JOURNAL   Saison 7

LA PLUME DE DUMBO

« Les garçons, je vous présente la nounou qui viendra vous garder une semaine en février quand je serai en mission si votre mère ne peut pas étendre sa semaine. »

Ah. La nounou… Bon, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, à ce que je vois. Je suis partante, pas de problème, c’est juste que cela aurait été sympa d’en reparler un peu avant, quoi, que je ne tombe pas des nues.

–  Mais tu leur as dit pour nous deux ?

–  Je ne veux pas les perturber en ce moment avec la garde exclusive qui va se mettre en place. Tu sais, j’ai mis presque 1 an à leur présenter mon ex, alors…

J’m’en fous, de ton ex. Mais bon.

 

Lundi 11 janvier 2021 # DECONFINEMENT/COUVRE-FEU/Y EN MARRE J+28

L’ébauche de ‘nous deux’ n’aura pas duré longtemps. Mardi dernier, juste après que j’ai posté dans mon blog, Bradley m’a appelée pour que je vienne le chercher. Il venait de rendre sa voiture de fonction et il n’avait pas encore acheté son pick-up. Bref, on a passé presque une semaine entière ensemble. Et donc, une semaine de ‘Je Je Je/mon ma mes’.

Malgré cela et malgré le fait que mon délai idéal de 48 heures ait été dépassé allègrement, cela s’est plutôt bien passé. Il avait aussi des rendez-vous, une tonne de trucs pour l’armée à gérer la tête dans son ordi et ses 3 jours au régiment qui sont passés à 2 avec une permission d’une nuit donc le temps l’un sur l’autre était réduit.

On est allés tous les deux voir une voiture à vendre, j’ai rencontré ses enfants donc qui étaient de passage chez lui et il m’a même présenté un ami à lui, futur associé dans son projet pro. Pas la ferme autonome mais un truc censé lui apporter un peu de cash justement pour ça. Et il a été la plupart du temps assez agréable, je dois dire. Mais plus de ‘nous deux’ dans ses propos et diverses réflexions.

Aussi, je me félicite de ma prudence ‘Chat échaudé craint l’eau’ car son chaud-froid-glacial-bouillant aurait pu me déstabiliser à nouveau. Surtout, cela n’a plus prise sur moi. Je suis véritablement heureuse quand je le vois tout autant que je le suis lorsque je retrouve ma solitude.

Et le fait est que je ne me projette pas avec lui. Ce n’est pas un faux aveu à 2 balles de ma part, je ne me mens pas, je suis réellement à l’instant T avec lui sans voir plus loin qu’à un jet de pierre. Je ne sais pas trop où ça va, ni même si j’ai envie que cela aille quelque part et tutti va bene sans culpabilité ni amertume.

Je crois que j’ai autre chose à penser et c’est autre chose, c’est moi. J’ai ce bilan 2020 à faire, ma vie à reconstruire, mes blessures à panser, ma lumière à retrouver, mes combats à mener… C’est beaucoup pour mes 47,3 kilos et mon coco farci d’antidépresseurs et de somnifères. Bref, je ne veux pas m’en rajouter, je ne suis pas maso et très loin d’être une super-héroïne.

J’ai encore des ratés, d’ailleurs. Comme samedi soir. Je ne sais pas trop pourquoi ni comment mais le chagrin est venu m’envahir. Je pense à Maman tous les jours et cela ne me fait pas mal habituellement mais là, je n’ai rien pu faire contre le désespoir qui s’est emparé de mes tripes. C’est là que je me suis aperçue que j’avais perdu mon élastique.

D’où ma réflexion : est-ce ma plume de Dumbo, désormais ? Ou est-ce que je suis prête à voler sans ? Vu qu’affolée comme j’étais sans mon élastique bah j’ai attrapé une bouteille que j’ai vidée quasiment d’un trait, je pense que je connais la réponse… Une purée de bad trip.

 

40 heures et 15 litres d’eau plus tard, je me motive à dessiner un semblant de planning pour la semaine. Car la semaine dernière avec Bradley, j’ai rien foutu. Pas écrit une ligne dans mon roman, pas regardé une seule annonce de taf et la gym par-dessus la jambe.

Alors, en vrac : ménage, téléconsultation avec ma doctoresse pour mon refill mensuel cet aprem, cafetière à détartrer, rdv téléphonique Pôle Emploi mercredi, une couleur à faire car j’ai quelques cheveux blancs qui m’emmerdent, aller vider les cadavres de bouteilles, écrire et gym gym gym…

Amen.

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