pas de réponse. Certains diraient qu’il faut y aller en roue libre. Ça fait des mois que j’y suis, faut bien freiner un jour sinon je vais finir dans le décor. Si ce n’est déjà pas le cas.

Bref. Dans cette optique, je suis allée lundi pleine d’espoir à mon premier atelier de Pôle Emploi intitulé « Etat des lieux/Se connaître/Exploration des pistes métiers ». Dès les premières minutes, j’ai su qu’il y avait eu erreur d’aiguillage.

Déjà, je me suis aperçue que ce que je cherchais relevait de la quête du Graal. La révélation suprême, le déclic transcendantal. Ce travail d’introspection m’est apparu hors de propos, car ce que j’attends, c’est une intervention extérieure. J’ai tort, bien sûr, mais je ne me suis pas sentie sur les bons rails dans cet atelier.

Et puis, je me suis faite chier à mort au bout de dix minutes. On était cinq participants plus l’animateur que j’ai sincèrement plaint car je pouvais entendre ses pensées comme « Bah on n’est pas sortis de l’auberge » devant le mutisme et les yeux de merlan frit de son auditoire…

Entre celui qui savait à peine lire, l’autre qui parlait à peine français et à qui il fallait préciser la moindre expression comme ‘la cerise sur le gâteau’ nous faisant perdre un temps infini, un Calimero, bah oui, y en a toujours un qui met tout sur le dos des autres, surtout lorsque ces autres lui donnent des ordres, une autre qui veut un travail qui ne ‘pénalise’ pas sa vie de famille avec des horaires raccourcis mais une paie rallongée…

La cour des miracles.

Moi qui me languissais de rencontrer de vrais gens et de retrouver un semblant de contact social, j’ai été servie. J’ai plus d’échanges avec Raymond, ma belette en peluche, que je n’en ai eus dans cet atelier. Bref, je ne fais pas vraiment de jugement de valeurs, plutôt un constat. Si ça se trouve, humainement, ils sont tous très intéressants. Mais là, j’ai trouvé plus forts que moi comme bulots apathiques mono-neuronaux…

Puis, en y repensant, avec ma branquignolerie et mes errements sans fin, j’étais peut-être à ma place, dans cette cour des miracles. Ouais, Esmeralda.

–  Avez-vous des pistes ?

–  Trop. Et cela me perd. C’est bien le problème.

Bref. J’ai des exercices à faire sur leur portail, j’y ai jeté un œil… pas loin de 20 heures de quizz et de matrices à remplir le plus honnêtement possible pour défricher le terrain vague de ma réorientation professionnelle. Je sens que cela va finir comme la matrice de ma thérapie anti-TPB…

Et en sortant de cet atelier, sur les 2.8 kilomètres qui m’ont ramenée à pied chez moi, tenté du moins, j’ai ressenti une douleur fulgurante dans ma cuisse gauche qui m’a forcée à m’arrêter sur le trottoir, pliée en deux, à la limite d’appeler à l’aide. Manque de bol, la rue était déserte. Cela a fini par passer et j’ai pu, clopin clopan, rentrer à la maison.

J’ai déjà eu le tour il y a une semaine chez moi. Je ne faisais rien de particulier et venue de nulle part, cette douleur comme un coup de poignard m’a arraché un hurlement. Bref. Ma fibromyalgie se rappelle à mon bon souvenir en passant la cinquième.

J’ai donc passé la journée d’hier en boule sur la banquette, criblée de douleurs dans toutes les cellules de mon corps. C’est un peu mieux aujourd’hui mais cela n’augure rien de réjouissant pour la suite. Bah, ça me permet au moins d’avoir une piste, une non-piste plutôt, pour mon futur job : « Fauteuil roulant friendly »

 

Le week-end dernier, j’étais chez Toto pour l’anniversaire de ma nièce. Trois jours en famille où les rires, les éclats de voix, les jeux de société endiablés et la liqueur de mandarine en fin de soirée m’ont fait beaucoup de bien. La raclette sur trois repas, moins. Mais cela m’a amenée à me dire que la vie de famille un peu tribale était assez réconfortante, après tout. J’y avais ma place, j’étais bien.

Et lorsque je suis allée au cimetière où j’ai cette fois pleuré comme une madeleine, je me suis dit que si j’habitais à proximité, je viendrais certainement tous les jours. Un manque cruel de dire simplement « Bonjour Maman, bonjour Papa » et de leur raconter ma vie. Tout en imaginant leurs réponses. Besoin de recréer un lien, un échange. A ma façon.

Alors, l’idée de revenir dans le coin a refait surface. Près de Maman, près de Toto. Et comme il n’y a pas de coïncidences, l’opportunité de reprendre un petit commerce de proximité dans la cambrousse là-bas a surgi. C’est loin encore d’être un projet tangible mais une idée qui fait son chemin.

Je sais, il n’y a pas longtemps, je repoussais cette dernière avec dédain. ‘La campagne boueuse ravitaillée par les corbeaux’ ne m’attire toujours pas mais là, j’aurais une raison pour dépasser cette antipathie. On m’a même gentiment proposé de me prêter une caravane que je mettrai sur le terrain de Toto en attendant de trouver un petit chez moi !

Oui, j’ai peut-être besoin de revenir aux sources. Je ne sais pas, je réfléchis.

 

Comme cela fait un moment que j’y pense, comme j’en ai fait le rêve il y a deux nuits, comme j’en ai assez de chercher des réponses introuvables, comme je me dis que je ne suis plus à une excentricité près, j’écris ce qui suit.

« Dear Walter,

I have been told that we do things for a reason but I can’t find any for writing to you today except that I couldn’t skip this so long awaited date. Feb 17th 2021. 20 years. Although when we met still remains really vivid in my soul and heart, let me tell you what has appeared to me lately as the most significant when I think of you.

During my therapy, I have been asked this “Do you recall one moment in your life when you have felt really happy?”… I was afraid to say that I had not lived this moment yet but a long forgotten memory has then reappeared. I was on stage, singing with my band, my mom, my friends and you were there watching me and cheering me up, I couldn’t help but smiling over and over, I know why now : I was and I had everything I ever wanted in my life right at that moment, I couldn’t be more happier… Do you remember too? Did you feel the same?

Today, yesterday, tomorrow and ever, this is what I choose to remember. Beyond the hurt, the wait, the unsaid, all I want to keep is the feeling of being whole and utterly happy once in my life thanks to you.”

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