JOURNAL   Saison 8

A CHEVAL !

–  Qu’avez-vous le plus besoin lors de notre accompagnement ?

–  De beaucoup d’échanges et de découvertes parce que je tourne en rond en présentiel avec moi-même 24/24.

La psy du travail de Pôle Emploi ce matin. Du coup, me voilà inscrite sur l’accompagnement Actif Projet sur huit semaines à compter du 8 février prochain. Bilan de compétences, validation des acquis, échanges et orientation, ateliers reconversion et formation… Il était temps. Car je n’en peux plus tellement je suis dans le waï.

 

Vendredi 22 janvier 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J+7

Une reconversion. Je crois que cela s’impose. J’ai quelques idées, notamment une que m’a soufflée Mildred mardi dernier : archiviste… La formation quant à elle a l’air d’être coton et je ne sais pas trop quels débouchés il peut y avoir mais cela m’interpelle.

Car ce dont j’ai le plus besoin, c’est de trouver une motivation profonde. Des valeurs et des points d’ancrage. Après la tourmente et les différents séismes que j’ai vécus, je ne parviens pas à me poser et à trouver mon chemin. Je prends donc toutes les aides qui s’offrent à moi.

Bon, les médocs, c’est une béquille. Je comptais entrer en thérapie dès que j’aurais pu me payer des séances à 100 balles donc autant dire pas tout de suite mais, Mildred toujours, m’a donné les coordonnées d’un centre municipal de psychologie, gratos donc, une opportunité que je saisis à bras-le-corps.

Surtout en ce moment où je suis envahie de plus en plus par le chagrin. Ça vient par vagues qui me submergent quoique je fasse. Clairement, je n’ai pas fait le deuil de Maman. Je la vois presque partout tout le temps, je n’arrive pas à croire qu’elle est partie et je ressens un manque d’elle si cruel que cela me crucifie littéralement.

Je vais donc la voir demain. Parce qu’avec le confinement Acte III à l’horizon, je ne sais pas quand je vais pouvoir y retourner. Bien sûr, je passe voir Toto et c’est l’anniv’ de mon neveu. Je suis donc sortie tout à l’heure lui acheter une enveloppe-cadeau de jeux à gratter parce que je n’ai aucune idée d’un truc plus festif à offrir.

J’en ai profité pour vider mes verres. Ah ah ah le regard réprobateur d’une rombière raide comme la justice à côté du container à verre… Déjà, Madame, je n’ai pas bu ça toute seule et de deux, bah y a aussi un pot de cornichons !

Bref. Oui, l’alcool. J’admets qu’en ce moment, je n’y vais pas mollo. Jamais seule, toutefois. Seulement quand Bradley est là, un peu le prétexte, quoi. Je sais que c’est un exutoire mais quand je me rends compte de tout ce que j’exulte lorsque j’ai 2 grammes, c’est-à-dire de la merde à 90%, bah je me dis que je file un mauvais coton.

Le pauvre Bradley… On en a discuté, je lui ai demandé de m’excuser et de me filer un joker, à savoir tout ce que je dis et fais dans ces moments-là est à jeter à la poubelle de l’oubli dès le lendemain. Je sais que c’est une phase, l’alcool ne me manque pas entre deux mais dès que je mets le nez dedans, j’y vais sans clapet de rétention.

Je dis ‘le pauvre’ car je me rends compte à quel point je peux être pourrie et invivable parfois et que si lui m’accepte comme je suis, je dois l’accepter lui comme il est, tout pourri et détestable qu’il peut être parfois aussi. Fair play. Surtout qu’en plus, les moments où il est adorable occultent complètement les moments où il est imbuvable. Le jour où cela s’inversera, on verra.

Bref, il est au régiment depuis hier. En début de semaine, il est allé visiter des propriétés au fin fond de nulle part et lorsqu’il m’a montré les photos en rentrant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que décidément, je n’étais pas prête pour un retour dans la boue et les fientes de poules, pour une masure pleine de courants d’air où je me caille les miches à longueur d’année et pas de Deliveroo à moins de 100 km…

Voire même, de revoir cet environnement que j’ai quitté joyeusement il y a presque 30 ans m’a limite angoissée. En tout cas, je n’ai absolument pas ressenti l’appel de la nature et du retour aux sources que Bradley lui ressent puissance 10 depuis trop longtemps à son goût. Ça répond au moins à une de mes interrogations : Trouducul land, c’est pas pour moi. En tout cas, pas tout de suite.

Je suis néanmoins assez sereine, il vit son truc, les choses prennent forme pour lui et moi je vis au jour le jour, voilà. Dimanche dernier, on est allés ensemble chercher la voiture qu’il a finalement achetée, pas un pick-up mais un gros Dodge Durango. Et c’est moi l’Américaine !

On en a aussi profité pour déjeuner chez lui avec ses enfants. Cette pige de nounou fin février se précise… Sauf que si d’ici là on est reconfinés, je ferais la nounou chez moi. Pourquoi pas. C’est juste que cela va me faire bizarre d’avoir à nouveau des enfants chez moi, les derniers ayant été ceux de Kevin il y a une paie. Bon, on verra bien.

 

Bradley est au régiment jusqu’à dimanche soir où il récupère ses enfants. La semaine prochaine, je ne le vois pas et la semaine suivante, il part faire faire des devis travaux pour les propriétés qu’il a visitées. Et le 11 février, il part pour son détachement de 15 jours. Donc, je pense que l’on se reverra dans un mois à peu près.

Pile poil lorsque j’ai besoin de me recentrer sur moi-même. Sans perturbations. Sans alcool. Carême, quoi. Allez hop, à cheval !

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