« … La ville de Paris va bientôt imposer le port du masque dans certains espaces publics à l’air libre très fréquentés et cela ne plaît pas du tout aux résidents… »
C’est comme pour l’écologie, on est pour, du moment que l’on ne nous empêche pas d’utiliser notre voiture quand on veut, d’acheter un nouveau portable tous les ans et des fringues pas chères.
Dimanche 9 août 2020
L’ambivalence de la plupart d’entre nous me hérisse le poil. Profondément individualistes, faussement solidaires, vaguement patriotes, on se fédère et on obéit si et seulement si cela ne touche pas à notre pré carré. Car on déteste la privation de libertés. Pas étonnant que les restrictions liées au Covid commencent à taper sur le système.
« Mon masque est dans mon sac car il fait trop chaud ! Là, ce sont les vacances et j’ai envie d’en profiter. Déjà qu’on a été confinés pendant deux mois… »
Tu feras moins ta faraude, ma grande, lorsqu’on sera re-confinés. Au train où vont les choses, dans pas longtemps.
Bref. Moi, ce ne sont pas tant les restrictions et les recommandations en tout genre qui m’insupportent mais la façon dont on essaye de nous les inculquer. On s’adresse à nous comme à des débiles profonds, tout en marchant sur des œufs et en appelant à notre sens civique.
Si la santé publique est en jeu, arrêtez votre marche en crabe, les gars, et imposez, obligez, dictatoriez ! Alors oui, l’économie blablabla… Deux poids, deux mesures. Un peu comme pour le tabac, hein ? Arrêtez de fumer, c’est mauvais pour la santé mais achetez nos cigarettes pour faire rentrer des sous dans les caisses de l’état….
A force d’avoir un pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein, ça n’inspire pas l’adhésion. On en arrive même à soupçonner un complot machiavélique pour nous asservir. Il n’y a qu’à voir les manifestations ‘anti-corona’ qui fleurissent un peu partout dans le monde où le rejet du masque est devenu un geste politique contestataire… Je ne cautionne pas mais je comprends.
Bon, ce n’est pas parce que moi, je respecte les consignes à la lettre que je suis plus civique que les autres. Le masque, la distanciation, le confinement même me vont bien, j’imagine que si cela me soulait, je serais la première à râler.
Mais j’aime pas quand on me parle comme si j’étais neuneu. D’où ma petite révolte du moment. Je supporte de moins en moins quand ils l’ouvrent sur tout à tout bout de champ, comme des pseudos patriarches bienveillants. Tout y passe. Ça fait un bout de temps déjà que je ne regarde plus la télé mais je crois que je vais bientôt aussi boycotter la radio.
« Ne mettez pas la clim ni le ventilo, ça propage le virus. » Ah parce qu’il a des ailes, le corona ?!
« Faites une pause toutes les deux heures sur la route et mangez léger pour éviter la somnolence. Voici nos recettes de déjeuner light… » Sont jamais allés dans un restoroute, eux, où les pommes ne l’emportent jamais contre les sandwiches, les chips et les Snickers.
« Ne vous exposez pas trop au soleil pour éviter les cancers de la peau et mettez de la crème solaire. » Je croyais que ça polluait la mer ?…
« Soyez bienveillant avec vous-même, pardonnez-vous, chouchoutez-vous car le bien-être est fondamental. » La dépression n’est pas une maladie honteuse.
« … Mangez bio, mangez sain, évitez la viande, les plats préparés, le Mac Do, faites vous-mêmes, modérez l’alcool, buvez dix litres d’eau, triez vos déchets, apportez vos bocaux pour faire vos courses, traversez dans les clous, respectez les limitations de vitesse, ne faites pas de doigt d’honneur aux radars, mettez une capote, de la crème solaire donc et ne dites pas de gros mots… » TA GUEULE !!!
En revanche, je n’entends jamais : « Ne jetez rien sur la voie publique, dans la mer, sur les petits chemins de randonnée et gardez vos ordures dans votre poche jusqu’à temps de trouver une poubelle, n’abandonnez pas votre chien sur le bord de l’autoroute, encore moins votre mémé, et ne jetez pas votre tortue de Floride dans les toilettes, bande de gros dégueulasses !!! »
Parce que moi, l’écologie, c’est mon dada. Une prise de conscience que j’ai eue en 2009. A l’époque, je bossais dans une boîte de télécom et réseaux avec un trajet quotidien en voiture de deux heures aller et retour. Un soir en rentrant, j’étais dans ma voiture en plein bouchon et l’absurdité de ma vie m’est apparue clairement : le carbone que j’émettais chaque jour toute seule dans ma voiture pour apporter ma pierre à l’édifice de la consommation ultra-polluante, valait-il que je rabroue les convictions qui grandissaient alors en moi ?
Tout ça pour payer des crédits et des taxes à gogo et avoir l’illusion d’être propriétaire de quatre murs. Comme si l’on pouvait posséder la terre. Je préfère payer un droit de vivre plutôt qu’une foncière pour des cailloux sur lesquels je n’ai aucun droit.
Bref, je me suis donné bonne conscience alors avec une chaudière à condensation et des plants de tomates bio sur mon toit-terrasse puis j’ai continué lâchement ma petite vie. Parce que de vivre en marge et à l’envers de la société s’est avéré être un choix trop difficile à faire à ce moment-là. Même aujourd’hui, j’ai un loyer à payer et un monceau de dettes.
Et au-delà de ça, serais-je capable de plaquer ma petite vie de consommation pour vivre dans une cabane au fin fond des bois ? Bon, si ça se trouve, dans quelques temps, j’aurai enfin l’empreinte carbone proche du zéro dont je rêve quand je serai à la rue à dormir sur des cartons et à recycler le contenu des poubelles de restaurants…
On en revient à l’individualisme de tout un chacun. Nos cas de conscience s’effacent très souvent devant la réalité quotidienne. C’est d’autant plus le cas lorsqu’on a des enfants. Car il faut alors transmettre quelque chose qui nous survive, un héritage. En général, c’est une maison. Que les enfants revendent la plupart du temps car cela ne correspond pas à leur vie du moment.
Peu vivent selon leurs convictions, quel qu’elles soient. Ils passent souvent pour des marginaux fanatiques ou des olibrius qui n’ont pas la lumière à tous les étages. Publiquement moqués mais secrètement enviés. C’est extrêmement dur de faire des choix de vie radicaux pour aider une cause plus grande que nous, en espérant que notre exemple fasse des émules.
L’être humain cherche le bonheur au travers du confort et vice-versa. Ses valeurs sont celles qu’on lui a transmises, ou pas, et qu’il transmettra à son tour, ou pas : faire des études, trouver un boulot, se marier, avoir des enfants, acheter une maison, attendre la retraite et mourir avec le contentement d’avoir réussi sa vie.
C’est simple, censé et légitime mais immanquablement nombriliste. Et l’on erre tous comme ça dans nos bulles individuelles sans autre but que de produire d’autres petites bulles qui a leur tour ne se poseront pas plus de questions existentielles que leurs parents.
On se soucie très peu de notre destin commun. On se contente de faire ce qu’on peut à son petit niveau. On sait bien que ce n’est qu’une gouttelette dans l’océan mais on s’endort le soir en se disant que 7,8 milliards de gouttelettes vont bien finir par faire un océan.
Moi, ma conscience aigüe de la cause écologique mondiale n’a d’équivalent que ma lâcheté à ne pas faire plus que la plupart des gens. Je trie méticuleusement mes déchets, je n’achète plus ou très rarement de bouteilles plastiques, auquel cas je les écrase bien dans le sens de la hauteur, je ne jette même pas un mégot par terre et je fais les gros yeux à ceux qui jettent leur merde devant moi.
A la maison, j’ai des multiprises à interrupteur, des ampoules basse consommation, de l’électroménager AA+, je prends deux bains par an, très peu ma voiture, plutôt le métro ou mes pieds pour me déplacer et j’envisage sérieusement de ne plus jamais prendre l’avion.
D’autre part, je bataille du mieux que je peux pour faire comprendre autour de moi qu’il ne faut pas confondre bio et écolo. Le bio, c’est préférer se faire du bien plutôt que de faire du bien à la planète. Donc, moi, le bio, je m’en tape sauf si c’est local, français au moins. Les pommes bio du Chili, non merci.
Je lis attentivement les étiquettes. Mes bêtes noires étant l’huile de palme et le soja brésilien qui génèrent la déforestation forcenée, j’ai arrêté les Curly sans aucun regret. Et les M&M’s. Et les Häagen Dazs. De toute façon, je suis au régime.
Cela fait très longtemps aussi que je ne consomme que des produits de saison : les fraises en décembre, quelle honte ! Pas de viande, pas de poisson à cause de mes allergies mais si je pouvais en remanger, j’irais certainement à la ferme et à la pêche.
Bref, je me force à espérer que les choses changent à grande échelle et que les pouvoirs publics vont enfin faire de l’écologie leur priorité absolue sans plus aucune compromission que ce soit. Mais c’est pas gagné.
Quand on voit le ridicule de notre parc éolien et solaire, par exemple : c’est chouette, l’énergie propre mais pas dans mon champ, s’il vous plaît… Bah réquisitionnez et pis c’est tout. Et mettez le paquet, enfin, pour le développement des autres alternatives au carboné et pétrolifère. L’économie est moribonde ? C’est le moment ou jamais d’en créer une nouvelle.
Quand on voit les limitations de vitesse pour cause de pollution de l’air respectées par à peu près 10% des automobilistes, on se demande pourquoi vous perdez votre temps en incitations molles du string alors que vous savez très bien que seules la répression et l’atteinte au portefeuille pourront faire changer les mentalités. Là aussi, vous devriez taper du poing sur la table.
Ou mettre un mouchard dans tous les véhicules qui bornerait aux panneaux de limitations de vitesse connectés : à chaque dépassement, ça déclencherait l’envoi automatique d’un PV au propriétaire du véhicule. Ce mouchard serait imposé par les assurances, un peu comme les détecteurs de fumées dans les habitations.
Moi la première, j’ai eu du mal à me faire une raison mais si j’avais pris une prune à chacun de mes excès de vitesse, ça m’aurait calmée de suite. En fait, j’ai fini par me dire que je ne pouvais pas tenir un discours écologique et faire le contraire quand ça m’arrangeait. J’ai décidé alors de me ranger et de respecter les limitations, celles à cause de la pollution, du moins. Donc dernièrement, c’était 110 sur autoroute tout du long et un seul petit appel de phares derrière un lambinard sur la voie de gauche. J’étais fière de moi.
Cette idée de mouchard m’a faite repenser à Sean, ingénieur de son métier, auquel je soumettais souvent des idées saugrenues pour sa caution scientifique et technique. Combien de fois l’ai-je harcelé de questions du genre « … Et pourquoi on ne parvient toujours pas à maîtriser la fission nucléaire qui pourrait enfin générer une énergie propre à profusion? Et pourquoi on ne peut pas stocker l’électricité ? Et pourquoi on ne reconstruit pas d’aqueducs pour acheminer le trop plein d’eau des régions du nord vers le sud ? Et où en est-on de la téléportation ? … »
Le pauvre ! Je suis sûre qu’il se souvient encore de mon idée de valise autoportante à localisation GPS et de potager suspendu dans l’air en pleine ville ! A coup sûr, mon idée de mouchard anti-vitesse aurait donné lieu à une discussion des plus prolixes !
Ce combat pour le climat n’est gagné nulle part. Et certainement pas aux Etats-Unis. Quand on voit des aberrations comme Las Vegas, cette débauche scandaleuse d’eau et de lumières en plein milieu du désert et d’une façon générale, leur j’m’en-foustisme en matière d’écologie, j’ai beau les aimer de tout mon cœur, je les désapprouve dans les grandes largeurs.
Ils m’ont plus d’une fois choquée, à la Nouvelle-Orleans, notamment : avec 40° degrés ambiants et 80% de taux d’humidité, même la nuit, tous les bars et restaurants de la fameuse Bourbon Street sont climatisés mais les portes grandes ouvertes, donc les compresseurs tournent à plein régime. Quand on sait que les fluides frigorigènes polluent plus que le dioxyde de carbone, on imagine sans mal qu’une seule nuit de la Nouvelle-Orleans peut aisément faire un trou dans la couche d’ozone à elle toute seule.
Et lors de mon séjour de pêche à la mouche dans le Montana, j’avais discuté avec le guide qui se disait ultra-respectueux de la nature. La preuve, on pratiquait ici une pêche dite de no-kill, c’est-à-dire que l’on rejetait le poisson une fois pêché avec des hameçons sans ardillon… Je me suis dit : « Waouh ça, c’est de l’écologie ! Sont super contents à Greenpeace ! »
Bref, il était tout fier de me démontrer l’exemplarité de sa conscience bienveillante de l’environnement mais quand je lui ai demandé quelle était la plus grande source d’énergie aux Etats-Unis, il s’est rembruni et a marmonné un truc du genre « On a plein de charbon, chez nous ».
Je lui ai fait remarquer que c’était un peu polluant quand même et en pleine contradiction avec la préservation de l’environnement chère à son cœur. Il a alors conclu avec un « On aime notre électricité pas chère, j’imagine. » et je n’ai pas insisté. Je l’avais certainement vexé et ça me disait moyen qu’en représailles, il me jette dans la rivière ficelée dans du fil de pêche pour mérou…
Et puis, l’ultra consumérisme m’a toujours hérissé le poil. A cause des fringues et des babioles en tout genre qui arrivent de Chine avec une facture carbone aberrante pour de telles futilités, à cause de l’obésité d’internet et de ses data center qui consomment de l’énergie en quantités astronomiques, à cause de l’état qui ferme les yeux sur l’obsolescence programmée par les constructeurs d’équipements, nous forçant à racheter une machine à laver ou un ordi tous les treize mois, une fois que l’on n’est plus sous garantie…
A cause aussi et surtout du recyclage qui, le moins que l’on puisse dire, est loin d’être au point. C’est même terriblement inefficace, servant juste de caution morale aux industriels. Bah oui, ce n’est pas rentable donc à quoi bon se donner les moyens ?
On ne sait/veut pas recycler les minerais des composants électroniques des smartphones et consorts – rien que leur extraction du sous-sol africain génère une pollution monstrueuse et je ne parlerai pas de l’esclavagisme des populations locales qui n’ont pas le choix si elles veulent survivre – alors on préfère les enterrer. Comme ça, on les oublie.
Sans compter les déchets nucléaires. L’Allemagne est championne de l’agriculture bio. Mais sur des sols pollués par des tonnes de déchets toxiques, les nôtres, notamment… Merci Areva ! Quel non-sens !
Dernière infamie qui m’a faite sortir de mes gonds dernièrement : les immenses décharges à ciel ouvert en Asie ! En effet, les sociétés spécialisées ont trouvé plus rentable d’envoyer nos déchets plastiques à l’autre bout du monde plutôt que de les recycler sur place. Sont spécialisées dans quoi, au juste ? Du coup, retour à l’envoyeur. Bien fait. J’espère que maintenant, on va revoir sérieusement notre politique en matière de recyclage et les réduire, peut-être, en mettant en place une consigne, comme pour le verre ?
Mais tant qu’il n’y aura pas de réelles volontés de changement en profondeur, juste des mesurettes à deux balles pour nous donner l’illusion qu’on s’en soucie, rien n’avancera concrètement. Aujourd’hui, rien n’incite le plus grand nombre à consommer éco-responsable et bio-équitable car il faut bien le dire : le bio-éco-équitable, c’est cher. Même si cela tend à se démocratiser, seule la catégorie sociale privilégiée dite +++ peut se le permettre tous les jours.
J’ai bien essayé avec le restaurant : circuits courts d’approvisionnement, bio, artisanal et tout le toutim mais j’ai vite déchanté devant l’absence de rentabilité de ce modèle économique. A moins d’augmenter nos tarifs au point de faire fuir les trois quarts de notre clientèle qui pourtant avait les moyens, comme on dit. J’avoue que c’était très utopique de ma part.
Bref. Pour résumer, on est écolo sauf s’il faut se passer de clim lorsqu’il fait 40°, on combat le Covid sauf si cela remet en cause nos vacances à la Baule, on mange bio sauf si c’est trop cher, on attend tout de l’Etat, qu’il nous donne la becquée et qu’il nous torche les fesses, sauf s’il s’adresse à nous comme à des demeurés.
Toutes ces contradictions, que je rêve exogènes, ont trouvé leur point d’orgue récemment lorsque j’ai entendu cette ritournelle, tellement usuelle qu’elle en est devenue un lieu commun :
« Si je gagne au loto, j’arrête de bosser, je place tout et je vis des intérêts. Avec dix-mille euros par mois à vie, c’est chouette. »
C’est un sacré rendement, dis donc ! Tu sais que tu vas placer ton argent dans des sociétés à hauts risques et leur mettre la pression pour exiger une rentabilité qui cartonne ? Les fameux dividendes des actionnaires, ceux qui doivent être versés même si le chiffre d’affaires est bof… Bah c’est possible avec la seule variable d’ajustement qui soit : la masse salariale. Donc, on restructure, on licencie, ça allège les charges et on peut dégager du profit.
Toi, tu touches ton argent mais cela a peut-être mis sur le carreau dix, voire vingt salariés. Tout ce que tu dénonces à longueur d’année quand on annonce un nouveau plan social. Tu deviens tout ce que tu détestes et tu fais aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Alors, ils sont où, tes idéaux à la Mélenchon, quand tu gagnes au loto, hein ?
« J’ai assez donné, à mon tour d’en profiter »
Et alors ? On oublie ses principes et on ne pense qu’à soi ? L’intégrité ne rime qu’avec pauvreté ? A la limite, je préfère ceux qui claquent tout, façon cigale dispendieuse et inconsciente. Car l’argent rend fou mais c’est mieux que de baisser son froc et de vendre son âme au diable.
Je dis ça, je ne sais pas, moi, ce que je ferais si je gagnais des millions d’un coup. Je me suis bien posé la question et à part « Je tombe dans les pommes », je ne sais vraiment pas quoi répondre. Je ferais probablement comme ceux auxquels je viens de tailler un costard.
Peut-être si, l’envie de faire enfin quelque chose qui compte comme d’acheter une île déserte – si tant est qu’il en existe encore sur cette terre – et d’y fonder une société nouvelle qui s’auto-suffit, une arche de Noë paisible et harmonieuse, un havre de paix apolitique et athéiste. Ah merde, ça s’appelle une secte.
Non, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que le monde actuel m’insupporte chaque jour d’avantage. Et je ne dis pas ça parce que je souffre de dépression chronique. C’est justement ce qui me fait sortir de ma léthargie, en ce moment. La mutinerie comme thérapie contre la dépression.
J’étais tellement en rogne, d’ailleurs, qu’en début de semaine, je me suis secoué les puces comme jamais. Je me suis regardée dans le miroir et j’ai trouvé assez satisfaisant les premiers résultats de mon régime sans chips. J’ai alors ressenti une niaque que j’avais oubliée depuis longtemps et j’ai pu pondre une belle lettre de motivation à joindre à mon CV.
C’était en effet ce qui manquait. Jusqu’à lors, quand on me demandait mes motivations, la seule chose qui me venait à l’esprit, c’était « Payer mon loyer ». Bref, je suis un employeur, je m’auto-claque en lisant cela. Non là, j’ai eu l’inspiration. Une chouette lettre à la Yang, sincère et positive. Et convaincante, j’espère bien.
18.00. Il fait 30° à mon thermomètre-gekko dans l’entrée. Mes volets et fenêtres sont fermés, les ventilos à fond et j’entame ma quatrième carafe d’eau filtrée de la journée. Lorsque j’entrouvre la fenêtre pour fumer une cigarette, c’est comme si j’ouvrais la porte du four en fonction grill. Du coup, je fume moins.
Il m’en faut beaucoup, pourtant, pour que je passe en mode canicule. Il y a encore trois jours, j’avais ma couette et mon pyjama. Mais aujourd’hui, je reconnais que c’est difficilement tenable. Hier, j’ai pris la route par 40° pour aller voir Maman à l’EHPAD. Ma voiture est climatisée mais le peu que j’ai eu à marcher à l’extérieur m’a littéralement suffoquée. Je crois même que j’ai attrapé un coup de chaleur avec vertiges et nausées.
Bref. Tout ça pour qu’on me dise une fois arrivée à l’EHPAD que je ne pouvais pas la voir car elle venait juste d’être transportée aux urgences ! Dans la nuit, elle a déclaré une forte fièvre et s’est mise à tousser. Gros tintouin avec l’infirmier de garde, le médecin traitant fraîchement appointé par nos soins mais en vacances, d’où les urgences d’Auxerre.
Je ne comprends pas : c’était justement pour éviter cela qu’il y avait une prescription d’hospitalisation à domicile, aucun médecin ne s’est déplacé depuis une semaine alors que c’était un cas à monitorer de très près ?
Ils soupçonnent une nouvelle infection et l’ont remise sous antibio. Une déshydratation aussi. Bah ça, déjà qu’elle ne boit pas en temps normal, par cette canicule, c’était couru. Ça me met un peu en colère, tout ça.
J’ai passé les consignes à mon frère par téléphone, il est rentré de vacances cet après-midi et il sera sur place demain pour sonner les cloches si besoin. Il faut rapatrier Maman à l’EHPAD et mettre en place cette fichue HAD car il n’est pas question qu’elle crève à l’hôpital sans qu’on puisse la voir.
Pourtant, elle allait bien, cette semaine. J’ai réussi à l’avoir sur son portable presqu’à chaque fois. Elle avait l’air de s’acclimater. Elle me disait qu’on l’aidait beaucoup plus qu’à l’hôpital pour faire sa toilette, que la bouffe était mangeable et qu’elle dormait bien dans son lit. Elle n’avait qu’une hâte, c’était de sortir pour voir la campagne aux environs.
J’étais contente, je me suis même surprise à espérer. Et à tirer des plans sur la comète, comme de lui organiser un petit pique-nique goûter dans le jardin après une jolie balade en fauteuil roulant.
Et hier, patatras, tout s’est écroulé et le spectre de sa mort imminente est revenu rôder dans mes pensées. Moi qui avais repris un semblant de goût à la vie cette semaine, je me suis faite bien mal aux fesses en retombant au fond de mon puits.
Un aller-retour pour rien. Une facture carbone bien inutile.
« By dint of having one foot on the accelerator and the other on the brake, it does not inspire adhesion. » – TOTALLY agree with this! It has been so upsetting!
« … And why we still cannot control nuclear fission which could finally generate a profusion of clean energy? » – They already have this but after Chernobyl, and the pushback it generated, they did not go further. The more I learn about it, the more I think it’s because people are just too stupid to handle things that can help us.
très bien et très facile à faire le « mouchard anti-vitesse » 🙂
Son acceptation sociale par contre…
Après l’invention de la ceinture de sécurité, ça a pris des années dans certains pays, dont la France , pour faire accepter de la rendre obligatoire…
C’est bien ça, le problème, on ne se donne pas les moyens de notre politique, il ne faut pas froisser, ménager le chou et la chèvre, ne pas mordre la main qui nourrit, avoir le cul entre deux chaises, c’est d’une hypocrisie !