Saison 4

Râpé des carottes ou bien?

« Peut-être n’avez-vous pas eu de retour de votre Service Prêt? Je souhaiterais juste avoir un premier retour sur la faisabilité de mon projet, savoir s’il n’y a aucun espoir, si je dois retravailler le dossier… »

Bref, savoir si c’est râpé des carottes ou pas.

 

Samedi 16 septembre 2023

Qu’est-ce que j’aime pas les banquiers ! Moins je les vois, mieux je me porte. Et d’avoir sa vie entre parenthèses, suspendue à la décision de ronds-de-cuir procéduriers, mais quelle horreur ! J’ai tout fait ces dernières années pour m’en affranchir, j’étais libre, sans contraintes ni astreintes, sans pression de nulle part… Autant dire que là, je ne suis pas à la fête.

Il a fini par me rappeler hier. Outre les devis travaux estimés à la hausse, le frein majeur est le fait que je sois en intérim. Clairement, ça va se corser, cette histoire… Car je n’aurai pas de visibilité sur la suite de ma vie professionnelle avant octobre-novembre. Et vu la mine chagrine de Big Boss lorsque je lui en ai parlé mardi, je commence à me dire que ça sent vraiment le roussi :

  • A l’heure actuelle, je ne peux rien te promettre, malheureusement.
  • Sais-tu si au moins je serai prolongée en intérim au-delà du 31 décembre ?
  • Hélas non, même ça, je n’en sais rien.

Bref, ça pue. Ma boîte ne va très bien, certes – enfin, la division à laquelle j’appartiens – mais se prépare-t-il un dumping comme ce fût le cas en juin dernier avec une autre de leurs filiales fraîchement rachetées ?… Ou une période de vaches maigres avec des coupes franches dans les effectifs ?

J’ai envie de dire peu m’importe. Egoïstement, je ne peux pas continuer dans cette incertitude, surtout avec un banquier quasi-intraitable aux fesses. Donc, j’ai activé mes contacts et je consacre ce week-end à la mise à jour de mon CV. Ma responsable d’intérim :

  • Ah bon ? Et si je vous trouve un CDI à Marseille, vous êtes prête à faire le grand saut ?
  • Du moment qu’il y ait un peu de télétravail et qu’on me paye mes frais de déplacement.

Je me bats pour ma retraite. A ma façon. Il me reste quoi, 15-20 ans à bosser, et j’aurai nada à ma retraite, et très certainement plus les moyens d’un loyer à 1.300 balles. Donc, rembourser un crédit sur ce qu’il me reste à travailler pour une petite maison, un potager et trois poules pour les œufs, c’est mon assurance d’une retraite pénarde sans autre problème que celui des doryphores dans mes patates.

Dire que je serai déçue si cela ne se fait pas, est en deça de la vérité. Je serai, je pense, dévastée. Car outre mon plan de vie qui serait tué dans l’œuf, je suis déjà très attachée à ce projet dont les contours hantent mes pensées non-stop…

Un jardin à l’anglaise avec des rosiers grimpants, des pas japonais, un petit bassin rempli de nénuphars et de grenouilles, un potager étagé, du jasmin, des clématites et du chèvrefeuille sur la clôture, des agapanthes et des bougainvilliers en pots le long de la façade sud, une verrière, un hamac entre les oliviers, une balancelle sur la terrasse, un rocking-chair devant la cheminée…

Je vais me battre comme une lionne. Il le faut.

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