JOURNAL   Saison 11

LA BEQUILLE

« Va donc, hé chauffard ! Tu vois pas que j’ai une béquille ?!?! » que je vocifère au gros 4X4 Merco qui manque de m’écrabouiller sur le passage piétons.

Aucune compassion, ces bobos parisiens qui votent Hidalgo et son zéro-voiture dans Paris mais qui roulent en V8 passé le périph… De toute façon, béquille ou pas, s’il m’avait écrasée, il était en tort à 3000%.

 

Mercredi 16 juin 2021 # DECONFINEMENT JUSQU’A 23.00  J+8

Mais pas le temps de maugréer plus que ça, je claudique dare-dare au taf qui n’arrête pas depuis deux semaines. Boss n°2 m’appelle même le soir sur mon portable perso ! Je ne sais plus où donner de la tête tellement j’ai de dossiers en cours et pas de formation pour les traiter…

Les filles sont débordées et font ce qu’elles peuvent pour me former entre deux beuglements de Boss n°2 « TOUT LE MONDE DANS MON BUREAU, URGENCE TOP PRIORITAIRE !!! » mais la Bichette-Andrea, remontée comme un coucou suisse, ne veut rien savoir. Elle me fait penser à un pitbull idiot (pléonasme). Mais bon, j’ai assez de self-control mais surtout plein d’Euphytose dans le baigneur pour ne pas l’envoyer paître à force épithètes grossiers à la Capitaine Haddock.

Bref, plus le temps de quoique ce soit de perso, comme d’écrire ce blog. Le soir et les week-ends, ce n’est pas mieux, question temps libre. Depuis que Bradley est à demeure, en fait. Pas de son fait et je ne lui veux pas mais mes petits temps de bullage rien qu’à moi me manquent un peu.

Là, c’est ma pause-déj que je ne passe pas pour une fois à traiter les urgences que je n’ai pas pu traiter le matin à cause des urgences de la veille… Allez, je tente le style télégraphique, au cas où.

*** BREAKING NEWS *** Port du masque en extérieur : fini demain/Couvre-feu : fini dimanche… Juste au moment où j’ai décidé de me faire vacciner. Mais vu que j’ai des allergies sévères à plein de trucs, faut que j’aille en centre de vaccination à Perpète-lès-Oies au planning surchargé, donc c’est pas pour demain.

Déménagement de Bradley le 5 juin : check. Petit foot avec l’un de ses fils en attendant les bras pour décharger le camion avec grand écart facial pour arrêter le ballon qui m’a déchiré le nerf inguinal, le crural et les ligaments du même nom. D’où la béquille gentiment prêtée par Nénette. Vive l’ibuprofène.

Maison aux pommes : check. C’est un petit Eden d’arbres fruitiers, de prairies mellifères et de potagers conservatoires. Paradisiaque. J’aurai énormément de plaisir à y venir de temps à autres. Mais ce n’est pas chez moi. Et je ne pense pas que cela le soit un jour. Je suis bien où je suis comme je suis.

Dodge Colorado de Bradley en vrac : check. Et donc taxage de ma Clio en attendant les réparations. Je n’en ai pas besoin donc je m’en fous. Mais Môssieur bougonne lorsque je lui dis que j’en ai juste besoin pour aller signer la succession de Maman samedi, quel toupet ! Bah oui, ça l’oblige à louer une bagnole pour aller lui et ses enfants voir son père, budget pas prévu blablabla… Excuse-moi d’avoir besoin des sous de Maman vu la tronche de mon compte bancaire après un an au RSA.

Job d’appoint pour mettre du beurre dans les épinards : check. Connor, le pote de Bradley, a besoin d’une assistante commerciale à mi-temps mais non-déclarée pour ne pas payer de charges et non-rémunérée en cash car il n’en a pas. Moi, je refuse tout net d’ouvrir mon auto-entreprise, rien que de penser à l’immat au RCS, j’en ai la nausée, en bonne traumatisée de l’entreprenariat que je suis. Eventuellement, j’accepte d’être payée en Cesu mais partiellement parce que mes impôts… Bref, le casse-tête.

J’ai donc sans vergogne filé le bébé au spécialiste des montages juridico-administratifs scabreux aka Bradley. Qui, semble-t-il, va devenir mon ‘employeur’… Un nouveau lien qui me rattache à lui. Du coup, je ne sais pas si cela me convient ou pas. Certes, j’ai grand besoin de cette tune en plus par mois, une somme pas négligeable, notamment pour mettre de côté en vue de rembourser ma dette perso sans que la banque ne le sache, mais cela vaut-il ce lien de subordination avec quelqu’un avec lequel je ne suis pas sûre encore de m’engager ?…

Attitude/humeur de Bradley depuis le 6 juin changeante comme le ciel en Normandie avec une tendance maussade voire orageuse les sept premiers jours : check. Me sauter à la gorge à la moindre occasion n’est vraiment pas la bonne méthode pour obtenir mes faveurs. Comme on dit : on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Je ne sais pas trop ce qu’il cherche à provoquer, en fait.

Bref, cela m’a franchement soûlée, au point de lui dire d’aller se faire cuire un œuf. J’en ai parlé à BFF Yang qui, dans sa sagesse extrême digne de Master Yoda, m’a dit d’attendre de voir en septembre lorsque le nouveau rythme de notre histoire démarrera.

Yep c’est vrai, je peux endurer jusqu’à début juillet, ensuite il part trois semaines sous les drapeaux et après c’est les vacances. Quel jugement plein de bon sens, ce BFF, et pas un pète d’impétuosité aux conséquences éventuellement désastreuses ! Une vocation de JAF peut-être…

Et comme par miracle, le soir même, Bradley est redevenu un ange. Comme s’il avait senti ma mutinerie éclater. Et je dois dire que depuis, c’est idyllique. Je profite donc sans demander mon reste.

Come-back de Walter : check. Je lui ai dit « All in or all out ». Nénette m’a demandé ce que je ferais si demain il était en bas de chez moi avec ses valises… Je n’en sais rien en fait, je verrais sur place (d’où le quitte ou double) car je ne fonctionne plus dans l’expectative, j’avise sur le moment. Sachant qu’il y a une chance sur un million qu’il tente le tout pour le tout, je ne prends pas beaucoup de risques.

Cela ne m’empêche pas d’y penser : check. J’imagine la scène : Walter en bas de chez moi, Bradley dans le salon et moi pantoise le portable dans les mains… J’essaye surtout de savoir ce que je ferais : dire à Walter que c’est trop tard ou dire à Bradley que je ne l’aime pas assez pour continuer avec lui (comme son ex lui a dit en rompant – un schéma réitératif sur lequel il devrait peut-être s’interroger) ?…

Bref, chépa et honnêtement, j’m’en fous. Autruche time.

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