JOURNAL   Saison 5

MON FRERE

I’ve been thinking about my mother lately
The person that she made me
The person I’ve become
And I’ve been trying not to fill all of this empty
But, fuck, I’m still so empty


And I could use some love
And I’ve been trying to find a reason to get up
Been trying to find a reason for this stuff
In my bedroom and my closet
The baggage in my heart is still so dark


If I could break my DNA to pieces
Get rid of all my demons
If I could cleanse my soul
Then I could fill the world with all my problems
But, shit, that wouldn’t solve them


So, I’m left here alone…

Toto m’a appelée, il va mal. Alors, je vais mal moi aussi.

 

Samedi 10 octobre 2020

Clairement, le job était trop dur pour ma belle-sœur. Avec le décès de sa propre mère quelques mois plus tôt, j’aurais dû m’en douter. Du coup, je me sens bien nulle de lui avoir délégué lâchement ma responsabilité de grande sœur.

Toto s’est fait arrêter. Il a l’impression de devenir fou. Il a des pensées morbides, d’une noirceur qui le terrifie. Car jamais il n’a ressenti ça pour Maman. Il ne comprend pas, il s’en veut terriblement. Il s’ouvre à moi avec clarté et précision, ça me surprend, pour tout dire, je ne pensais pas qu’il avait en lui ce vocabulaire et la faculté de s’en servir.

–  Toto, je pense que le départ de Maman a fait ressurgir en toi ton abandon. Je sais, ça m’est arrivé. Mais comme toi tu as toujours nié cette partie de ton passé, elle t’éclate aujourd’hui en plein visage car plus personne ne peut répondre à tes questions.

–  C’est vrai. C’est Maman qui avait fait les démarches pour que je retrouve mes origines mais je n’ai jamais voulu. Peut-être que je lui en veux de ne pas m’avoir poussé plus fort ?

–  Je crois plutôt que tu fais un transfert avec ta mère biologique. Tu en veux à Maman d’être partie car elle t’a abandonné comme ta mère biologique.

Une conversation que je n’aurais jamais pensée possible.

Je me rends compte que lui aussi subit le contrecoup, quelque part ça me rassure parce que je commençais vraiment à croire que j’étais damnée avec mes cauchemars à répétition. Et l’on se rejoint en larmes sur le sentiment d’extrême abandon que l’on ressent. Cela ne nous a pas fait ça pour Papa il y a huit ans mais c’est parce qu’il y avait toujours Maman. Le départ de cette dernière nous laisse vraiment dans le dénuement le plus complet.

« Je n’ai plus que toi, ma sœur… »

Ça me bouleverse au plus profond de mes tripes. Lui et moi n’avons jamais été aussi proches, à croire que la douleur est le meilleur ciment qui soit. Il faudrait que je sois près de lui, que l’on ait un moment rien que pour nous deux, faire notre deuil ensemble. Même si j’ai peur que la digue que j’ai eu un mal de chien à construire ne cède et que je ne sois pas capable cette fois-ci de me relever.

Bref, je pensais que l’on aurait pu avoir ce moment, lui et moi, en allant sur la tombe pour mettre enfin la plaque avec la photo de Maman mais c’est au-dessus de ses forces, il ne peut pas y retourner, pas tout de suite en tout cas. Moi, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose, qu’il y a un vide sur la tombe et ça m’empêche de faire la paix. Je sais que je dois y aller mais pas seule… Bradley a proposé de m’accompagner, c’est vrai, j’ai eu cette vision, je ne sais pas…

 

Les affaires de Maman ont commencé aussi à étouffer Toto. Alors, il m’a demandé s’il pouvait s’en débarrasser… Je lui demande un délai même si je comprends sa démarche. Mais je ne me sens pas prête. Les quelques trucs que j’ai gardées d’elle ont trouvé leur place chez moi, j’ai appris à vivre avec depuis qu’elle est partie à l’hôpital donc ils ne me font pas mal. J’ai gardé aussi tous ses papiers qu’il faudrait que je jette mais je ne m’y résous pas.

J’espère que Toto va pouvoir tenir encore un peu.

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1 avis sur “MON FRERE

  1. Tonton

    Je partage votre souffrance devant cette absence que je ressens, moi aussi, douloureusement.
    Je réalise à quel point elle a marqué mon existence, elle a été la seule personne à avoir partagé entièrement toutes les années de ma vie, depuis ma naissance jusqu’à maintenant.
    Dès mon enfance, elle a été non seulement une sœur, mais aussi une seconde mère et surtout elle a remplacé le père que je n’avais plus, dés l’âge de 4 ans (quand les allemands nous l’ont enlevé). C’est avec elle que j’ai découvert le monde, mes premières émotions, mes premières joies, mes premières lectures … elle a été tout au long de ma vie un modèle que j’ai souvent copié et suivi. Je lui dois beaucoup, elle occupera toujours une place énorme dans ma mémoire.
    Bon courage à tous les deux, je vous embrasse.

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