BICHETTE 2.0   Saison 6

« LA CUCARACHA tralalalalalala »

« Madame Bichette, vous devriez faire attention à ne pas vous faire choper à fumer, le patron ne supporte pas ça… Mais je suis en pause ?! Même ! D’ailleurs, il n’y a pas vraiment de pause ici… »

Merdum. C’est ça que de travailler dans une entreprise familiale au management patriarcal, limite dictatorial. J’avais pourtant juré ne plus jamais retourner dans ce genre d’entreprise, après cette expérience il y a 3-4 ans où cette folledingue de Shannon chronométrait nos pauses-pipi et comptait nos photocopies… Mais bon, d’une je n’avais pas trop le choix, et de deux, c’est bien le seul truc embêtant dans cette entreprise que j’ai rejointe bah mercredi dernier.

Lundi 21 avril 2025

Neuf mois que je n’ai pas écrit dans ce blog. Neuf mois de sécheresse spirituelle. Neuf mois pourtant riches d’évènements en tout genre, mais neuf mois enfermée dans ma grotte mentale. Et tel l’ours qui sort de sa torpeur hivernal lorsqu’aux beaux jours, les abeilles viennent lui taquiner la truffe, j’émerge moi aussi.

J’ai enfin retrouvé un boulot, après 14 mois de chômedu. Et pas n’importe quel boulot : un boulot parfaitement dans mes cordes, très intéressant intellectuellement, et au salaire topissime pour la région. Et ça, ça fait un bien fou. J’ai bien dansé la gigue lorsque j’ai su que j’avais le job. La cucaracha, la cucaracha… tralalalalalala…

Et fière comme Artaban de l’avoir décroché toute seule comme une grande, sans piston aucun. En début d’année, j’ai postulé à une annonce pour une Secrétaire de Direction dans une grosse boîte industrielle du coin (un poste qui rassemblait la majorité de mes compétences).

J’ai relancé, ils m’ont appelée car justement j’avais relancé (pour une fois), j’ai passé un premier entretien, puis, après quelques mois de tergiversations, à l’issue desquelles, il faut bien le dire, je pensais vraiment que c’était mort, ils m’ont rappelée.

Je m’attendais à ce que l’on rediscute du poste et de ma motivation, et que cela était reparti pour 3 mois d’allers-retours de mails laconiques. En fait, ils avaient depuis janvier repensé le poste. En gros, fini le secrétariat de direction :
• Alors, nous recherchons aujourd’hui quelqu’un qui pourrait intervenir sur des dossiers business stratégiques et gérer l’administratif de tout le Groupe ainsi que de la SCI, avec un focus sur le support aux appels d’offre, la gestion du contentieux, des assurances sur toutes les filiales et, à terme, le RH. Cela vous intéresse-t-il ?
– Oui, beaucoup. (gloups)
– Vous pouvez commencer quand ?
– J’aimerais terminer ma formation et passer mon examen, on va dire dans 10 jours ?
– Parfait. Aux 35 heures ?
– Euh, plutôt 39… ça dépend, quel statut ?
– Vous voulez lequel ?
– Bah Cadre.
– OK. 40K ?
– Avec joie !

Je suis ressortie de là comme dans du coton, j’avais peine à y croire. Puis, YIPEE-KI-YAY s’est imposé dans mon poitrine, sur mes lèvres, et j’ai dansé La Cucaracha dans ma voiture sur le chemin du retour. WAOW.

Le boulot quasiment de mes rêves (je sais, c’est pas le poste de Présidente du Monde ou d’Astronaute en partance pour Pandora, mais bon) à 20 minutes en voiture de chez moi au travers d’une magnifique forêt (ça me change des rats sur les rails dégueu du métro parisien), le salaire et le statut que je voulais, en CDI of course, et pompon sur la cerise : j’ai un bureau pour moi toute seule ! Bon, c’est un grand placard sans fenêtre et donc sans lumière du jour à côté de la compta, mais ça me va. Et c’est provisoire car ils envisagent des travaux pour me faire un beau bureau vitré près de la Direction…

Bref, que du bonheur. A part les pauses-clopes. Mais bon, rien n’est jamais parfait, n’est-ce pas ?

Et cela arrive au bon moment. Je vais enfin pouvoir reprendre le cours de ma vie, qui était sur pause, tendance glissade vers le fond depuis de longs mois… Oui, ces derniers temps, je désespérais grave, en voyant approcher la fin de mes indemnités-chômage.

Financièrement, une bérézina apocalyptique, moralement, une détresse sans fond. L’amer constat de n’être vouée qu’au rebus, avec comme seule perspective d’aller faire mes quinze heures obligatoires à curer des chiottes publiques pour toucher le RSA.

Au final, je ne suis pas si nulle et obsolète que ça, et je vais pouvoir m’en sortir, et bien, en plus. C’est ce que j’ai expliqué à la banquière. Je rapatrie mon compte ici et ils rachètent mes crédits aux mensualités assassines de budget riquiqui. Bah oui, crédits à la conso pour ce damné déménagement, les impôts qui me sont tombés sur le poil en septembre avec plus de 3000 balles à régler en 3 mois (merci Yang d’amour qui m’a prêté la somme), les factures d’électricité astronomiques, et j’en passe et des meilleures…

Bref, le but est d’alléger ma tréso mensuelle, de rembourser mes dettes, et de commencer à mettre de côté, notamment sur un Plan Obsèques (je sais, c’est prématuré mais bon), le tout dans l’optique ultime d’acheter ma petite maison dans le coin, car ce projet est toujours inscrit en moi.
Même si l’idée de re-déménager me fatigue d’avance. Bon, on n’est pas là, encore.

Allez, petite rétrospective sur ces neuf derniers mois. Pas sur tout, toutefois, car l’une des raisons qui m’ont faite arrêter d’écrire, c’est l’omerta à laquelle j’ai dû me soumettre… En effet, certaines personnes auraient pu s’offenser de mes propos à leur égard, ces mêmes propos auraient pu être déformés et colportés, me poussant à me justifier…

Je me suis dit, quel est l’intérêt de ce blog si je ne peux pas y écrire comme je le pense ? Et j’en avais, des choses à écrire ! Mais bref, afin de préserver la paix dans mon petit monde, j’ai décidé de me taire.

Mon appart
300 balles par mois de facture d’électricité cet hiver. Autant dire que j’ai rué dans les brancards de l’agence qui gère désormais mon appart (nouveaux propriétaires depuis octobre). 300 balles, c’est mon reste à vivre par mois pour la bouffe, l’essence et les clopes ! Donc, je ne pourrai pas rester dans cet appart à moins de travaux d’isolation sérieux ou a minima la fourniture d’un poêle à pétrole. Ils doivent faire passer un auditeur thermique prochainement, à voir.

A part ça, je m’y plais toujours. En tout cas, je ne regrette absolument pas mon appart parisien (à part pour le chauffage). Je ne regrette pas, tout court, d’avoir déménagé ici. Même si Deliveroo me manque. Ah je rêve d’un Bánh mì veggie, d’un Dolsot Bibimbap bien relevé, d’un Gaeng Keow Wan Kai accompagné d’un Som Tam…

Dans le coin, la bouffe exotique se limite au riz cantonnais, aux nems poulet pleins de glutamate et aux sushis grossiers qui ressemblent à des obus. Ou même une vraie bonne pizza, et pas ces ersatz en carton servi dans les huttes automatiques de bord de route… Bref, je pleure ma race ici en matière de gastronomie, mais je me console en pensant à l’orgie que je me ferai lors de ma prochaine incursion à la capitale…

Mon voisin
Que je vais baptiser Franklin. Vient de rentrer de l’hôpital où il a été amené en hélicoptère suite à un infarctus il y a une semaine. Quand on sait qu’il a failli y rester après une crise de diabète carabinée en septembre dernier, on peut espérer qu’il va enfin prendre sa retraite…

A part ça, il m’a demandée trois fois en mariage, ce qui a nécessité une petite mise au point de ma part. Je l’aime bien mais je n’ai aucune attirance pour lui et j’ai encore moins l’envie de me marier.

Ma formation d’Assistante-Comptable
En novembre dernier, j’ai reçu ce mail :

« France Travail vous informe :

FORMATION FONCTIONS TRANSVERSES DE L’ENTREPRISE

se déroulera à Tataouine-Les-Bains du 09/01/2025 au 18/04/2025

Formation financée et rémunérée par la Région.

Des réunions d’informations sont prévues les 28/11/2024 et 12/12/2024

Vous êtes intéressé(e) ? Contactez votre conseiller référent France Travail. »

Comme cela changeait des formations Chaudronnerie aux seuls prérequis de savoir lire et compter, j’ai jeté un œil. Titres professionnels validés en fin de formation : Secrétaire Assistant(e), Comptable Assistant(e)… J’ai donc forwardé à Toto car cela semblait plus dans ses cordes que moi. On a alors décidé d’aller ensemble à la réunion d’informations le 12 décembre dernier.

C’était plus une session de recrutement qu’une réunion d’informations, avec tests sur ordi et entretien individuel. Les ‘recruteurs’ m’ont demandé, au vu de mon parcours, ce que je venais faire là. Bah on apprend toujours dans la vie, et c’est toujours mieux que de rester chez soi à ruminer sur son non-emploi. Cela dit, si le nombre de places était compté, je laissais la mienne sans problèmes à quelqu’un qui aurait vraiment besoin de cette formation pour se remettre en selle, comme mon petit frère par exemple…

Et le 23 décembre, tadaaaam, Toto et moi avons été sélectionnés ! Puis, le premier jour de formation, on m’a dit : « Alors, toi, on va plutôt te mettre en Compta plutôt qu’en Secrétariat où l’on pense que tu vas t’ennuyer ferme, vu tes compétences. »

Euh… j’ai pu voir un peu de compta pendant que j’avais mon entreprise et, comment dire, bah je sais pourquoi j’ai externalisé le bordel à l’époque ! C’est un branlage de mouches sans nom, une logique totalement illogique pour moi, bref, un domaine que je n’avais aucune intention d’approcher à nouveau, de près ou de loin…

Mais bon, comme je n’avais rien d’autre d’intéressant à faire dans ma vie, je l’ai pris comme un challenge et ai décidé de faire fumer mes neurones. Toto, quant à lui, était dans son élément. Il a fait un Bac Pro Compta dans sa jeunesse et en a gardé de beaux restes. Je savais que cette formation était ce dont il avait besoin, après son burn-out et sa dépression.

J’aurais beaucoup à raconter sur cette formation, mais cela serait trop long, donc je fais vite et condensé. Ainsi, si c’était à refaire, je le referai les yeux bandés. Et ce, malgré toutes les difficultés que j’ai pu rencontrer. C’était une aventure fantastique. Moralement, humainement parlant.

J’y ai beaucoup appris. Bon, pas en compta. Ce n’est décidément et définitivement pas mon truc.
« Voyons Bichette, où met-on la TVA déductible ?! » Je dirais bien quelque chose…

J’ai eu beau y faire, ça n’a pas voulu rentrer dans mon crâne. Un by-pass inexorable. Mais, et c’est en cela que je ne regrette absolument pas cette formation, cela m’a conduite à la compta analytique de gestion. J’en avais quelques notions de l’époque de mon entreprise mais là, cela a été une révélation. Clic clic clic, ont enfin fait mes neurones, et hopla, un business plan en un rien de temps, et un taux de marque, et des graph…

J’ai même pensé rempiler pour une formation d’Analyste Financier, mais ça dure 8-10 mois, avec la fin de mes indemnités-chômage dans quelques mois, je n’ai eu d’autre choix que d’abandonner l’idée. Et même si cela avait été possible, les seuls postes disponibles dans ce domaine se trouvent dans de grosses structures, en général dans les grandes villes, et je n’ai vraiment pas envie de refaire le chemin à l’envers.

Bref, la semaine dernière, on a tous passé l’examen que je pense avoir étonnamment réussi. Toto aussi. Il avait d’ailleurs la larme à l’œil en cette fin de formation. Il enchaîne comme moi sur un boulot qu’il a décroché lui en effectuant son stage en entreprise. Bon, en intérim dans un premier temps mais aucune raison pour que cela ne débouche pas sur un CDI.

Oui, je suis bien contente pour lui. Cela lui a fait tellement de bien de se sentir revalorisé !

Bradley, Walter
Zéro news du premier. Je l’ai aperçu, toutefois, il n’y a pas longtemps, à la terrasse d’un café dans la petite ville où il travaille, la même petite ville où se trouve le cimetière et Maman. Bref, il n’a pas changé d’un iota. Good for him.

Quant à Walter… Voici le mail que je lui ai envoyé début février :

« Hello,
Notre date fatidique approchant à grands pas, je voudrais revenir sur tes derniers mots, le fait que tu attendes que je vienne dans ton patelin pour commencer notre vie à deux.
Donc, c’est de ma faute ? Toute cette danse – un pas avant, deux pas en arrière – depuis ces dernières années, c’est de ma faute ? J’imagine (j’espère) que tu ne te rends pas compte à quel point c’est blessant, mais tout de même, n’as-tu aucune responsabilité dans ce fantasme de relation ? Je ne crois pas.
Ne te méprends pas, je rêve moi aussi de cette vie à deux. Mais encore faut-il, à mon sens, avoir une histoire à deux avant de faire des projets. S’appeler, se voir, faire l’amour, se construire, quoi.
Est-ce impossible pour toi de concevoir de prendre un T2 seul, de se voir les week-ends, ici chez moi les week-ends où tu n’aurais pas tes filles, les vacances ensemble, bref, la vie d’amoureux qui s’aiment, même si à distance dans un premier temps.
Car je suis bien ici. J’aime ma vie à la campagne, les bouchons et la foule parisienne sont définitivement derrière moi, aucun regret, et je suis sur le point de décrocher un job qui me plaît avec une paie décente. Je n’ai ainsi pas l’intention de bouger de sitôt.
Mais cela pourrait peut-être changer un jour… Je ne sais pas, tu m’as bien dit que tu serais à la retraite dans pas longtemps, on pourrait décider alors d’aller ensemble en Bretagne ? Ce ne sera toutefois possible que si et seulement si, auparavant, nous écrivons notre histoire ensemble.
Bref, il faut que cela avance entre nous. Malgré tout le temps perdu, notre vie est devant nous. Toi et moi devons faire les concessions nécessaires et prendre les bonnes décisions MAINTENANT. On ne s’attend plus l’un l’autre, on y va. »
Depuis, bah pas grand-chose. No comment.

Yang
Le moins que je puisse dire, c’est qu’il me manque. On essaie de s’appeler une fois par mois, ce n’est pas assez. Quelle joie lorsqu’il est venu me voir fin septembre ! Deux jours de retrouvailles à rigoler comme au bon vieux temps, à deviser jusqu’à point d’heure…

Je ne pense pas avoir cette connivence avec qui que ce soit d’autre, encore moins ici, et cela me manque cruellement. J’ai hâte de le revoir, peut-être lors d’un des Ponts de mai, avec Mimine et Abigail.

Les huîtres
Elles me tentaient trop. Alors, pour Thanksgiving, j’ai sauté le pas et m’en suis enfilé une bonne douzaine de n°1, vert-jade irisé, superbes. Un goût retrouvé qui m’a portée au ciel. Et pas à l’hosto (je m’étais assurée auparavant de la présence de Franklin, au cas où).

Et depuis, je peux enfin remanger poisson, coquillages et crustacés. Youpi. J’évite juste les crevettes, ce sont elles qui avaient provoqué mon œdème, donc je reste prudente. Mais le bienfait n’est pas uniquement gustatif. En effet, j’ai remarqué que depuis que je remange des produits de la mer, les douleurs de ma fibro sont comme atténuées… Je ne sais pas si c’est l’iode ou les protéines ou les deux, mais je sens un réel mieux dans mon corps. Vive les bigorneaux et le foie de morue !

Mes cheveux
Courts à la garçonne, et complètement blonds désormais. J’en avais marre des barrettes et des mèches bicolores. Je ressemble à un ovni.

Voilà. Punaise que ça m’emmerde de ne pas pouvoir me lâcher sur certaines personnes ! J’aime pas le lisse, l’aseptisé, le bienséant. Ça me coûte, vraiment, de me bâillonner moi-même, mais bon.

Allez, demain y a école, je me lève à 5.30 du mat donc je ne vais pas faire de vieux os. Et j’ai la poubelle à sortir.

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