JOURNAL   Saison 7

CHAMPAGNE & MONOPOLY

Moi je dis que de se prendre une muffée au champagne en jouant au Monopoly, bah c’est glamour !

 

Dimanche 20 décembre 2020 # DECONFINEMENT/COUVRE-FEU/Y EN MARRE J+6

Je rentre de chez Toto. Qui m’attendait hier midi avec une fondue au camembert et un saladier de frites. 5.000 calories d’un coup. Moi qui n’avale qu’un shaker de protéines par jour depuis deux semaines parce que j’ai pas faim, bah ça m’a fait bizarre.

Un peu bibendum donc lorsque je suis allée au cimetière dire bonjour à Maman. Sans Toto qui a encore du mal. J’ai nettoyé la tombe et déposé une belle hellébore couleur ivoire. Et je n’ai pas pleuré. Elle me manque, je pense à elle chaque jour mais cela ne me prend plus aux tripes comme avant.

Plus rien ne me prend aux tripes en ce moment, d’ailleurs. Les médocs, sûrement. C’est à tel point que j’ai conduit comme une mémé pour venir, je me suis presque faite honte toute seule ! Ou alors, c’est parce que ça fait deux mois que je n’ai pas roulé ?… Bref, exit la chauffarde et joyeux Noël aux lapins des bords de route.

Et hier soir donc chez Toto, Monopoly que l’on a copieusement arrosé au champagne. Au Pouilly Fumé, aussi. Et à la liqueur de mandarine. J’ai passé une excellente soirée. Que c’est bon de retrouver des gens, de parler, de rire ! Je me rends compte que le contact humain me manque, c’est en cela que je sais que je suis prête à reprendre une vie sociale par choix et pas par obligation. Je me rends compte que c’est agréable de sortir de chez soi plus d’une demi-heure une fois par semaine pour aller faire les courses… Contente de constater que mon grottisme naturel s’effrite un peu. Allez, exit l’ourse et vivement que je retrouve un boulot !

Ce matin, on est allés sur le marché du patelin d’à-côté. Rien que de parler avec les commerçants, ça m’a fait un immense plaisir. Et de faire les boutiques, oh la la ça faisait une éternité ! qu’est-ce que j’ai aimé ! Ça me change des salades défraîchies de mon Franprix et des bouillottes-pingouin de ma pharmacie. Bref, je me suis fait mon cadeau de Noël :

J’aime la futilité.

 

Un qui ne l’est pas, futile, c’est Bradley. Je lui ai dit d’ailleurs vendredi lorsqu’il est passé chez moi. Tout chez lui doit avoir une pertinence et la précision d’un scalpel, chacun de ses mots, de ses gestes, de ses pensées… Il l’a reconnu. Moi aussi je peux taper dans le mille ha ha ha!

Oui, il est venu me voir vendredi midi. On a alors passé deux paires d’heures, ma foi, très agréables. On a papoté beaucoup, très simplement, dans un réel échange cette fois. Même si j’ai dû le faire se taire lorsqu’il a commencé à repartir dans un de ses monologues qui me passent au-dessus des oreilles. Je ne m’embarrasse plus maintenant, je vais à l’essentiel avec lui et là, je n’avais clairement aucune envie qu’il « rain on my parade » ou « kill my good mood »

On a abordé aussi des sujets relativement sensibles, tous ceux que j’évitais soigneusement auparavant. J’étais complètement relax et là non plus, pas le moins du monde gênée aux entournures. J’ai mis les pieds dans le plat plusieurs fois d’ailleurs et fait notable : il ne m’a pas rabrouée une seule fois…

On a fait l’amour. Il a avoué que ça, ça lui avait ‘quand même’ manqué… Je n’ai pas relevé. J’étais bien, on était bien, et pas envie de repartir en arrière. Mais là où ça s’est tendu légèrement, c’est lorsque je lui ai demandé si, comme nous l’avions envisagé il y a quelques temps, on passait Noël ensemble. Comme il s’attendait à être tout seul, il a accepté une permanence à l’armée le 24 toute la journée et il avait plus ou moins prévu une soirée plateau-télé chez lui en solo car pas la tête aux festivités… Mais bon, il pourrait faire l’effort…

J’y ai réfléchi ensuite et je me suis dit que j’étais trop con : je n’ai pas du tout envie que ce soit un effort pour lui et encore moins qu’il me le montre pendant toute une soirée censée être festive. Alors, je lui ai écrit :

« Pour te dire que le 24, pas de pression, je comprends que tu l’avais prévu seul, à vrai dire, moi aussi. Je pensais simplement que c’était une bonne idée de passer un moment privilégié toi et moi mais si c’est pour que tu sois grumpy et moi mal à l’aise, ça ne sert à rien. 

Cela dit, ce sera avec grand plaisir si tu veux le maintenir, juste dis-le moi mardi soir au plus tard pour que je fasse les courses mercredi matin.

Quant au 31, tu m’as ‘prévenue’ que tu le passais avec tes amis, comme si j’allais te demander de le passer avec moi… Comme je pensais que tu allais chez ton père, je m’attendais à ne pas avoir de news de toi avant 2021 donc relax!!!  

Alors, on y va souplement, je sais à quel point les ‘contraintes’ te sont insupportables et je ne veux pas en être une de plus. Moi, je suis sereine, j’aime les moments que l’on passe ensemble, si tant est que ce soit des moments de qualité, et je n’attends rien d’autre. 

Et tu viens quand tu veux, okay? Call me, take care. »

Et hier soir, sortie sur la terrasse chez Toto pour fumer une cigarette, du vent plein mes voiles, je n’ai cette fois pas envoyé de textos à Walter mais à Bradley qui m’a appelée. On a eu alors une discussion futilement normale, légère et décomplexée. Surtout moi, avec mes 2 grammes dans chaque oreille… Et cet après-midi quelques échanges par textos, eux aussi d’une roucoulante banalité.

Tout ça vaut d’être souligné car il n’y a jamais eu cette fluidité de communication entre nous, cette aisance dans nos échanges. Avant, tout était empesé, dense, empli de non-dits et de silences mystérieux… Cette nouvelle page semble bel et bien se concrétiser. En tout cas, moi ça me va.

Faudra quand même que je lui demande ce qui l’a fait changer d’avis mardi dernier. Venir pour rompre et repartir comme en quarante ou presque, j’aimerais bien savoir pourquoi. Bon, la prochaine fois.

 

Oui, je me sens bien. En phase avec moi-même. Libérée. Décomplexée. La carte de la métamorphose que j’ai tirée pour moi la dernière fois ne pouvait être plus vraie.

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