JOURNAL   Saison 7

LA MATRICE

L’OUTIL DE BASE : LA MATRICE

Nous allons vous présenter un modèle, un point de vue, que beaucoup de personnes ont trouvé utile pour faire des choses importantes pour elles-mêmes en présence d’obstacles. On l’appelle une matrice.

         Selon ce point de vue, quand on regarde un être vivant, on peut observer qu’il est soit en train de s’approcher de quelque chose, soit en train de s’en éloigner. Par exemple, si on prend un lapin dans un champ, on peut observer que soit il est en train de s’approcher du champ de carottes du voisin, soit de s’éloigner du chien du voisin.

         Pour nous, les êtres humains, nous cherchons soit à nous approcher ou à nous éloigner de choses de l’expérience des 5 sens (donc des choses extérieures à nous), soit à nous éloigner de choses auxquelles nous ne voulons pas penser ou que nous ne voulons pas ressentir, ou bien nous approcher de choses qui sont importantes pour nous dans la vie.

 

COMMENT REMPLIR LA MATRICE

Remplir la partie en bas à droite de la matrice

Nous notons en bas à droite de la matrice ce qui est important pour nous : la vie que nous voulons vraiment vivre, la direction dans laquelle nous souhaitons aller…

 

Mardi 29 décembre 2020 # DECONFINEMENT/COUVRE-FEU/Y EN MARRE J+15 Ça sent le reconfinement…

Deuxième chapitre de mon Cahier pratique de thérapie à domicile pour le trouble borderline et la première pensée qui me soit venue est « Ah merde. »

Je me suis retrouvée dans l’incapacité totale de trouver la moindre ébauche de pensée. Le blanc intégral. J’ai refermé mon cahier avec le sentiment que je venais de déterrer quelque chose de majeur : je ne sais pas aujourd’hui quelle direction donner à ma vie…

Loin de me plonger dans les affres du désarroi, cela au contraire me pousse à réfléchir en profondeur. Ça coïncide en plus avec la fin d’année que je redoute depuis si longtemps, avec son cortège de bilans en tout genre et de projections comme des mantras remplis à ras bord de  résolutions qui s’avèrent toujours n’être que des chimères destinées à laver notre conscience.

J’ai donc décliné les deux invitations au réveillon de la St Sylvestre, celle de Toto ainsi que celle de Yang et Mimine chez des amis à eux. C‘est bien ce que je pressentais, je n’ai pas du tout l’humeur festive en ce moment et je crois que j’ai vraiment besoin d’être seule. Bon, je ne vais pas me refaire chips-coca-déprime comme à Noël mais je vais bien trouver un truc.

 

Me voilà donc en stand-by dans ma thérapie. A bien y regarder, je ne suis pas sûre de me retrouver complètement dans la description du TPB, c’est peut-être pour ça que je bloque, je ne sais pas. Mais je dois avouer que de me découvrir à blanc devant une telle question a été révélateur du joyeux bordel qu’est ma vie en ce moment. Je sais qu’il est primordial que j’y réponde à un moment donné. Je pense d’ailleurs que tout le monde devrait y répondre un jour, TPB or not TPB.

Je repense aussi au rêve que j’ai fait il y a une semaine, surtout à cette étrange ‘visite’ et au message délivré « Il est temps. » … Oui, tout pointe vers une remise en question si ce n’est LA remise en question de ma vie entière. La vérité est que cela m’épuise par avance. Bref.

En stand-by également dans l’écriture de mon roman. Je bloque sur la psychologie de mes héros, notamment sur leur background et ce qui fait qu’ils sont ce qu’ils sont. Je souhaite vraiment explorer le fictionnel à fond mais pour cela, j’ai besoin de me détacher de ce que je pourrais moi dire ou faire à leur place et je m’aperçois que l’exercice est plus difficile que je ne l’aurais pensé. Je tiens aussi à une certaine cohérence entre leur vécu et leur devenu donc je dois extrapoler à tout va. Pas si aisé, au final.

Non, la seule chose qui avance, et ce de façon complètement inattendue, c’est l’histoire entre Bradley et moi. Lui, surtout. Quant à moi, je surfe sur cette vague avec un naturel désarmant…

Il est bien venu le 25 et l’on a passé 48 heures ensemble. Comme l’idéal que j’avais exprimé il y a quelques semaines. Et je dois dire que c’était vraiment idéal. Parfait. Idyllique. Lui était détendu, joyeux même, attentionné et attentif et moi j’étais sereine et sans détours, moi-même, quoi.

On a à nouveau beaucoup parlé, lui et moi, échangé sans tabou et sans aucune prise de bec. Moi, je ne me suis pas gênée pour lui dire ce que je pensais, simplement et sans mystères fumeux et il a semblé m’en être reconnaissant. Bref, une communication fluide et prolifique.

Notre complicité charnelle aussi a atteint des sommets. Notre complicité tout court. Très honnêtement, je n’aurais jamais pu imaginer une telle entente entre nous deux. Surtout en repensant à il y a ne serait-ce que quelques semaines auparavant.

Ainsi, j’étais bien à vivre cet exquis instant T sans chercher midi à quatorze heures lorsqu’il a pris un tournant absolument inattendu. Franchement, je ne l’ai pas vu arriver une seule seconde et à vrai dire, je n’ai pas tilté sur le moment. C’est lorsqu’il est reparti dimanche que tout a infusé.

On parlait, enfin, lui parlait encore et toujours de son projet de maison autonome au fond des bois du trou du cul du monde.

–  Tu vois, on passe le plus clair de notre temps à bosser pour avoir une paie dont on ne fait rien à part payer des factures car on n’a plus de temps pour soi, pour faire ce qui compte réellement, c’est-à-dire vivre sa vie. C’est marcher sur la tête et ce n’est pas ce dont j’ai envie.

–  Tu prêches une convertie, j’ai eu ce wake-up call il y a plus de 10 ans déjà.

–  Comme moi ! Aujourd’hui, je me sens prêt. Ce n’est pas forcément de vivre en reclus comme un trappeur dans le Yukon que je souhaite mais de pouvoir vivre pour moi en toute autonomie. Avec des panneaux solaires, des récupérateurs d’eau de pluie, une permaculture, des poules, des lapins… Je travaillerais pour ma subsistance, je n’ai besoin de rien d’autre.

Il a marqué un temps d’arrêt et venant de nulle part, il m’a sorti :

–  Tu te vois à ton bureau le matin écrire dans ton blog ou sur ton prochain livre et l’après-midi dans le potager ou à t’occuper des poules ?

–  Euh… You’re talking to me ?!

–  Moi, je te vois bien en bottes et en treillis à traire la vache pour faire ton fromage ou ramasser les haricots pour les vendre sur le marché…

–  Ça oui, c’est ma vie rêvée ultimement ! Vivre de ma plume à la campagne ! Mais il me faudrait une serre en plus, pour des fleurs et des plantes médicinales car l’herboristerie m’a toujours fascinée… Comme ça, je pourrais faire mes onguents, mes potions de sorcière ha ha ha !

–  Oui, une serre, pourquoi pas. Et une cuisine d’été. Et un cheval pour labourer…

–  Et un faucon pour chasser ?

–  Bah nan, on aura déjà des lapins…

A ce moment-là, je n’ai toujours pas percuté et c’est moi qui ai continué dans la projection comme si de rien n’était :

–  Il faudrait tout de même une autre source de revenus, peut-être faire des cosmétiques naturels, à voir, car j’aurais besoin ponctuellement de me remettre à voyager. Je suis d’une nature fortement contemplative et les voyages m’ont toujours apporté une joie immense, ça me manque.

–  Bah comme ça, on ne sera pas trop l’un sur l’autre, moi parti pour l’armée et toi avec tes voyages… Et pis l’un s’occupera de la ferme quand l’autre ne sera pas là ! C’est parfait !

Il a alors pris ma main pour entrelacer ses doigts dans les miens avec dans le regard une lumière que je n’avais jamais vue auparavant. Mais je ne m’y suis pas attardée, à vrai dire, je ne voulais pas y croire et cela m’a embarrassée plus qu’autre chose.

Mais la projection était plaisante. Comme lorsqu’on rêve de gagner au loto, on s’imagine faire ceci, faire cela, tout en sachant que ce n’est qu’une fiction. J’ai donc poursuivi. Je lui ai dit que je préférais les vielles pierres à rénover plutôt qu’une maison autonome toute neuve à poser dans un terrain, lui soufflant au passage que la rénovation et l’architecture d’intérieur étaient mon dada.

Il a semblé convaincu et l’on s’est mis à regarder des annonces de ventes immobilières… ensemble.

Lui, me demandant ce que je pensais de telle maison, voire envisageant au vu des photos tels ou tels travaux, moi scannant le potentiel des volumes et les partis-pris à faire, tous les deux s’extasiant devant les poutres et les vieilles pierres apparentes… Un vrai petit couple de parisiens en mal de campagne !

 

C’est la première fois qu’il m’inclut dans son projet. Qu’il se projette avec moi. C’est énorme. A nouveau, je ne sais pas d’où cela lui vient, plutôt quelle mouche l’a piqué, c’est si soudain et si inattendu de sa part que cela en est déroutant.

Je ne vais pas dire que je ne l’envisage pas car c’est vrai, j’y pense. Mais j’y pense comme à mon propre projet auquel je songe depuis bien longtemps déjà. Je dois reconnaître que son projet et le mien sont très similaires. Peut-être peut-on les greffer l’un à l’autre ? Mais cela sous-entend une vie à deux, une vie de couple et ceci est un tout autre sujet à mon sens.

C’est pour cela que je me méfie. Si cela devait se faire, j’aurais besoin de mettre les choses au clair dès le début en lui versant un loyer peut-être, afin qu’il reste seul propriétaire de son projet si nous devions ne plus nous entendre par la suite.

Mais pour l’instant, je préfère me laisser porter par le courant sans port d’attache en vue. Rien n’est fait de son côté, tout peut changer d’ici là, lui comme moi, bref, carpe diem en ce qui me concerne.

Cela dit, les choses ont avancé entre lui et son ex-femme au sujet de leurs enfants car elle va demander leur garde exclusive, ce qui devrait lui permettre à lui d’envisager cette nouvelle vie plus vite que prévu.

Là, il est parti deux jours chez son père avec ses enfants et il fera le réveillon avec ses potes. Après, bah je ne sais pas. Non pas que je m’en moque mais j’aime bien comme c’est actuellement entre lui et moi. Cette incertitude finalement me satisfait.

J’ai beaucoup de sentiments pour lui et peut-être des nouveaux. Lui aussi apparemment. Que demander de plus ?

 

Allez, demain j’ai un rdv téléphonique avec une conseillère Pôle Emploi pour faire un point sur ma recherche d’emploi. Ça va être vite vu. J’ai bien l’impression que c’est une quête qui restera infructueuse quoique je fasse. Il va donc falloir que je réfléchisse à un plan B dans pas longtemps.

Pff que de remises en question ! C’est épuisant.

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