JOURNAL   Saison 6

STORYTELLING

“We knew this was going to go long. We feel good about where we are. We really do. I’m here to tell you tonight we believe we’re on track to win this election. I’m optimistic about this outcome. Keep the faith, guys. We’re going to win this.”

Who is? It’s not very clear as both of them tells out the same, only with different words. And this raging battle raises only one thought in me: everything is really possible within these lands where the American dream is more alive than ever.

 

Mercredi 4 novembre 2020 # RECONFINEMENT J+6 # USA ELECTION DAY D+1

Passé la nuit devant la télé et suis allée me coucher lorsqu’il a été clair qu’aucun résultat ne serait probant avant trois jours. J’ai sommeillé quelques heures et me voilà avec MON rêve américain qui revient me chatouiller.

C’est fou à quel point je peux me sentir patriote mais pas pour mon pays. Frémissante dès que j’entends l’hymne national américain, de marbre quand c’est la Marseillaise. Apolitique par principe en France mais férocement engagée aux Etats-Unis.

Est-ce parce que j’ai besoin de croire en un porteur de valeurs fort et digne de confiance ? Ici, c’est ‘faites ce que je dis, pas ce que je fais’ alors que là-bas, c’est ‘je fais ce que je dis, je suis ce que je dis’. Trump en est la preuve vivante. Que l’on embrasse ou non ses valeurs, on ne peut nier qu’il a toujours été fidèle à lui-même.

Biden sauvera-t-il le monde ? Malgré mon âme profondément démocrate, j’en doute. Mais j’ai de grands espoirs pour sa colistière Kamala Harris qui pourrait devenir la première femme à la tête de la plus grande puissance mondiale et changer ainsi le destin de tout un chacun sur cette terre.

Rien que le symbole pour moi est porteur d’espoir. Tout comme l’était celui d’Obama en 2008. Peu importe le bilan de ce dernier, quelque peu mitigé en fin de deuxième mandat il faut bien le reconnaître, il a incarné le changement et la volonté d’unir les peuples dans un but commun.

YES, WE CAN. Un slogan qui est encore gravé en moi profondément.

J’ai même donné pour sa campagne. N’étant pas citoyenne américaine, j’ai donné par l’intermédiaire de la maman de Zane qui était ravie d’avoir un tel ralliement à ses propres valeurs. Puis, j’ai rejoint les Democrats Abroad et j’ai suivi Obama sur les réseaux sociaux. Je suis même allée à Chicago, son fief. Et me suis prise en photo devant son portrait dans la galerie des présidents au Mount Rushmore dans le South Dakota. Oui, j’étais une fan inconditionnelle. Et quelle classe, ce mec !

Bref. Alors, mon rêve américain à moi, c’est l’idée que l’on peut se faire soi-même. C’est l’antithèse parfaite du système de castes : peu importe d’où l’on vient, ce qui compte c’est ce que l’on fait. On peut se construire en partant de zéro si l’on travaille dur et que l’on croit en soi. On peut se crasher et renaître de ses cendres, on est même encensé et pris en exemple dans ce cas-là.

En France, sans diplôme, sans éducation, on n’est rien. Même l’autodidacte le plus accompli soulève toujours des suspicions. On ne salue pas le travail mais l’aboutissement d’un parcours normé qui exclut la conviction et la révélation. On se méfie de l’atypisme comme de la peste, on veut du spécialisme, de la technicité enseignée, de l’expertise qui sort de l’école et non du vécu.

Et entreprendre en France, c’est une croisade sanguinaire où tout ce que l’on fait est de se battre contre, au lieu de se battre pour. Une chimère, un non-sens, un mirage. Et quand on s’est cramé les ailes une fois, on est bon à mettre à la poubelle, il n’y a plus rien en nous qui mérite l’attention, encore moins la reconnaissance.

 

D’aussi loin que je me souvienne, les Etats-Unis m’ont toujours appelée. Et à 20 ans, j’ai répondu à leur appel. Je suis partie sac-à-dos en tant que jeune fille au pair dans un premier temps. J’avais le plan ensuite de me fondre dans le pays pour tenter ma chance, comme on dit. J’étais naïve et certainement pas préparée, j’ai pris peur et je suis rentrée, la queue entre les jambes.

Mais je me rappelle, lorsque je suis arrivée pour la toute première fois donc aux Etats-Unis, à l’aéroport de Tampa Bay, Florida, j’ai ressenti immédiatement une impression de grandeur et d’espace. C’était enivrant et inquiétant à la fois.

Par la suite, j’y suis retournée maintes fois, quadrillant un peu tout le pays, avec une prédilection très marquée pour le Montana après l’avoir découvert en 2012. Je ne saurais dire pourquoi, j’ai l’impression que je suis chez moi aux Etats-Unis. Un sentiment indéfinissable d’appartenance à quelque chose que je connais instinctivement.

Même si je suis la première à dire que les Américains peuvent être des benêts incultes à la mémoire courte quand ça les arrange – je n’oublie et ne pardonne pas la spoliation des natifs américains et la fondation du pays sur le sang des esclaves arrachés d’Afrique – j’adhère complètement à leur mentalité de pionniers et d’entrepreneurs qu’ils ont tous, chevillée au corps.

Bref, je me sens à ma juste place là-bas. Et je ressens aujourd’hui plus que jamais leur appel comme celui d’une maman ourse pour son petit qui s’est trop longtemps éloigné d’elle. Une nécessité urgente.

Je ne sais hélas pas comment y répondre. Pas encore. Je pense qu’il faut que j’investigue dans cette voie-là. Mais je ne suis plus la gamine simplette aux illusions de grandeur, je ne repartirai donc pas à l’aventure avec ma seule conviction comme caution.

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